De l’importance du « made in Europe
https://www.ecoreseau.fr/humeur-semaine-marc-drillech/de-limportance-du-made-in-europe-2022-10-13-87582?utm_source=sendinblue&utm_campaign=Matinale_Vendredi_-_20221014&utm_medium=email
Le 13 octobre 2022
Malgré les tensions et les risques politiques de voir la montée des extrêmes affaiblir l’Europe, elle demeurera l’échelle unique pour se confronter aux autres grandes puissances mondiales.
C’est vendredi. Les bécasses s’agacent et le temps est à la réflexion. Et je me demande si la bataille engagée pour le made in France ne risque pas de se retourner contre nous. Si nos bonnes intentions ne vont pas devenir des handicaps construits par nos propres politiques. Car derrière un intitulé juste et vertueux on trouve des orientations aux conséquences variables.
Le made in France pur et dur se fonde sur une véritable préférence nationale militante. Laquelle pousse à acheter avant tout un produit fabriqué en France par le travail des salariés du pays. On peut aller jusqu’à tolérer des faiblesses relatives pourvu que la fabrication nationale soit clairement établie. La France d’abord !
Le made in France consiste à privilégier à chaque occasion un produit fabriqué en France si les comparaisons ne sont pas en défaveur du consommateur. Ce qui oblige à une performance du produit qui ne se limite pas à son lieu de production. Mais l’imbrication des économies conduirait à une préférence plus cohérente, plus efficace également, la préférence européenne.
Malgré les tensions et les risques politiques de voir la montée des extrêmes affaiblir l’Europe, elle demeurera l’échelle unique pour se confronter aux autres grandes puissances mondiales. Et privilégier le « made in Europe » c’est donner l’avantage à des principes éthiques, une morale politique, une vision humaniste. Malgré les difficultés de tous ordres, les facilités que les réseaux sociaux offrent aux extrémistes de tous bords.
Peut-on imaginer une bataille du made in France qui fasse fi du « made in Europe », unique échelle compatible avec les réalités de notre temps et celles à venir ?
Vu et lu dans Les Echos du 18/10/22
Vus et lus dans Les Echos du 07/11/22
SPATIAL : LES ÉTATS MEMBRES DE L’ESA ADOPTENT UN BUDGET EN HAUSSE DE 17%
https://vipress.net/spatial-les-etats-membres-de-lesa-adoptent-un-budget-en-hausse-de-17/
Le 24 Nov 2022
Lors de la conférence ministérielle de l’Agence spatiale européenne qui s’est tenue à Paris les 22 et 23 novembre 2022, les États membres de l’ESA ont décidé d’un investissement européen global de près de 17 milliards d’euros, en hausse de 17% par rapport au budget précédent voté en 2019.
La France engage aujourd’hui 3,73 milliards dont une contribution à l’Agence spatiale européenne (ESA) à hauteur de 3,25 milliards d’euros, en hausse de plus de 20% par rapport à 2019 s’agissant des financements ESA. Ces nouveaux investissements représentent 35% du budget français pour le secteur spatial, annoncé par la Première ministre à 9 milliards d’euros sur les trois prochaines années, soit le premier budget spatial européen.
Les évènements liés à la guerre en Ukraine ont démontré l’intérêt de disposer d’une autonomie spatiale renforcée, particulièrement en matière d’accès à l’espace et de communications sécurisées. Les programmes menés par l’ESA constituent l’un des leviers en la matière, permettant notamment de mutualiser notre accès à l’espace et de financer de nombreuses missions scientifiques et d’exploration.
La France a ciblé deux objectifs prioritaires dans le cadre de cette souscription : renforcer l’autonomie européenne dans le secteur spatial, notamment en matière d’accès à l’espace, de télécommunications et de compétitivité du secteur spatial européen, et améliorer la connaissance du changement climatique. Les engagements français en faveur de la science sont également en forte augmentation, qu’il s’agisse des missions scientifiques de l’ESA, les programmes d’observation de la Terre ou d’exploration.
