Agences de notation, la réponse française
Et alors que la France vient de voir sa note de solvabilité baissée par l’agence Fitch Ratings (www.fitchratings.com), passant pour le coup de AA à AA-, soit du 3ème au 4ème rang de confiance, due sans aucun doute au contexte social actuel (https://www.lafinancepourtous.com/2023/05/04/que-signifie-la-degradation-de-la-note-souveraine-de-la-france-par-une-agence-de-notation/), il faut rappeler que deux autres sociétés complètent le tableau, en l’occurrence Moody’s (www.moodys.com), et Standard & Poors (www.spglobal.com), représentant à elles trois 85 % du marché dit du « Credit Ratings » ou de la notation financière.
De nature privée, américaines, leurs résultats souvent craints, mais aussi parfois décriés, car selon leurs détracteurs, juges et parties, ne prenant en considération qu’un instant donné, ce que reproche justement aujourd’hui le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, estimant lui que l’appréciation de l’agence en question relève d’une vue pessimiste de la situation, sans reconnaître en cela les réformes engagées et en cours de mise en place. L’avenir jugera.
Mais effectivement, n’ont-elles pas démontrées par le passé qu’elles pouvaient se tromper, voire occulter certains chiffres ? Je pense aux notamment à la crise dite des subprimes en 2008 (https://www.lexpress.fr/economie/les-agences-de-notation-rattrapees-par-les-subprimes_1484732.html), qu’elles n’ont pas vu ou voulu voir venir, voire plus récent, avec l’absence d’informations de leurs parts quant aux dysfonctionnements au sein du groupe Orpéa, dont le livre intitulé « Les Fossoyeurs » de Victor Castanet fait écho.
La concurrence serait-elle donc biaisée ? Car, qu’en est-il du secteur dans son intégralité, les 15 % restant, et notamment en France ?
Eh bien, deux acteurs semblent sortir du lot, avec chacun sa spécialité, puisque l’un est plutôt axé vers les start-ups en devenir, il s’agit de Early Metrics (www.earlymetrics.com), et l’autre, Qivalio (www.ethifinance.com), assez similaire aux trois leaders que vous connaissez à présent.
Une présentation s’impose donc, et fidèle à mon mode de fonctionnement, je commencerai donc par la société Early Metrics.
Créée en 2014 par deux anciens du cabinet de conseil PWC, sa spécialité est donc axée sur la notation des startups / PME innovantes, et elle en est le leader en Europe.
Son modèle, mesurer le potentiel de croissance de jeunes pousses pour le compte de groupes souhaitant investir ou tout simplement s’informer sur les tendances à venir dans leur secteur d’activité, avec depuis sa création, près de 300 clients, grands groupes, investisseurs, institutionnels, ayant à ce jour utilisés ses services, et ce auprès de plus de 3 500 startups européennes.
Sa méthodologie elle, consiste à évaluer par une analyse dite de backtesting (https://fr.wikipedia.org/wiki/Backtesting) le management, le projet, ainsi que le marché de toute les startups innovantes susceptibles d’intéresser ses clients, et de leur démontrer au final qu’elles sont capables de répondre à leur désiderata, soit d’être solvable dans un futur proche, et être la pépite sur laquelle ils peuvent parier financièrement. Et tout cela dans un esprit de transparence, notamment en ne souhaitant afficher aucuns liens avec les entreprises qu’elle note, désireuse en cela de conserver sa totale indépendance.
Mais au fait me direz-vous, comment cela se déroule-t-il ?
En fait, après s’être référée à des données publiques, comme par exemple des informations financières, elle s’appuie sur les 3 critères déjà présentés ci-dessus pour y révéler le potentiel de l’entreprise en cours de notation, organisant même un entretien de 2 heures avec les fondateurs afin d’approfondir avec eux l’étude en cours, rajoutant pour le coup 27 nouveaux critères.
Et au final, une note sur 100 est attribuée, complétée par un suivi de près de 3 ans, permettant sur un temps assez long, d’évaluer le potentiel et la pérennité du projet en cours, avec comme résultat depuis le début, que les start-ups classées au plus haut dans leurs études, auraient connu une croissance de 161 % de leur chiffre d’affaires, de 138 % de la taille de leurs équipes, et levé 120 % de leur objectif initial de financement.
Résultats qui devraient sans aucun doute lui apporter de nouveaux clients, conforter son positionnement de leader de la notation de startups et de PME innovantes en Europe, et peut-être s’ouvrir d’autres marchés encore plus importants, comme les Etats-Unis, la Chine, faisant que les « Big Three » se sentiront un peu concurrencés sur leurs plates-bandes, notamment si Early Metrics décide de décliner son savoir-faire à la notation dans un sens large du terme. Sa direction y pense-t-elle ? Certainement, mais je n’ai actuellement pas d’informations à vous fournir.
Par-contre, concernant le second protagoniste du sujet, j’en ai.
En effet, tout commence donc en 2004 avec la création de la société Spread Research, unique agence française de notation à l’époque à être homologuée par les autorités européennes, les autres étant vous le savez désormais nos trois sociétés américaines, mais aussi la canadienne DBRS (www.dbrsmorningstar.com), ou l’allemande Scope Ratings (www.scoperatings.com).
Non dépourvue d’ambitions, malgré sa taille, il fut quand même décidé en 2017 de s’associer avec la société Ethifinance (www.ethifinance.com) afin de créer la 1ère offre européenne intégrée de notation financière et extra-financière sous l’appellation Qivalio, confirmant en cela la volonté de rester la seule agence française à être agréée auprès de l’Autorité européenne des marchés financiers (www.esma.europa.eu), avec à la clé, des offres diverses que l’on retrouvent auprès de marques du groupe que sont Spread Research pour la partie inhérente à la recherche crédit indépendante, Qivalio Rating en tant qu’agence de notation financière, Qivalio Ratings pour la modélisation des risques, et Ethifinance comme agence de notation et de conseil extra financiers.
Soit une large palette de prestations haut de gamme, l’amenant à répondre au mieux à ses clients, français (40 %) et autres européens (60 %), plus que satisfait, occasionnant depuis 2018 une progression de son chiffre d’affaires de 25 %. Certainement la rançon de son succès.
Mais ne souhaitant pas rester immobile, ayant même plutôt l’ambition de devenir un des leaders européen de la profession, le groupe entreprend des actions de rachats ciblées, afin notamment de répondre à une demande de plus en plus pressante sur le dispositif de notation ESG (Environnemental, Social & Gouvernance) de la part des entreprises, grandes, moyennes et petites, souhaitant anticiper au mieux l’avènement des enjeux de transformations environnementales et sociétales, en cours de généralisations dans le monde économique.
Soit de nouvelles perspectives pour continuer à gagner des parts de marchés dans ce monde si concurrentiel de la notation, avec espérons-le, une part encore plus grande prise par nos leaders français.
Jacques Samela
Sources :
. https://earlymetrics.com/fr/
. https://www.ethifinance.com/fr/presentation
. https://www.next-finance.net/Qivalio-premiere-agence-de
A lire :
. https://www.economie.gouv.fr/facileco/agences-notation-role-crise-reforme#