L’AUSTRALIE ANNULE LE CONTRAT DE 12 SOUS-MARINS FRANÇAIS
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Le 16 Sep 2021
Coup dur pour l’industrie française de défense : le gouvernement australien vient d’annoncer sa décision d’arrêter le programme de sous-marins de classe océanique « Future Submarine Program » conduit par Naval Group et ses partenaires dont Thales.
Rappelons que le gouvernement australien avait choisi au printemps 2016 Naval Group (ex-DCNS) comme partenaire international privilégié pour la conception des 12 futurs sous-marins de la marine australienne. Pour l’industrie française, ce contrat devait in fine, représenter quelque 8 milliards d’euros. La livraison des sous-marins était prévue à partir de 2027.
Naval Group prend acte de la décision des autorités australiennes de se doter d’une flotte de sous-marins nucléaires en collaboration avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni suite à leur revue capacitaire globale. « Depuis cinq ans, les équipes de Naval Group en France comme en Australie, et celles de nos partenaires, se sont pleinement mobilisées. Elles ont donné le meilleur d’elles-mêmes et Naval Group a honoré tous ses engagements. L’analyse des conséquences de cette décision souveraine australienne sera menée avec le Commonwealth d’Australie dans les jours à venir », prévient le groupe naval.
De son côté, Thales est concerné financièrement par ce programme à 2 niveaux : en tant que fournisseur de certains sous-systèmes à Lockheed Martin, et en tant qu’actionnaire à 35% de Naval Group.
Au 30 juin 2021, les contrats en carnet avec Lockheed Martin ne sont pas significatifs à l’échelle de Thales, puisqu’ils représentent un montant de moins de 30 millions d’euros, soit moins de 0,1% du carnet de commande total à la même date (34,6 milliards d’euros), précise le groupe français.
De plus, Thales n’anticipe pas d’impact significatif de cette annonce sur l’EBIT du Groupe en 2021 par le biais de la contribution de Naval Group (2019 : 65 millions d’euros, soit 3% de l’EBIT de Thales, 2020 : 22 millions d’euros, soit 2% de l’EBIT de Thales).
En conséquence, Thales confirme l’ensemble de ses objectifs financiers pour 2021 : un ratio des prises de commandes rapportées au chiffre d’affaires (book-to-bill) supérieur à 1 ; un chiffre d’affaires compris entre 15,8 et 16,3 milliards d’euros ; une marge d’EBIT comprise entre 9,8% et 10,3%.
Thales confirme également ses perspectives à moyen terme aussi bien pour le secteur Défense & Sécurité (croissance organique annuelle du chiffre d’affaires de 4 à 6%, marge d’EBIT entre 12 et 13%) que pour l’ensemble du groupe (marge d’EBIT de 12% à moyen terme)
En tout cas, il est clair qu'elle sera difficile à retrouver, même si "nos amis" australiens et américains feront le nécessaire pour calmer le jeu.
Alors, certains se posent déjà en juge, estimant que cela aurait pu (du) être évité, voire pour certains politiques, avec eux au pouvoir, jamais. Vraiment ?
Bien sur, facile à dire aujourd'hui.
En ce qui me concerne, ce qui me questionne ici, c'est le rôle de la Grande-Bretagne dans cette situation, qui, désormais hors de l'UE, cherche à tous prix à se positionner comme un acteur majeur du monde d'aujourd'hui, louable, mais justement à quel prix, celui pour moi de tellement reconnaissable d'une nation qui se targue d'avoir inventer le terme "fairplay", mais seulement toujours à son profit, ce n'est pas la société Valneva qui dira le contraire (voir ci-dessous).
Ne nous leurrons plus, la Grande-Bretagne devient de moins en moins un partenaire fiable.
Jacques Samela
Pourquoi Londres a brusquement renoncé au vaccin français de Valneva
https://www.vosgesmatin.fr/sante/2021/09/16/pourquoi-londres-a-brusquement-renonce-au-vaccin-francais-de-valneva
Plusieurs jours après la décision brutale et unilatérale de Londres de résilier une commande à 1,4 milliard d'euros auprès du laboratoire franco-autrichien Valneva, plusieurs points restent flous.
Lundi le gouvernement britannique a "résilié" son contrat portant sur 100 millions de doses du candidat-vaccin du laboratoire franco-autrichien Valneva contre le Covid-19.
Un contrat à 1,4 milliard envolé
Cette mauvaise surprise constitue surtout une perte gigantesque pour la biotech - quelque 1,4 milliard d'euros - dont c'était la seule commande ferme de son vaccin anti-Covid. Autant dire que le groupe basé à Saint-Herblain, près de Nantes (Loire-Atlantique) misait gros avec cette commande.