En matière de lanceurs, la France assure le financement d’Ariane 6 (523 M€), de la poursuite du démonstrateur de premier étage réutilisable Themis (50 M€) ainsi que du moteur « low-cost » Prometheus (156 M€). Cet engagement financier consacré aux programme menés par l’ESA se complète d’actions qui seront menées au niveau national par le CNES pour 125 M€ pour le financement des futurs lanceurs réutilisables et 40 M€ pour un futur moteur lourd. Concernant le long terme, la France est parvenue à un accord avec l’Allemagne et l’Italie sur l’adaptation du cadre d’exploitation des lanceurs européens au nouveau contexte international. Cet accord repose sur trois principes : la préférence européenne pour les lancements institutionnels, le financement d’Ariane 6 et Vega C afin de garantir la compétitivité de ces lanceurs sur les marchés institutionnels et commerciaux.
Concernant le changement climatique, la France investit de manière significative dans les satellites d’observation de la Terre, parmi lesquels Copernicus, la constellation européenne d’observation de la Terre à hauteur de 170 M€, mais également dans la préparation de future technologie d’observation de la Terre à hauteur de 225 M€. La France a également fortement investi (100 M€) pour le futur satellite Aeolus 2 qui va mesurer la vitesse des vents partout sur la surface du globe.
La France renforce également sa position dans le domaine de l’exploration, en y consacrant 516 M€, à la fois pour la poursuite de la mission Exomars malgré l’arrêt de la coopération avec la Russie, mais également à travers une contribution importante aux modules Esprit et I-Hab de la future station dite « Gateway » en orbite lunaire et de la mission de retour d’échantillon de sol martien, dont le retour sur Terre est prévu en 2031.
Sur le volet des télécommunications, la France a souscrit 400 M€ pour soutenir la R&D de ses industriels dont jusqu’à 300 M€ pour la constellation européenne de connectivité sécurité « IRIS² », selon les consortiums qui seront éligibles. Cet investissement dans le cadre européen se complète de 140 M€ qui seront alloués dans le cadre de France 2030 à des projets innovants en matières de télécommunications.
Le climat reste hautement prioritaire pour les États membres de l’ESA. Les ministres sont convenus de doter le Programme d’observation de la Terre de l’ESA de 2,7 milliards d’euros.
Avec 3,2 milliards d’euros destinés à la science, l’ESA va poursuivre la mise en œuvre des missions de son programme Vision Cosmique tout en préparant son nouveau programme de science spatiale Voyage 2050, qui définit sa vision globale en matière de science sur la période 2035-2050.
Les ministres ont alloué un montant de 2,7 milliards d’euros à la prochaine phase de Terrae Novae, programme d’exploration spatiale de l’ESA, qui se concentre sur trois destinations : l’orbite terrestre basse, la Lune et Mars.
Concernant les satellites au service de la connectivité, de la sécurité et du développement durable, l’amélioration de la vie sur Terre va bénéficier de quelque 1,9 milliard d’euros, qui seront consacrés aux moyens assurant une connectivité permanente en tout point du globe.
Le budget de la navigation a été porté à 351 millions d’euros.
Avec une hausse du budget alloué à son programme de sécurité spatiale, qui passe à 731 millions d’euros, l’ESA va pouvoir intensifier ses efforts pour protéger la Terre des dangers provenant de l’espace.
Le budget de l’ESA affecté au transport spatial est porté à 2,8 milliards d’euros.
Enfin, le budget des programmes technologiques de l’ESA passe à 542 millions d’euros. Les ministres ont décidé de lancer le nouveau programme ScaleUp, dont l’objectif est de promouvoir les activités spatiales commerciales ainsi que le développement d’un nouvel écosystème spatial en Europe.
