Fermob (suite)
Pour ses 90 ans, Mickey a choisi Fermob !
PUBLIÉ LE 20/11/2018 / Bref Eco
Les studios Disney ont demandé à Fermob, la marque française de mobiliers outdoor, de créer une collection en hommage aux 90 ans de Mickey. Une rencontre qui va au-delà de la création de quelques pièces exclusives !
« Disney souhaitait un travail créatif pour l’édition de produits et non la simple représentation de Mickey sur une ligne d’objets comme la plupart des licences actuelles. Nous sommes des industriels qui travaillons le design, ce projet correspondait à ce que nous aimons faire ! », explique Bernard Reybier, le Pdg de Fermob, dont la rencontre avec Disney a été rendue possible grâce au réseau du designer Terence Conran, ami de la marque.
Un carnet d’idées plutôt foisonnant !
« Le brief précisait deux points : ne pas créer de produits spécifiquement tournés vers les enfants et ménager l’identité des deux marques. Sinon, nous avions carte blanche et voici une passionnante perspective pour un designer ! », se réjouit Eric Bibard, responsable studio design Fermob. L'équipe a donc travaillé à partir du logo de Mickey, qui est mondialement connu et immédiatement identifié à ce personnage. « Inspirés, nous l’avons décliné sur divers produits Fermob et nous avons dessiné un carnet d’idées plutôt foisonnant ! », poursuit le designer.
La chaise Bistro, pièce maîtresse de cette collection anniversaire
Parmi ces objets revisités pour l'occasion, la chaise Bistro, héritière de l’esprit des cafés parisiens. « Comme Mickey, elle a une histoire populaire, symbole de convivialité et d’universalité », explique-t-on chez Fermob. Les patins, plus épais que sur les modèles habituels, sont jaunes, à l'instar des pieds du personnage.Et la chaise est habillée de manière à figurer immédiatement la silhouette de la célèbre souris.
Bistro se décline dans quatre couleurs du nuancier Fermob (blanc, coquelicot, miel, réglisse) et en deux versions adultes et enfants. Elles ont notamment pris place dans le quartier new yorkais Times Square, le 18 novembre dernier, date anniversaire de Mickey.
Une gamme qui pourrait s'enrichir
Fermob a également créé une lampe. Le socle, habillé de jaune pour rappeler le personnage, comprend une double fonction : recharge de la lampe et commande pour une utilisation comme lampe de chevet. Enfin, des dessous-de-plat découpés de la forme du célèbre logo, « trois ronds parfaits, 100 % métal, 100 % made in France » ont également été développés.
Proposée dans les boutiques Fermob et chez les distributeurs de la marque, cette collection entend bien vivre au-delà de l’année anniversaire de Mickey. « Ce n’est pas juste un coup marketing ou un événement, c’est une gamme qui pourrait s’enrichir », conclut Fermob.
http://www.brefeco.com/actualite/biens-de-consommation/pour-ses-90-ans-mickey-choisi-fermob
. Pour plus d'informations, n'hésitez-pas à lire ou relire le dossier du 01 juillet 2013 consacré à la marque française Fermob.
« Le design industriel est en voie de disparition », Jacques Noël, designer
Par Séverine Fontaine publié le 03/09/2018 / Industries & Technologies
Que reste-t-il du design industriel ? Dans son ouvrage intitulé « Design, l’imposture », le designer Jacques Noël nous dépeint une vision du design actuel bien loin du métier qu’il a exercé pendant 40 ans. Nous l’avons rencontré pour comprendre son aversion pour cette nouvelle pratique qu’il nomme « design artistique ».
