Petit pays de 41 000 km2 et de 8 millions d’habitants, au cœur de l’Europe, mais sans être membre de l’Union Européenne, la Suisse est peut être aujourd’hui l’un des modèles à suivre pour la France, si ce n’est le modèle ? Voyons.
Affichant un excédent de près de 20 milliards d’Euros (3,33 milliards d’Euros en juillet 2014), un taux de chômage de l’ordre de 2,3 %, soit son plus bas niveau, elle est depuis de nombreuses années numéro un mondial de l’innovation, et obtient le deuxième rang pour le nombre de brevets déposés par tête d’habitant.
Ce positionnement de premier de la classe n’est pas comme on pourrait le croire dû à son système bancaire, qui représente malgré tout 20 % de son PIB, mais bien à son tissu industriel, qui lui représente 22 %, lui permettant également de détenir également le poste de numéro un mondial (encore) pour la production industrielle par habitant avec 12 400 dollars.
En effet, car au-delà des clichés (voir photos) sur ce pays voisin, l’industrie suisse s’appuie justement sur des multinationales reconnues de par le monde comme Swatch, Nestlé, Roche, Richemont, Novartis ou encore ABB, leaders dans des secteurs de pointe comme les biotechnologies, la nutrition, l’horlogerie, l’hygiène ou encore le high-tech.
Ensuite, une autre de ses particularités, primordiale pour son industrie, concerne l’importance de l’apprentissage. En effet, loin de pousser les élèves à entreprendre des études longues (comme en France), 35 % seulement passent leur maturité fédérale (l’équivalent du bac), les autorités helvétiques ont depuis longtemps privilégiée ce modèle, tant est si bien que près de 50 % des patrons de la partie alémaniques sont passés par là, et que près de 30 % des patrons de la partie francophone également.
Vu sous cet aspect, on peut comprendre pourquoi les suisses disent que leur pays est le seul au monde à considérer que l’herbe est plus verte chez lui que chez le voisin (notamment la France). Cependant, avec les éléments qui vont suivre, tout n’est peut-être pas si vert, et ce sera à vous mes chers abonnés et lectrices et lecteurs de vous faire votre idée.
Donc, en premier lieu, la durée moyenne d’une semaine de travail est de 42 heures, avec dans certaines branches (entreprises industrielles, commerces de détail) des moyennes arrivant à 45 heures, voire même 50 heures. Par-contre, en ce qui concerne les salaires, la moyenne helvétique dépasse légèrement les 5 000 €, avec des pointes à 8 000 € pour un cadre moyen dans l’administration cantonale de Genève par exemple.
Alors oui les salaires sont élevés, mais la vie également. Par exemple, pour acquérir un logement, c’est pratiquement impossible, à moins d’être millionnaire. Résultat, 70 % des suisses sont locataires, avec depuis quelques années une ruée vers l’autre versant alpin, ce qui a pour effet de pénaliser les frontaliers français en raison des prix en hausse dans le domaine de l’immobilier.
Ensuite, la santé est également chère. En effet, sans sécurité sociale, mais avec une assurance maladie obligatoire (LAMal), le coût moyen des primes grimpe à 458 € par mois pour un adulte, et à 120 € pour chaque enfant. Quant aux impôts, pas de bol. Le suisse moyen paie davantage d’impôts que son homologue français (eh oui), ce qui, et là c’est une surprise, le pousse à soustraire près de 18 milliards de Franc suisse (14,4 milliards d’Euros) aux caisses de l’état. Ils sont même considérés, les suisses, comme les champions du monde de cette catégorie. Encore un titre, mais celui-ci moins connu.
Et, pour continuer sur les particularités phares de ce pays, sachez que la grève n’est pas un sport national, au contraire. Car, même si elle autorisée (encore heureux), les partenaires sociaux ont depuis très longtemps (1918) optés pour la paix au travail, et mis en avant le compromis (comme en Allemagne). La rupture de cet état de fait peut même être un motif de licenciement. Vous imaginez chez nous. Ensuite, revenant sur le licenciement, sachez qu’en Suisse il peut être très rapide, du jour au lendemain, sans pour cela obliger le dirigeant d’entreprise à motiver sa décision. Une perte de confiance envers son employé peut être suffisante. L’embauche y est également rapide.
Et pour finir, la retraite. Sujet récurrent en France, elle est en Suisse à 65 ans pour les hommes (depuis 1948), et à 64 ans pour les femmes. Le gouvernement actuel envisage même de repousser l’âge à respectivement 67 et 65 ans. A suivre. Mais avec peu de chances que cela fasse descendre les citoyens dans la rue.
Donc, voilà une petite idée de notre chère voisine qui, comme vous le savez certainement est partagée en quatre entités linguistiques bien distinctes et pas trois (l’allemand, le français, l’italien et le romanche), ce qui vous l’imaginez bien occasionne des interprétations différentes sur des sujets de sociétés importants pour la vie de la confédération, notamment durant les initiatives populaires (référendums).
Il est vrai par exemple qu’il est courant de dire que le suisse alémanique parait moins ouvert (d’après nous, français) que ses concitoyens francophones et tessinois (italien), et qu’il représente vraiment ce que l’on appelle parfois la « suissitude », c'est à dire la ponctualité, la propreté, l’amour de l’ordre, la discrétion, le sens de la tradition, sans oublier l’autorité, se rapprochant par là d’une autre voisine que d’aucuns souhaiterait prendre également comme modèle, l’Allemagne. Peut-être un prochain sujet, mais pour ma part, je pense qu’il y a effectivement des idées à prendre, d’autres à laisser, tout en sachant quand même que certaines auraient du mal à être utilisées chez nous en raison justement d’une histoire et d’une culture différente.
A vous donc de vous faire une idée.
Jacques Samela
Sources :
. Le Point du 17 juillet 2014 : Mais comment font les Suisses ?
. www.swissworld.org