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La Commission Européenne confirme son intention d’investir 1,2 milliard d’euros pour la R&D dans le domaine de la défense
https://www.actuia.com/actualite/la-commission-europeenne-confirme-son-intention-dinvestir-12-milliard-deuros-pour-la-rd-dans-le-domaine-de-la-defense/?mc_cid=d9d3708e72&mc_eid=ed2cb670a6
Le 20 juillet 2022, la Commission européenne annonçait son intention d’accorder un financement total de l’UE de près de 1,2 milliard d’euros en faveur de 61 projets collaboratifs de recherche et de développement dans le domaine de la défense, sélectionnés à la suite des tout premiers appels à propositions lancés au titre du Fonds européen de la défense (FED). Le 5 décembre dernier, elle a confirmé cet investissement.
Le Fonds européen de la défense (FED), l’instrument phare de la Commission créé pour soutenir la coopération en matière de défense en Europe, vise à favoriser la coopération entre les entreprises de toutes tailles et les acteurs de la recherche dans l’ensemble de l’UE. Il soutient des projets de défense compétitifs et collaboratifs d’un bout à l’autre du cycle de R&D.
L’UE a ainsi décidé d’investir dans des projets de capacités de défense de pointe, tels que la prochaine génération d’avions de combat, de chars et de navires blindés, ainsi que dans des technologies critiques pour la défense, telles que l’IA, le cloud militaire, les semi-conducteurs, l’espace, le cyberespace ou les contre-mesures médicales. Le FED sera ainsi le fer de lance des technologies de rupture, notamment dans le domaine des technologies quantiques et des nouveaux matériaux, et tirera parti de PME et de start-ups prometteuses.
Margrethe Vestager, avait déclaré en juillet:
“Les excellents projets sélectionnés ont montré que la coopération industrielle en matière de défense en Europe peut devenir une réalité, même à grande échelle. Les presque 700 entreprises qui s’emploieront à la recherche et au développement de la prochaine génération de technologies innovantes de la défense grâce à des fonds de l’UE donneront l’impulsion pour obtenir une base industrielle résiliente et compétitive. Le fait que les PME représentent 43 % des entités participant aux projets sélectionnés montre que le programme du Fonds européen de la défense concerne bel et bien toute la chaîne de valeur industrielle de l’UE.”
Les PME représentent environ 43% des porteurs de projet. Les financements de la FED vont s’adresser aux catégories suivantes :
- Le combat aérien (environ 190 millions d’euros);
- Le combat terrestre (environ 155 millions d’euros);
- Le combat naval (environ 103 millions d’euros);
- La défense aérienne contre les missiles (environ 100 millions d’euros);
- Les projets liés à l’espace bénéficieront d’un soutien d’environ 50 millions d’euros;
- La cyberdéfense : 38 millions d’euros seront investis dans les projets de R&D de ce domaine.
Par ailleurs, 24 projets prometteurs impliquant des PME et des start-ups transfrontières bénéficieront également d’un financement.
À la suite de la décision d’attribution, les conventions de subvention avec les consortiums seront signées et les projets commenceront à se concrétiser. L’objectif est de soutenir la compétitivité de l’industrie de la défense européenne, le développement des technologies clés dont les forces armées ont besoin et de renforcer la sécurité de l’Union.
Thierry Breton, Commissaire au marché intérieur, a déclaré:
“Avec un investissement de 1,2 milliard d’euros en faveur de 61 projets de défense européens collaboratifs, le Fonds européen de la défense présente aujourd’hui des résultats concrets en vue d’une industrie européenne de la défense plus intégrée à même de favoriser l’innovation et de fournir des capacités de pointe à nos forces armées. Grâce au Fonds européen de la défense, la coopération européenne dans le domaine de la défense devient de plus en plus la norme. Nous dépensons mieux en dépensant collectivement. Les États membres et l’industrie européenne de la défense en bénéficieront tous, quelle que soit leur taille”.
