Les DeepTechs (suite)
L'Europe lance un nouveau programme pour favoriser les deep tech
Les start-up, et plus particulièrement les deep tech, sont au cœur du nouveau programme de la Commission européenne pour l'innovation. Elle entend favoriser leur accès aux financements, simplifier les règles de cotation en bourse et réfléchit à la création d'options sur titres pour les salariés des start-up. Avec ce nouveau programme, l'Union européenne cherche à se hisser parmi les leaders technologiques de demain pour venir concurrencer les Etats-Unis et la Chine, ou a minima arrêter de se faire distancer des géants technologiques issus de ces pays.
LÉNA COROT | PUBLIÉ LE 06 JUILLET 2022
La Commission européenne a dévoilé mardi 5 juillet 2022 sa nouvelle feuille de route sur l'innovation. Résolument tourné vers les start-up, et plus particulièrement les deep tech, ce programme vise à replacer l'Europe aux cœurs des innovations technologiques et numériques à l'échelle mondiale. L'Union européenne a fort à faire pour venir concurrencer les Etats-Unis et la Chine.
L'EUROPE DOIT DEVENIR LE PREMIER CRÉATEUR D'INNOVATIONS
"Nous devons stimuler nos écosystèmes d'innovation pour qu'ils développent des technologies centrées sur l'humain", explique Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive pour une Europe adaptée à l'ère du numérique, dans un communiqué. Ce programme a pour objectif d'aider l'Europe à "développer et à mettre sur le marché de nouvelles technologies apportant des solutions aux problèmes sociétaux les plus pressants." La Commission évoque des innovations qui irrigueront de nombreux secteurs d'activité comme les énergies renouvelables, l'agriculture, la construction, la mobilité ou encore la santé et la cybersécurité.
"Le nouveau programme d'innovation européen permettra aux innovateurs, aux jeunes entreprises et aux entreprises en expansion, tous porteurs de projets innovants, de devenir des leaders mondiaux de l'innovation", clame Mariya Gabriel, commissaire à l'innovation, à la recherche, à la culture, à l'éducation et à la jeunesse. L'objectif ? "Hisser l'Europe au rang de premier créateur mondial d'innovations et de start-up deep tech", assure Mariya Gabriel. 25 actions spécifiques, découpées dans cinq domaines, sont évoquées dans cette feuille de route. A commencer par définir clairement les termes de start-up, scale-up et deep tech.
RENFORCER L'ACCÈS AUX FINANCEMENTS
Assez logiquement, ce programme souhaite favoriser l'accès au financement pour les start-up et les scale-up "en mobilisant des sources inexploitées de capitaux privés et en simplifiant les règles de cotation en bourse".
Allant dans ce sens, le programme Scale-up Europe, qui existe déjà, vise à favoriser le financement de ces start-up à un stade de développement plus avancé. Cela passe par la création d'un fonds de fonds appelé "European Tech Champions Initiative" (ETCI) qui doit être doté d'un budget total de 10 milliards d'euros afin d'investir dans des fonds d'investissements européens. Cette nouvelle feuille de route ajoute simplement vouloir inciter les investisseurs institutionnels et privés à investir dans les deep tech sans préciser si d'autres initiatives comme Scale-up Europe seront prises.
FAVORISER LES EXPÉRIMENTATIONS ET L'ACCÈS AUX MARCHÉS
La Commission évoque des "bacs à sable réglementaires" pour favoriser les expérimentations. Les marchés publics sont évoqués, leur accès sera-t-il favoriser pour les start-up européennes ? Nombreux sont les entrepreneurs à demander un droit de préférence et à ce que les entreprises européennes soient favorisées pour les appels d'offres. Comme cela est le cas aux Etats-Unis, par exemple.
LES TALENTS ET L'INNOVATION À L'ÉCHELLE EUROPÉENNE
La commission européenne souhaite favoriser les échanges entre les différents acteurs de l'innovation à travers l'Europe, et mettre en lien des endroits plus avancées avec des zones plus en retard. Pour cela, des vallées régionales de l'innovation doivent voir le jour. Le programme aidera les Etats et les régions à consacrer au moins 10 milliards d'euros à des projets d'innovation.
Le sujet des talents et de leur rétention est aussi évoqué. Cela semble notamment passer par les options sur titres des salariés dans les start-up. Le soutien aux femmes innovatrices est également évoqué puisqu'elles sont sous-représentées dans ces secteurs, notamment en France comme le rappelle différents baromètres. Un sujet sensible puisque les start-up ont tendance à recruter beaucoup de monde au fur et à mesure de leur développement.
La Commission européenne semble avoir pris conscience de l'importance des enjeux autour de l'innovation. Les champions de demain seront-ils européens ?