Elle devait attendre le 04 juillet pour se prononcer quant à l’éventualité de se représenter au poste de directrice du Fonds monétaire international (FMI), mais étant seule candidate, et recueillant le soutien appuyé des grandes puissances chapeautant l’institution, composée de 188 Etats-membres, Christine Lagarde vient donc d’être désignée à nouveau à ce poste prestigieux pour cinq ans supplémentaires.
Première femme à ce poste, elle prit ses fonctions le 28 juin 2011 par consensus, à la suite de la démission médiatique de son prédécesseur, Dominique Strauss Kahn.
Loin d’être de tout repos, cette fonction, pourtant prisée, lui permettra à nouveau de démontrer son désir de bouger les fondements d’une institution, gardienne d’une certaine orthodoxie financière, souvent détestée, mais aussi appelée à la rescousse.
En effet, car depuis sa première nomination, elle a mis en œuvre quelques améliorations et changements comme par exemple le doublement des ressources de l’institution, après il est vrai un combat de longue haleine avec le Congrès américain, lui faisant même dire que si il le fallait, elle ferait la danse du ventre, ensuite, la reconnaissance du yuan chinois comme monnaie de référence, la possibilité pour les pays émergents d’avoir plus de poids dans les décisions de l’institution, mais aussi l’ouverture à des questions peu traitées auparavant, comme le changement climatique, ou les inégalités sociales.
Sans oublier la situation économique actuelle, qui après la crise des subprimes de 2008, celle de l’Euro, avec son contingent de plans de sauvetage, et maintenant les inquiétudes sur la croissance, avec notamment le ralentissement chinois et le décrochage de ces pays dits émergents, qui lui font dire que ces cinq prochaines années ne seront effectivement pas une promenade de santé, et qu’il y aura des difficultés à gérer, et à surmonter.
Mais, au vu de son parcours, on peut penser qu’elle ne reculera pas, mais qu’au contraire elle s’y attellera avec force et détermination.
Parlons-en justement de son parcours, car au-delà de ses différentes fonctions de ministre, j’y reviendrai, elle a su démontrer très tôt sa personnalité, perdant son père à l’âge de 16 ans, son tempérament fort, son potentiel, tout en affirmant également un combat à laquelle elle tient, celui de la place des femmes.
Pratiquant la natation synchronisée, elle remporte une médaille de bronze à l’âge de 15 ans avec l’équipe de France. Ensuite, après l’obtention de son bac en 1974, elle part aux Etats-Unis un an pour y suivre des cours, et obtient un diplôme au lycée Holton-Arms School à Bethesda dans le Maryland, suivi d’un stage au Capitole comme assistante parlementaire auprès d’un représentant républicain du Maine, William S. Cohen, qui deviendra par la suite secrétaire à la défense de Bill Clinton.
De retour en France, elle y obtient le diplôme de l’Institut d’études politiques d’Aix en Provence, échoue au concours d’entrée de l’ENA, mais obtient deux maitrises en anglais et en droit des affaires, ainsi qu’un diplôme d’études supérieures spécialisées de droit social à l’université Paris X de Nanterre.
Ensuite, avocate au barreau de Paris en 1981, elle rejoint l’un des premiers cabinets d’avocats mondiaux, Baker & Mc Kenzie, gravissant tout au long de ses 25 ans de carrière les échelons, l’emmenant au poste d’associée gérante en 1991, membre du comité exécutif mondial à Chicago, et enfin présidente de ce même comité en 1999.
Encore une première, puisque première femme à atteindre ce poste, avec à la clé une augmentation de 50 % du chiffre d’affaires, clôturant l’exercice 2004 à 1 228 millions de dollars. Elle en deviendra même plus tard la présidente du comité stratégique mondiale, la positionnant à la cinquième place du classement des femmes d’affaires européennes du Wall Street Journal.