Découvrir les projets sélectionnés :
https://defence-industry-space.ec.europa.eu/funding-and-grants/calls-proposals/european-defence-fund-2021-calls-proposals-results_
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Le CNRS a deux nouvelles Étoiles de l’Europe
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-cnrs-deux-nouvelles-etoiles-de-leurope-0
Le 06 décembre 2022
Ce mardi 6 décembre se tenait la cérémonie des Étoiles de l’Europe qui récompense les coordinateurs de projets de recherche collaboratifs européens. Jean-François Doussin et Nicolas Mansard sont lauréats.
« La coordination d’un projet européen permet de fédérer et de réunir des partenaires autour d’une même expertise. Ce rôle fédérateur offre une visibilité singulière à la France dans le paysage européen de la recherche, tant pour les chercheurs, que pour les structures qui les portent. Ils deviennent autant d’ambassadeurs de notre recherche et de notre potentiel d’innovation », a souligné la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau à l’occasion de Forum Horizon Europe, au cours duquel se déroulait la cérémonie des Étoiles de l’Europe. « Je félicite les équipes de chercheuses et chercheurs qui se sont investis et qui ont fait le choix audacieux de l’Europe en coordonnant des projets collaboratifs », a ajouté la ministre à l'attention des chercheurs et des chercheuses lauréats.
La journée, qui s'est déroulée au Musée du quai Branly – Jacques Chirac a été rythmée par des tables-rondes sur la place des infrastructures de recherche dans Horizon Europe, la préparation d’un projet collaboratif européen et les objectifs des missions européennes.
Les trophées des Étoiles de l’Europe ont été remis à 12 lauréats dont deux scientifiques portant des projets CNRS : l’enseignant-chercheur en chimie de l’atmosphère, Jean-François Doussin et Nicolas Mansard, chercheur en robotique.
Eurochamp pour la compréhension de l’impact de la pression atmosphérique sur le climat, la santé et le patrimoine
« Je reçois une étoile, mais il me faudrait une constellation pour les donner à tous ceux qui ont participé à ce projet », a indiqué Jean-François Doussin, professeur à l’Université Paris-Est Créteil, directeur adjoint scientifique Océan-Atmosphère à l’Institut National des Sciences de l’Univers du CNRS (INSU) et coordinateur du projet Eurochamp-2020 à la remise de son trophée.
Financé par le programme Horizon 2020 sur une durée de cinq ans, le projet Eurochamp-2020 a réuni un consortium de 14 partenaires européens coordonné par le CNRS – pour un budget de 9 millions d’euros. Ce projet européen d’infrastructures en science de l’environnement a visé à mettre en réseau les chambres de simulation atmosphérique Européennes : des outils rares et lourds qui servent à reproduire des atmosphères synthétiques pour étudier la transformation des polluants dans l’atmosphère. « L’objectif est de comprendre comment les polluants réagissent entre eux sous de la lumière solaire, de la présence d’autre polluants, de nuages, d’aérosols, etc… C’est une chimie très complexe qu’il faut modéliser pour prévoir les évènements de pollution, comme par exemple un pic d’ozone ou un évènement de particules fines ».
