BPI France : la banque de la reconquête ?
Créée à l’initiative du Président de la République, la BPI France (www.bpifrance.fr), ou Banque Publique d’investissement, aura pour but de participer à la ré-industrialisation de la France en garantissant le financement des PME et des entreprises innovantes.
Premier engagement du candidat François Hollande durant la campagne électorale de 2012, son ambition est de reproduire le succès du « Mittelstand » allemand, vivier d’entreprises de taille intermédiaires (ETI), qui assurent aujourd’hui à ce pays son positionnement actuel, et une balance commerciale largement excédentaire, avec comme référence de base, la banque publique allemande KFW (www.kfw.de), qui a octroyé depuis 2009, 14 milliards d’Euros de prêts et crédits auprès de 20 000 entreprises allemandes.
Dotée d’une force de frappe de + de 40 milliards d’Euros, dont 20 milliards seront destinés à être prêtés, 12 milliards serviront de garanties, et 10 milliards seront consacrés à des investissements en fonds propres, la BPI, aura pour priorité d’offrir aux PME, ainsi qu’aux entreprises de taille intermédiaires (ETI), un ensemble d’instruments de soutien renforcé à l’innovation et à l’export.
Elle n’aura pas vocation à venir au secours d’entreprises en difficultés, mais plutôt à accompagner celles susceptibles de grandir (un problème en France), d’innover, et donc de pouvoir rayonner à l’échelle internationale.
Et, afin d’appuyer cet objectif plus qu’ambitieux, des secteurs stratégiques, dits d’avenir, ont été choisis comme les biotechnologies, la transition énergétique ou écologique, internet, les maladies rares, le capital-risque et le tourisme (voir dossier du mois de juillet).
Détenue à 50/50 par l’Etat et la Caisse des dépôts et consignations (www.caissedesdepots.fr), elle regroupera sous un guichet unique les services du Fonds stratégique d’investissement (FSI), la banque publique des PME et de l’innovation, l’Oséo (voir dossier du mois de février), et la CDC Entreprises, filiale de la Caisse des dépôts, soit un total de 2 200 salariés, dont plus de 1 500 sur le terrain, et 37 implantations sur l’ensemble du territoire français (métropole et outre-mer), ce qui constituera un levier d’intervention puissant pour le développement des territoires.
Alors, bien évidemment, avec aussi peu de recul et d’existence, cette structure nouvelle ne donnera des résultats que dans quelques mois voire quelques années, même si, fin aout, elle avait accordée 870 millions d’Euros au titre de préfinancement du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), soit 70 millions de plus que l’objectif assigné par le gouvernement pour l’année en cours. Cependant, elle suscite déjà l’intérêt à l’étranger, notamment au Québec, où le premier ministre actuel, Madame Pauline Marois, a annoncé que son gouvernement envisageait justement la création d’un établissement similaire, avec à peu près le même concept du guichet unique régional.
Et, pour compléter ses actions, elle vient de créer récemment un fond dédié aux entreprises de taille intermédiaire (ETI) qui s’appelle « ETI 2020 », avec un budget de l’ordre de 3 milliards d’Euros. Je rappelle que ce sont ces entreprises qui manquent à l’industrie française, d’où son importance. Réponses dans quelques années.