« Design, l’imposture ». Derrière ce titre provocateur se cache la colère et la nostalgie d’un designer pour ce métier qu’il a exercé pendant plus de 40 ans. Ses références sont nombreuses : il a réalisé de nombreuses études pour le compte d’Air France, Air Liquide, RATP, Peugeot, Tefal, SEB, Salomon, Chanel… pour ne citer qu’eux. Pour lui, aucun doute, le métier de designer industriel est en voie de disparition laissant place à un design qu’il appelle « artistique ». Mais qu’est-ce qui différencie le design d’hier et d’aujourd’hui ? Celui d’hier nous répond Jacques Noël, auteur de l’ouvrage, mariait harmonieusement l’esthétique à la technique. Celui d’aujourd’hui n’en garderait que l’esthétique. « Moi, ce que je défends c’est le design à son origine industrielle » argue-t-il.
Qu’est-ce que le design industriel ? « Je pense que le design industriel a une vocation sociale : ne pas faire mode et s’adresser au plus grand nombre, avec des séries industrielles pour produire des produits accessibles à tous. Ces produits doivent rendre des services pérennes, durables et en bout de cycle être recyclables. Toutes ces composantes du produit, le design les prend en compte et essaie de les mettre en oeuvre. » Un produit réalisé par le design industriel se reconnaît par sa simplicité apparente, la complexité résidant dans son fonctionnement.
Le produit, un alibi pour faire de la finance
Pour lui, le métier s’éloignait déjà de sa fonction première lorsqu’il a décidé de se retirer : « Quand j’ai arrêté ma carrière professionnelle, on était dans une dérive catastrophique. Le bilan financier de l’opération comptait avant tout et le produit devenait l’alibi servant à faire de la finance. » La relation du designer avec les industriels commençait également à se ternir : « on devenait de plus en plus des espèces de sous-traitants qui devaient faire ce qu’on leur demandait de faire. Nous n’étions plus que des exécutants, avec des visions à court terme : « il faut faire quelque chose pour le prochain salon ». La conséquence : si on se borne à l’analyse marketing du marché, tous les produits finissent par converger. »
Dans son ouvrage « coup de gueule », les industriels ne sont pas les seuls visés. Tout le monde en prend pour son grade, même les journalistes qui médiatisent ce « design artistique ». « Il y a une méconnaissance totale de la part des institutions, des politiques, du ministère de la culture de ce qu’était le design. Par un jeu subtil, ils ont remplacé les arts appliqués par le design. Aujourd’hui, nous sommes dans un système reproductif. Cela marche comme une photocopieuse. Les enseignés deviennent enseignants sans avoir même pratiqué. Au final, il ne reste pas grand-chose des artisans qui avaient un savoir-faire réel et une connaissance de la matière. »
Le cas du design automobile
Dans le design industriel existe un cas particulier : l’automobile. « Le design automobile est un peu un mystère », s’amuse Jacques Noël. « C’est un pré carré avec des écoles spécifiques pour faire du design automobile. En réalité dans l’automobile, on est beaucoup plus proche du stylisme que du design. » A part peut-être certaines marques allemandes qui ont une approche différente, nous confie l’auteur : « les produits allemands sont plus industriels que les autres. Je dirais que sur un modèle de véhicule allemand, rien n’est gratuit, tout a sa raison d’être. Que ce soit la forme ou les matériaux, l’ensemble est orienté vers la fonctionnalité. » Ce qui est l’inverse du style, ajoute le designer. « Le style, c’est : « je veux faire un truc sphérique parce que j’ai envie que ce soit sphérique ». Dans l’automobile française, toutes les fioritures n’apportent rien et augmentent les coûts. Du beau pour faire beau. »
Biographie
Jacques Noël est né à Paris en 1949. Il a commencé sa carrière en 1971 à l’agence Technès aux côtés de Roger Tallon. En 1975, il fonde l’agence Sopha Praxis avec trois associés. En 1986, il occupe le poste de designer produit et directeur associé au sein d’une filiale du groupe RSCG l’amenant à traiter de gros dossiers. En parallèle, il enseigne à l’Ecole Normale Supérieur de l’Enseignement Technique puis à l’Ecole Centrale de Paris. En 1997, il devient consultant indépendant jusqu’à la fin de sa carrière.