SeaBubbles, au-delà des océans
Jules Verne (1828-1905) l’a certainement rêvé, SeaBubbles (www.seabubbles.fr) est en train de le réaliser, enfin surtout son concepteur, le navigateur Alain Thébault, épaulé en cela par le suédois Anders Bringdal, windsurfeur émérite, et reconnu comme le premier à avoir parcouru 500 m à plus de 50 nœuds (92,60 km/h), ainsi que par Philippe Perrier du groupe Dassault, l’un des concepteurs du Rafale.
Quant à Alain Thébault, il est surtout connu pour avoir conquis les océans en battant plusieurs records du monde de vitesse au commande de son hydroptère, élaboré conjointement avec le célèbre navigateur Eric Tabarly (1931-1998), dont le principe rejoint celui de l’hydroglisseur, qui, pour ceux qui ne le savent pas, comme moi, mais maintenant oui, quand une certaine vitesse est atteinte, la portance* engendrée par ces ailes immergées soulève le bateau, d’où son appellation de voilier volant, la coque ne touchant pas l’eau, permettant également à d’autres compétiteurs d’arriver en tête de courses prestigieuses comme le Vendée Globe.
Partant donc d’une ambition, qui est celle de désengorger les grandes métropoles avec un fleuve, est donc né dans la tête de cet homme, dont l’eau, avant de l’apprivoiser, lui donnait quelques frayeurs, l’élaboration de taxis volants au-dessus de l’eau.
Alors comme vous le verrez sur les documents ci-dessous, l’engin en question comporte 4 places, un compromis pour certains entre une Fiat 500 et un petit bateau, à vous de vous faire votre idée, il est propulsé par un moteur et des batteries électriques, qui sont-elles alimentées par des panneaux solaires, idée reprise par le concepteur, quand se trouvant à Hawaii en 2015, il croisa l’avion solaire piloté par Bertrand Piccard, Solar Impulse.
A l’origine pourvu de 4 foils**, on revient là au principe de l’hydroptère, il n’en n’intègre plus que 3 (un à l’avant, deux à l’arrière), lui permettant un gain en termes de consommation et d’autonomie, car le contact avec l’onde est plus limité qu’avant.
Sa vitesse de croisière peut atteindre les 50 km /h, et il est doté de commandes de vol électriques, digne d’un avion Airbus, à la différence quand même, qu’il peut avec un simple iPad, se piloter aisément, ce qui n’est pas encore le cas pour les avions, mais un jour peut-être ?
Et justement, cette vitesse de croisière fut l’un des point d’achoppement entre la ville de Paris et Alain Thébault, car étant limité entre 12 et 18 km/h sur la Seine afin d’éviter des remous importants, mais aussi pour des questions environnementales, il était hors de question pour la municipalité de Paris de sursoir à cette règle, même si lui, fin connaisseur et ne se laissant pas intimidé, estimait que ses engins, volant sans bruit, sans émission, sans sillage, et donc sans vague, n’étaient pas concernés, et qu’en plus cette réglementation en vigueur, était loin d’être respectée par les bâtiments des administrations. Sans parler de ce qu’il appelle lui les lourdeurs administratives.
Ce qui fait qu’il partit faire ses essais sur le lac Léman à Genève, ou encore dans la baie de Monaco (voir photos). Mais, passé cet écueil, 6 mois quand même, c’est avec la capacité cette fois-ci de naviguer à la vitesse autorisée que de nouveaux essais viennent d’avoir lieu à Paris, avant une présentation officielle au salon Vivatech de Paris qui vient de clôturer ses portes.
Mais, en attendant que les essais soient concluants, Alain Thébault est déjà dans l’après, avec l’idée de concevoir cette fois-ci des versions à dix ou douze places, ouvrant la voie à la création de navettes fluviales, censées répondre à une demande toujours plus forte de transports publics, allié en plus avec une connotation on ne peut plus écoresponsable, ce qui deviendra certainement dans les années à venir une condition sinéquanone pour répondre aux besoins pressants des grandes métropoles.
Ce qui ne manque pas, quand on sait qu’au-delà de Paris, d’autres grandes villes, avec un fleuve ou proche de la mer, sont à l’écoute, comme Lyon et Bordeaux en France, ou encore Londres, San Francisco, Dubaï, Genève, Tokyo, Melbourne, Bangkok, et j’en oublie, mais le potentiel est énorme l’air de rien.
Donc, c’est avec impatience que nous attendrons la généralisation de son utilisation à Paris, ainsi que dans le monde entier, démontrant encore une fois ce que l’esprit français peut apporter.
*La portance : Force qui permet à un avion ou à un bateau de s’élever et de se maintenir en l’air.
**Foil : Aile profilée qui se déplace dans l’eau, tout en transmettant une force de portance (voir ci-dessus) à son support, généralement un bateau (voiliers, catamarans).
Jacques Samela
Sources :
. Frenchweb du 31/05/17
. L’Express du 14/06/17
. Industrie & Technologies du 16/06/17
. Les Echos du 23/08/17
. Le Monde du 16/11/17
. VSD n° 2124
. Le Parisien Eco du 22/05/18