Une vingtaine d’installations en Europe, se chiffrant à plusieurs millions d’euros chacune, permettent d’étudier aussi bien la compréhension de la pollution aux particules fines, que l’impact de la pollution atmosphérique sur le climat, la santé ou encore le patrimoine. « Si cette science est née aux Etats-Unis, l’Europe aujourd’hui en est leader grâce à des initiatives telles que Eurochamp. »
Le projet européen s’est construit sur trois piliers. D’abord favoriser le réseautage pour le partage de connaissances et établir de bonnes pratiques entre experts. Également, « préparer l’avenir » grâce une recherche méthodologique sur l’adaptation des protocoles et des outils analytiques aux questionnements scientifiques émergeants. Et enfin, l’ouverture des installations aux utilisateurs extérieurs afin de favoriser l’accès des scientifiques non spécialistes de la simulation expérimentale aux chambres de simulation les plus avancées et les plus adaptées à leur recherche. « 50 % du budget d’Eurochamp a été dédié à cette ouverture nécessairement transnationale pour construire le paysage scientifique européen. Les scientifiques accueillis étaient donc financés pour leur voyage et leurs expériences sur les installations. »
Un projet qui a su intéresser les industriels pour l’évaluation de l’impact environnemental de leurs productions, pour le développement d’instrumentations de suivi de la pollution de l’air, ou encore avec l’émergence du marché des capteurs personnels, ou pour connaitre l’impact environnemental d’un produit - comme par exemple un pesticide ou une technologie automobile ou un carburant. « Ces questions ont fortement connecté Eurochamp au secteur industriel qui comptait plus d’une quinzaine de partenaires et d’utilisateurs privés. » Si Eurochamp s’est terminé en 2022, les partenaires prépare dans le cadre de la feuille de route ESFRI la fondation d’une infrastructures distribuées pérenne. « Dès le début du projet, nous nous sommes rapprochés de l’infrastructure ACTRIS qui fédère les sites atmosphères d’observation du climat. Aujourd’hui, nous avons fusionné et allons créer une organisation internationale– ACTRIS ERIC - qui continuera les actions d’Eurochamp. »
MEMMO : les robots du futur
« Je voudrais remercier les personnes qui m'ont aidé à coordonner ce projet. C'est un projet monté par un consortium de jeunes chercheurs. Cela a été une grande fierté pour moi d'être choisi pour coordonner ce projet », a indiqué Nicolas Mansard, chercheur en robotique, médaillé de bronze du CNRS et coordinateur du projet MEMMO lors de la cérémonie. Financé par le programme Horizon 2020 sur une durée de quatre ans, le projet MEMMO (Memory of Motion) a réuni un consortium de 10 partenaires européens – dont le LAAS - CNRS - pour un budget de 4 millions d’euros.
Ce projet européen a eu pour objectif de dépasser le savoir-faire actuel du robot marcheur en combinant des compétences en contrôle prédictif et l’apprentissage automatique. « Nous avons voulu prouver qu’il était possible de générer des mouvements complexes pour des robots arbitraires avec des bras et des jambes interagissant dans un environnement dynamique en temps réel », rapporte Nicolas Mansard.
Pour ce faire, le consortium a réuni un groupe d’experts en optimisation numérique, apprentissage machine, contrôle et conception de robot pour dépasser les capacités de contrôle actuels qui ne permettent pas le calcul générique de mouvements complexes en temps réel. « Le projet MEMMO s'appuie sur une mise en mémoire massive de mouvements optimaux précalculés qui sont récupérés et adaptés à de nouvelles situations avec un contrôle prédictif de modèle traitable en temps réel et où tous les capteurs disponibles sont exploités pour un contrôle par rétroaction », explique Nicolas Mansard.
L’équipe a ainsi réalisé trois démonstrateurs : un robot humanoïde travaillant dans une usine du futur dans l'aérospatial (en partenariat avec Airbus, leader de cette industrie), un quadrupède pour explorer des structures de génie civil (tunnels de mines, bâtiments et villes - en partenariat avec Costain, le constructeur britannique du tunnel sous la Manche), et un exosquelette (en partenariat avec la fédération APAJH, association pour adultes et jeunes handicapés) pour permettre aux patients paraplégiques de marcher.
Pour les trois démonstrateurs, la preuve de concept a été réalisée. Si le robot humanoïde n’existe pas encore hors laboratoire, le quadrupède fonctionne mais n’est pas encore un produit, quant à l’exosquelette il est déjà un outil utilisé dans les centres de rééducation. « Nous avons pu démontrer sur une échelle de quatre ans qu’une seule idée pouvait irriguer des champs applicatifs différents et s’implémenter sur trois plateformes différentes. »
Avec une preuve de concept validée, le projet MEMMO ouvre tout un champ de possibilités en termes d’applications industrielles alors qu’une telle technologie révolutionnerait certainement les capacités de mouvement des robots et débloquerait un large éventail de services et d’outils très concrets. « Aujourd’hui l’exosquelette permet à des patients de travailler leur rééducation en centre hospitalier, mais à terme, il pourrait remplacer le fauteuil roulant. »
Vu et lu dans Les Echos du 15/12/22
Mettre en avant un récit européen
https://euroclic.mouvement-europeen.eu/mettre-en-avant-un-recit-europeen/
Le thème central de la récente université d’automne du Mouvement Européen-France était la culture. Cela va bien au-delà, nous devons plaider pour une identité européenne. Malgré nos diversités culturelles les pays en commun portent des valeurs et un héritage commun.
