FinTech, de la confrontation à la complémentarité

Publié le par Jacques SAMELA.

Le numérique s’attaque aussi au secteur bancaire.

En effet, depuis quelques années, notamment suite à la crise des subprimes aux Etats-Unis, on voit apparaitre des startups spécialisées dans les technologies financières, appelées FinTech, contraction des mots « Finance et Technologie ».

En effet, dès 2008, de nombreux banquiers ou traders, ayant quittés les grands centres financiers, ont décidés de se lancer dans des aventures entrepreneuriales, et, ont repensés le modèle de la finance en utilisant les nouvelles technologies, afin de rendre le secteur plus simple, accessible, tout en proposant des services de meilleurs qualités, et surtout, moins onéreux.

Et depuis, les FinTech se développent dans la gestion d’épargne au prêt par les particuliers, le paiement en ligne, ou le financement des entreprises.

En voici les familles principales :

La première, concerne le financement participatif ou crowdfunding (voir le dossier du 25 juillet 2014), permettant via une plateforme, le financement de projets divers par les particuliers, le prêt aux PME, appelé lui « crowdlending », ou le P2P Lending, qui lui concerne le prêt de particuliers à particuliers (voir le dossier du 21 mai 2015, consacré à la société Lending Club).

La deuxième quant à elle, concerne les applications mobiles et les plateformes permettant de gérer ses activités financières, avec comme exemple en France, le Compte-Nickel (www.compte-nickel.fr), disponible chez les buralistes.

La troisième, s’intéresse par-contre aux monnaies virtuelles, comme le système de paiement par internet bitcoin (www.bitcoin.fr).

Et enfin la dernière, qui concerne le paiement électronique via internet, sur smartphone chez des commerçants ou via les plateformes de e-commerce, dont le système le plus connu s’appelle Paypal (www.paypal.com).

Donc, très présent aux Etats-Unis, ainsi qu’en Grande-Bretagn, où ce secteur emploie déjà près de 150 000 personnes, ce phénomène récent commence à peine à dépasser la barre des 10 % en Europe, avec comme souvent, un retard pris par la France, mais en hausse aujourd’hui, avec notamment sur le 1er trimestre 2015, 56 millions d’Euros levés par des fonds de capital-risque, soit 7 % des 759 millions d’Euros investis dans des startups françaises.

Et avec 8 milliards de dollars d’investissements attendus en 2018, le marché français, ne souhaitant pas rester à la traine, a justement décidé de se fédérer au sein d’une association appelée France FinTech (www.francefintech.org), dont les missions, allant de la promotion de la FinTech française en France et à l’étranger, à la représentation du secteur auprès des pouvoirs publics, des médias, des investisseurs, des banques historiques, au partage des connaissances, de l’expérience et de l’information au sein de la nouvelle communauté, et à assurer les relations avec les autres acteurs du digital en France et à l’étranger, permettront certainement à ce secteur encore émergent de trouver sa place entre d’un côté ses principales concurrentes, les banques, et d’un autre, un public (particuliers et entreprises), à l’écoute, et en attente de prestations nouvelles, moins chères, mais surtout de transparence, avec notamment l’absence de frais cachés.

Et justement, les banques commencent à se rendre compte du danger que peuvent apporter à l’avenir l’avènement de nouveaux acteurs.

Leurs réponses aujourd’hui, le rachat. En effet, Boursorama (www.boursorama.com), filiale de banque en ligne de la société générale, qui a mis la main sur Fiduceo, ou encore le crédit mutuel Arkea, qui lui, a pris 86 % du capital de Leetchi (www.leetchi.com).

Cependant, loin de représenter la panacée pour elles, si ce n’est juste brider la créativité et le dynamisme de ces nouveaux acteurs, il serait préférable qu’ils puissent justement s’allier, car l’air de rien, ils ont plutôt besoin les uns des autres.

Les banques, pour relever le défi de la révolution numérique, les FinTech, pour le manque d’une surface financière suffisante, et ne disposant pas des agréments nécessaires à l’encaissement de fonds pour le compte de tiers.

Quoique pour l’aspect financier, en dehors du secteur bancaire, c’est bien le capital-risque (voir plus haut), en l’occurrence Truffle Capital (www.truffle.com), qui vient de poser ses jalons en inaugurant en juin 2015, à Paris, le premier incubateur FinTech de France, appelé Truffle FinTech Incubator, et dont l’objectif sera justement de répondre aux besoins financiers de ces acteurs en devenir.

Et ces acteurs, non contents de bousculer le secteur bancaire, souhaitent également dépoussiérer celui des assureurs, en leur apportant grâce à l’utilisation des nouvelles technologies, de nouveaux usages comme la dématérialisation des documents, la diminution des coûts de gestion, l’optimisation de la gestion du risque, ou l’amélioration de la relation client.

Et là, à la différence des banques, les assurances considèrent plutôt ces nouveaux acteurs, appelés « Insurtechs », comme des facilitateurs, leur permettant même de concurrencer directement le secteur bancaire sur ses marchés, ce qu’ont bien compris le groupe Axa, en allouant notamment 200 millions d’Euros dans un fonds de capital-risque pour les technologies dites de rupture, ou encore le groupe Allianz, en créant en juin également à Nice, au sein même du nouveau stade de l’OGC Nice, un incubateur pour les start-up innovantes.

Donc, c’est bien vers des alliances que doivent s’engager ces acteurs, car les Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon), maitrisant la partie data, deviendront à l’avenir les leaders du secteur bancaire. D’où la nécessité de rechercher des complémentarités plutôt que la confrontation, car avec l’apport des FinTech, les banques françaises, soit dit en passant, les plus solides d’Europe, pourront rester dans la course face à ces concurrents autrement plus dangereux.

Et ce n’est pas la FinTech de l’année, Aston i Trade (www.astonitradefinance.com) qui s’en plaindra, et ce même si son offre (plateforme en ligne collaborative de valorisation de poste clients et fournisseurs) s’adresse en priorité aux entreprises, car elle pourra peut-être s’appuyer sur un grand du secteur, voire sur le pôle de compétitivité, Finance Innovation (www.finance-innovation.org), soutenu par l’ensemble des acteurs du secteur financier français, et dont l’objectif affiché, est justement de conforter la position de la place de Paris en Europe, développant des actions de recherche et d’innovation.

Jacques Samela

Sources :

. La tribune du 20 mars 2015

. La tribune du 03 avril 2015

. La Tribune du 09 octobre 2015

. La Tribune du 13 novembre 2015

. Décideurs en région (www.décideursenrégion.fr) du 17 décembre 2015

. www.francefintech.org

. www.planet-fintech.com

. http://news.efinancialcareers.com/fr-fr/228467/les-15-personnalites-des-fintech-qui-ont-marque-lannee-2015-en-france/

. www.goodmorningcrowdfunding.com/comprendre-mais-en-fait-les-fintech-cest-quoi-0402152/

. http://blog.bolden.fr/les-fintech-definition-evolutions-ambitions/

Evènements :

. www.ft-community-finance-innovation.org

. www.parisfintechforum.com

. www.inbanque.com

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