Au de-là des clichés, plutôt positifs, concernant « il bel Paese », que vous connaissez parfaitement, notre proche voisin, sous bien des aspects, est surtout un partenaire commercial et industriel de choix pour la France, et ce depuis de très nombreuses années, que dis-je, des décennies.
En effet, après avoir fêté leur 60 ans de jumelage en 2015, l’Italie et la France ont enregistré la même année un volume d’échange de près de 70 milliards d’Euros, avec une augmentation de 3 milliards par rapport à 2014, soit 31,8 milliards d’Euros d’exportations françaises vers l’Italie, et 37,3 milliards d’Euros d’exportation vers la France, avec au final une balance commerciale favorable à l’Italie avec 5,5 milliards d’Euros.
Et en ce qui concerne leurs positionnements respectifs, la France est donc le deuxième client de l’Italie avec une part de marché de 10,3 %, l’Allemagne étant devant avec 12,5 %, et aussi le second fournisseur de l’Italie avec 8,7 % du total de ses importations, toujours derrière l’Allemagne avec 15,4 %, et l’Italie quant à elle, elle est le 4ème client en France avec 7,1 % des exportations totales de marché, et le troisième fournisseur de la France avec une part de marché de 7,4 %, portés notamment par les secteurs de la défense, de l’énergie, de l’agro-alimentaire, de la finance, de la mode (bien évidemment), du textile, et de la culture.
Mais ces relations privilégiées ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui sans une présence forte de ces deux pays de part et d’autre des Alpes, avec pour l’Italie, une visibilité en France à travers 1 800 entreprises représentant près de 100 000 emplois, dont certaines sont si connues, qu’elles pourraient presque faire partie de l’industrie française, comme les groupes Ferrero (Nutella), Barilla (pates), Fiat (automobile), Illy et Lavazza (café), Galbani (fromages), mais pas Panzani, d’origine française, créé en 1940 par Jean Panzani, qui lui était d’origine italienne.
Ce qui fait que la France est ainsi devenue le premier pays étranger où les entreprises italiennes investissent, avec en tête la région Lombardie (Milano), à l’origine de 29 % de ces investissements, suivi de la Vénétie (Venezia) avec 19 % et l’Emilie-Romagne (Bologna) avec 15 %, concentrés sur certaines régions phares que sont l’Ile de France (22 %), la région Paca (15 %), et la région Midi-Pyrénées (12 %), avec en 2015, 84 nouveaux projets italiens d’investissements lancés, soit le meilleur résultat depuis dix ans.
Quant à la présence française en Italie, ce sont près de 48 milliards d’Euros provenant de l’Hexagone qui y ont été investis en dix ans, avec à la clé l’acquisition de 156 entreprises et la recherche de nouveaux marchés, gage d’un savoir-faire et d’une image de qualité reconnue dans le monde entier que l’on pourrait appeler « italianité », notamment en matière de management.
Seulement voilà, ces rapports plus que privilégiés n’empêchent pas quelques tensions côté italien, où certains s’étonnent même de la passivité des autorités face aux offensives récentes de rachats de fleurons de l’industrie italienne comme Moncler par Eurazeo, Parmalat par Lactalis, ou encore Bulgari par LVMH, sans parler des ambitions de Bolloré et de Xavier Niel, les comparant même aux campagnes d'Italie d’antan, accompagnées d’une boutade plutôt répandue parmi les acteurs des milieux économiques italiens, n’attendant soit disant plus que l’arrivée de Bonaparte.
Cependant, au de-là de ces susceptibilités qui reviennent de temps en temps de l’autre côté des Alpes, notamment en ce qui concerne ce complexe de supériorité ressenti chez certains français, il faut quand même savoir que les groupes italiens ne se gêne pas pour acheter des groupes français de renommé comme Carte Noire par Lavazza pour 700 millions d’Euros, ou encore Grand Marnier par Campari pour 684 millions d’Euros, sans pour cela faire autant d’histoire, mais il est vrai n’égalant pas les sommes investis en Italie par les groupes français. Pour faire un parallèle avec le football, sport roi chez nos voisins transalpins, disons que la France mènerait aujourd’hui 2 buts à 1.
Et l’avenir dans tout cela, eh bien, il passera certainement par des collaborations dans certains secteurs d’avenir, afin notamment de créer des champions à l’échelle européenne et mondiale, avec comme idée d’associer le cartésianisme français à la fantaisie italienne, mais aussi l’art des italiens de savoir régler les problèmes à la dernière minute, gage d’une flexibilité plus poussée, et plus à même de s’adapter aux aléas de la compétitivité internationale, ce qui parfois manque aux entreprises françaises, frileuses quant à mener des actions commerciales à l’étranger.
Alors, que continue cette relation privilégiée entre ces deux pays latins, à l’origine, avec l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas de la création par le traité de Rome en 1957 de la CEE (Communauté économique européenne), aujourd’hui l’Union Européenne (objet en mars 2017 d’un dossier spécial), afin qu’ils puissent redevenir l’un des fers de lance d’une Europe en convalescence, un peu trop germanophone à mon goût mais sans être germanophobe pour autant, surtout qu’avec l’avènement de son cinquantième anniversaire l’année prochaine, moment plus que propice pour une relance forte, l’Union Européenne dans son ensemble ne pourrait en tirer que profit, donnant pourquoi pas l’envie à d’autres de relancer enfin ce processus initié à l’époque par quelques visionnaires quelque peu oubliés aujourd’hui.
Donc, c’est avec envie que je dis Forza Italia et Allez France, l’avenir européen est en partie entre vos mains.
Jacques Samela
Sources :
. www.tresor.economie.gouv
. www.lepetitjournal.com
. www.italie-france.com
. www.lemoci.com
. Les Echos du 29/05/16 et du 25/07/16