Ensuite, pour en revenir à ses fonctions de ministre, c’est en 2005 qu’elle saute le pas avec son entrée dans le gouvernement De Villepin, premier ministre de Jacques Chirac, comme ministre déléguée au commerce extérieur, avec déjà à l’époque l’idée qu’il fallait réformer le code du travail. On voit où on en est aujourd’hui.
Sinon, elle est par la suite ministre de l’agriculture et de la pêche durant le premier gouvernement de François Fillon, premier ministre de Nicolas Sarkozy, et dans le cadre d’un remaniement ministériel en juin 2007, elle devient cette fois-ci ministre de l’économie, des finances et de l’emploi, ce qui sera à nouveau une première en France et dans les pays du G8, pour une femme à ce poste stratégique.
Elle y restera quatre ans, et mènera différentes actions encore d’actualités pour certaines aujourd’hui, comme le vote de la loi TEPA, qui défiscalise les heures supplémentaires et allège les droits de succession, et la loi dite de modernisation de l’économie (LME), qui vise à encourager les entrepreneurs tout au long de leur parcours, à relancer la concurrence, à renforcer l’attractivité du territoire, et à améliorer le financement de l’économie. Elle y défendra également la fusion de l’ANPE et des Assedics, devenant Pôle emploi, malheureusement toujours sur le devant de la scène, et mènera la réforme du crédit à la consommation, afin de limiter le surendettement des ménages.
Alors, bien qu’elle dise ne pas souhaiter revenir en politique aujourd’hui, il est peut être un rôle qu’elle pourrait peut-être jouer en 2017, dans le cas où la droite l’emporterait, et ce quel que soit le candidat, c’est peut-être celui de premier ministre, et ce même si l’affaire Tapie reste en embuscade, avec comme principale accusation, une négligence supposée (ce n’est pas moi qui le dit), après avoir autorisé le recours à un arbitrage, favorable donc à l’homme d’affaires. Suite au prochain épisode.
Par-contre, il est bien un rôle auquel elle attache une grande importance, c’est celui de militante de la cause féminine en général, et dans le monde des affaires en particulier, en exprimant un sentiment toujours d’actualité, soit d’après elle, une insidieuse conspiration freinant l’arrivée des femmes aux portes du pouvoir, situation qu’elle a elle-même vécue au début de sa carrière professionnelle comme avocate d’affaires, où, durant un entretien dans un grand cabinet d’avocats français, on lui expliqua clairement qu’elle n’aurai jamais l’occasion d’être promue au rang d’associée, parce que femme.
Pourtant, au vu de ses fonctions dans le cabinet d’affaires américain (voir plus haut), elle a largement démontrée qu’avec sa combativité, son talent, contournant les obstacles, elle était taillée pour s’affirmer dans ce monde d’hommes, comme peuvent l’être d’autres également, il n’y a pas de raison.
On peut même dire qu’elle est un modèle à suivre, car de nombreuses fois honorée, par Forbes tout d’abord, où de la 30ème place en 2006, elle passe à la 12ème place l’année suivante dans la catégorie de la femme la plus puissante au monde, cumulant également la 3ème place en Europe, et la 2ème en France, juste derrière Michèle Alliot Marie, par le Financial Times ensuite en tant que meilleur ministre des finances de la zone Euro, et pour finir par le magazine Time, la citant en 2009 et 2010 parmi sa liste annuelle des 100 personnes les plus influentes au monde.
Et c’est vrai que sa fonction de directrice du FMI, permet à la France de garder une influence non négligeable sur la marche du monde, car avec les dernières élections européennes, et la victoire de qui on sait, l’influence française à l’échelle européenne n’est plus ce qu’elle était, on le voit bien dans le cadre de la crise agricole actuelle. Comme quoi.
Donc, Madame Lagarde, continuez et portez haut les couleurs de la France, afin que celle-ci ne devienne une nation quelconque, enfermée sur elle-même, et laissant passer le train de cette mondialisation tant décriée et redoutée.
Jacques Samela
Sources :
. Wikipedia
. Les Echos du 30 décembre 2015
. Les Echos du 25 janvier 2016
. Le Parisien et Libération du 19 février 2016