La France, terreau fertile pour la finance verte ?

Publié le par Jacques SAMELA.

La France, terreau fertile pour la finance verte ?
La France, terreau fertile pour la finance verte ?

Après l’engouement et la réussite de la Cop21 en France en 2015, où 195 pays avaient signés l’accord historique de réduction des gaz à effet de serre (GES), que s’est-il passé depuis ?

Bien évidemment le désengagement de Donald Trump de l’accord (effectif dans deux ans), minimiser cependant par l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, envoyé spécial de l’ONU pour les villes et le changement climatique durant le World Efficiency Solutions (www.world-efficiency.com), organisé en France également au mois de décembre dernier, où il remerciait justement le locataire de la maison blanche d’avoir agît de la sorte, poussant les acteurs non étatiques que sont les banques, les compagnies d’assurances, les fonds de pension, les villes, nombreuses aux Etats-Unis, de même que certains Etats américains, l’ONU, et même la Banque mondiale à se mobiliser plus fortement, sans attendre des décisions ou des actions gouvernementales, parfois longues à se mettre en route.

Ce qui m’amène justement au sujet du jour, la France et son positionnement actuel dans cette course contre la montre, soit faire tout ce qui est en notre pouvoir (faire) pour limiter la hausse des températures à 2°, sachant qu’aujourd’hui, nous serions plutôt entre 3° et 3,5°.

Alors, même si elle tarde à s’engager plus significativement dans ce que l’on appelle le virage vert avec 32 milliards d’Euros consacrés aux investissements verts en 2016, sachant que le 05 mai elle est entrée dans ce que l’on appelle le déficit écologique, soit trois mois avant le jour dit du dépassement planétaire, l’on perçoit malgré tout une certaine accélération du verdissement de l’économie française, avec notamment un domaine où la France est l’un des leaders (et oui encore), soit ce que l’on appelle familièrement la finance verte, avec en point de mire, les « green bonds » ou obligations vertes, qui si vous ne le savez pas, sont des emprunts obligataires (non bancaires), émis sur les marchés financiers pour financer des projets contribuant à la transition écologique, engageant les émetteurs à préciser l’usage des fonds récoltés, avec obligation de publier chaque année un rapport rendant compte aux investisseurs de la vie de ces projets, et de leur impact favorable sur l’environnement.

Alors, même si elle n’est pas la première à avoir émis un green bond, c’est la Banque européenne d’investissement (BEI) qui l’a fait en 2007, sous le nom de « Climate Awareness Bond », et même si la Pologne l’a devancée en tant qu’état à émettre un emprunt, elle est malgré tout largement devant tout le monde en Europe, et deuxième émetteur dans le monde, derrière la Chine, mais devant les Etats-Unis.

Elle est aussi la première à avoir imposé aux investisseurs institutionnels l’obligation d’intégrer le risque climat et les dimensions environnementales et sociales dans leur communication publique. L’on parle là du fameux article 173 de la loi de Transition énergétique et écologique de 2015.

Et aujourd’hui, ce sont donc près de 900 investisseurs qui sont tenus d’indiquer la part des investissements « verts » dans leur portefeuille, en précisant leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique.

Et quand en janvier 2017, elle émet un « green bond » souverain de 7 milliards d’Euros, c’est tout bonnement le plus grand jamais réalisé à ce jour.

Et ce n’est pas près de finir (heureusement), car avec un marché des « green bonds » en forte croissance depuis 2013, avec près de 275 milliards de dollars d’obligations vertes, dont plus de 100 milliards en 2017, et une progression de 30 % attendue cette année, il est fort à parier que la place de la France, qui représente déjà 21 % du stock mondial des « green bonds », n’est pas près de fondre comme neige au soleil, car au-delà de l’action gouvernementale, il faut savoir qu’environ ¼ des émetteurs de « green bonds » sont des entreprises, avec comme leader incontesté le groupe Engie, considéré comme le numéro un mondial en termes d’encours de « green bonds » avec plus de 5,25 milliards d’Euros, mais aussi des banques, avec également un français comme leader mondial, en l’occurrence le Crédit Agricole, avec plus de 60 opérations en 2017 d’un montant total de 7,9 milliards de dollars (selon le classement de Dealogic (www.dealogic.com), suivi à la 3ème place par un autre français, le groupe BNP Paribas, avec 39 opérations, sans omettre que 27 % des titres en question, sont achetés par des investisseurs hexagonaux.

Cependant, pour accompagner cette croissance, certains acteurs estiment nécessaire d’encadrer cette nouvelle pratique, afin d’éviter ce que l’on appelle désormais le « green washing » ou éco-blanchiment, consistant à se déclarer comme respectueux de l’environnement ou du climat, avec au final un résultat en dehors de la définition même du « green bond », comme par exemple ce groupe électricien chinois, qui récemment émit une obligation verte de 150 millions de dollars, mais pour financer une centrale à charbon.

Donc l’idée, serait de renforcer les contrôles, avec notamment la mise en place d’un label, ou, à l’échelle européenne, l’établissement d’un standard spécifique censé justement réguler un marché représentant aujourd’hui seulement 1 % du secteur des obligations, mais vous l’avez désormais compris, amené à se développer fortement dans le monde entier.

Donc, l’avenir s’inscrit en vert, et la France en est bien son leader aujourd’hui, avec, ne nous le cachons pas, l’objectif de faire que la place de Paris en devienne la capitale mondiale de la finance verte et durable.

Jacques Samela

 

Sources :

. La Tribune du 20/10/17, 08/12/17, 10/12/17, 07/05/18

. 20 Minutes du 04/05/18

 

A lire :

. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/qu-est-ce-qu-un-green-bond-760714.html

. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/la-france-pionnere-et-moteur-de-la-finance-verte-761038.html

. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/la-pologne-premier-etat-a-emettre-un-second-green-bond-767099.html

. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/qui-sera-la-place-financiere-la-plus-verte-761564.html

. https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/le-green-bond-en-vert-et-contre-tout-777812.html#xtor=EPR-2-[l-actu-du-jour]-20180508

 

A revoir :

. Dossier du 22/12/15 : Ma Cop21, et 1 et 2 et 3

Vus et lus dans Les Echos du 07, 11/12/17, et Le Monde du 07/12/17
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