Le contrat inclut une clause permettant au gouvernement britannique d’y mettre fin. Il prétend de plus que Valneva a manqué à ses obligations, ce que Valneva conteste vigoureusement
Valneva, dans un communiqué
Depuis, les explications du laboratoire comme de Londres sont très parcellaires, voire inexistantes: le laboratoire ne s'est plus exprimé sur le sujet depuis lundi, et n'a pas répondu à nos demandes.
Selon un porte-parole du Premier ministre Boris Johnson, il existait un risque que les autorités sanitaires britanniques n'approuvent pas le vaccin de Valneva". Les autorités sanitaires britanniques ne comptaient pas sur ce produit pour les injections de l'automne et de l'hiver:
Il y a des raisons commerciales pour lesquelles nous avons annulé le contrat, mais ce que je peux lui dire, c'est qu'il était également clair pour nous que ce vaccin ne serait pas approuvé
Sajid Javid, ministre britannique de la Santé
Le ministre répondait ainsi, sans plus de précisions, à une députée écossaise. Mais aucune autre information n'a filtré jusqu'ici, ce qui entretient les doutes et les spéculations.
Londres premier soutien, premier parti
Contre le Covid-19, Valneva développe un vaccin à virus inactivé, une technologie plus classique que l’ARN messager et qui sert notamment pour les vaccins contre la grippe chaque année.
Le laboratoire avait soumis en août sa demande d’autorisation auprès des autorités de santé britanniques pour son candidat-vaccin, le VLA2001.
Le Royaume-Uni avait été le premier à le soutenir, en lui passant commande l’an dernier: d’abord pour 60 millions de doses, puis 40 millions supplémentaires, pour 2021-2022.
Londres avait également largement financé les essais cliniques du vaccin de Valneva, dont la production doit avoir lieu à Livingston, en Ecosse.
Les discussions avec l'Union européenne, en revanche, s'étaient révélées difficiles dès le départ. Interrompues, elles avaient repris au début de l'été. Et elles ne sont pas remises en causes par la défection britannique, assure-t-on côté français.
Du côté européen, les négociations contractuelles que mène la Commission sur ce contrat se poursuivent (...) pour des livraisons en 2022
Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie
Plusieurs pays européens, dont la France, comptent désormais sur ce vaccin pour "diversifier" la couverture vaccinale, a expliqué le ministère, soulignant qu'il s'agit d'un projet de vaccin à virus inactivé.
Fin août, la biotech avait indiqué que, sur la base des essais de phases I et II (sur un nombre relativement réduit de volontaires), elle espérait "avoir un vaccin qui soit efficace de manière supérieure à 80%".
Au lendemain de la résiliation britannique, Valneva a annoncé qu'il avait terminé le recrutement des volontaires pour son essai de phase 3.
Le laboratoire rappelle lundi que ses résultats des essais de phase III, la dernière sur l’homme avant une éventuelle mise sur le marché, sont attendus au début du quatrième trimestre, potentiellement dans quelques semaines.
Selon moi, c’est certainement plus une décision politique qu’une prise de position médicale et scientifique: quand on regarde ses résultats, Valneva est loin d’être ridicule et se défend très bien en termes d’efficacité contre le Covid
Rafi Mardachti, PDG d’Universal Medica Group
Une efficacité moindre qu'attendue ?
Les premiers résultats de la phase 3 des essais ne sont donc pas attendus avant le dernier trimestre. Impossible donc de savoir sur quoi se base le gouvernement britannique pour estimer que le vaccin n'aurait pas été approuvé...
Selon l'immunologiste Stéphane Paul, il est possible que des résultats intermédiaires de phase 3 aient été transmis au gouvernement britannique, qui aurait considéré que l’efficacité était trop faible par rapport à AstraZeneca".
Ce vaccin est d'une "technologie assez ancienne", explique-t-il, susceptible d'être moins efficace, notamment contre le variant delta. Mais il pourrait être utilisé comme "booster", pour des rappels saisonniers ou des troisièmes doses, par exemple.
D'autres raisons possibles ?
La presse britannique a détaillé les multiples raisons qui, dans le contrat liant Valneva au gouvernement britannique, sont susceptibles d'être invoquées.
Des problèmes de "sécurité matérielle", ou encore de "rendement", par exemple. Il est vrai que jamais Valneva, spécialisée dans les vaccins "de voyage", n'a produit de telles quantités.
Des difficultés financières telles que l'insolvabilité et le défaut de paiement, ou encore un rachat de l'entreprise, peuvent également déclencher la résiliation, bien qu'aucune d'entre elles ne semble être le cas. Les finances de Valneva ne sont toutefois pas au beau fixe - surtout depuis la résiliation: son cours en bourse s'est effondré de 20 à 12 euros, et ses finances sont limitées.
Enfin, en général le gouvernement peut "déchirer le contrat" sans pénalités pour des raisons plus globales, telles que des infractions avérées au droit environnemental, social ou du travail, ou au non-respect de la législation fiscale. Aucune de ces raisons n'a été invoquée jusqu'ici.