Notre monde s’organise en grands ensembles régionaux qui, pour mieux s’identifier, font chacun valoir un « récit » Les Etats-Unis avec la frontière et le mode de vie américain, la Russie avec l’histoire de son empire, la Chine avec ses 4000 ans de civilisation, le Royaume-Uni et son insularité, la Turquie avec le souvenir de l’empire ottoman, le Proche-Orient avec les lieux saints de l’islam, certain pays africain avec le non-alignement et la colonisation … Ces récits sont abondamment utilisé à des fins politiques, souvent au prix d’une réécriture de l’Histoire ou de dévoiement de notions qui nous sont chères (la Russie et la Chine qui disent être les vrais démocraties).
Face à cette présentation, souvent décomplexée, de la réalité historique de certains pays, l’Europe ne fait pas valoir ce qu’elle a en commun entre ses pays membres, qui sont souvent des sources d’inspirations qui se sont rependues dans le monde. La musique occidentale s’est rependue dans le monde au point que les résultats de concours internationaux sont trustés par les coréens ou les japonais. La pensée occidentale, sa littérature, ses arts graphiques sont largement connus, sans pour autant nier les cultures locales.
Aurions-nous honte de promouvoir nos spécificités ? L’exemple le plus flagrant étant les ponts et portes que nous faisons figurer sur nos billets de banque, faute de choisir quelles figures d’hommes et de femmes célèbres y faire figurer. Qu’est-ce qui nous différentie d’autres continents ? A l’évidence, à la différence des chinois, nous privilégions l’individu sur l’intérêt collectif. Nous acceptons la vérité scientifique, qui pour d’autres, vient contredire des croyances religieuses, nous ne plaçons pas sous la bénédiction divine nos institutions comme le font les américains etc.
Mettre en avant un récit européen, serait un moyen de faire prendre conscience des citoyens de leurs spécificités et de s’affirmer dans le monde. Les moyens nous en sont donnés par notre histoire, par notre réalité européenne d’aujourd’hui, par les ambitions que nous avons pour le monde.
L’histoire des Européens leur fourni des repères dont ils peuvent être fiers : invention de la démocratie à Athènes, d’un droit romain qui perdure jusqu’aujourd’hui, de l’humanisme, des droits de l’Homme, séparation de l’église et de l’Etat, Etat de droit, économie sociale de marché, idéal de paix illustré par le seul exemple qu’elle constitue de réunion pacifique de tout un continent, développement d’une culture qui s’est diffusée dans le monde entier.
L’Europe d’aujourd’hui est faite d’échanges entre humains de cultures différentes et associés de façon pacifique. C’est la promotion d’une gouvernance mondiale au service des biens communs de l’humanité, le leadership dans l’action pour le climat.
L’ambition pour le monde est une présence de l’Europe à hauteur des grandes puissances qualifiées de « rivaux systémiques », la promotion de régulations qui préservent la paix, l’état de la planète, qui minimise les déséquilibres de la finance et l’accroissement des inégalités, qui garantissent les droits des personnes, qui encadrent les questions éthiques que pose les progrès scientifique et technique, mais aussi les concentrations de pouvoirs économiques face aux pouvoirs politiques.
Affirmer les valeurs de l’Europe ne veut pas dire nier les autres cultures ou autres systèmes de valeurs, mais cultiver une identité commune déjà largement partagée.
Emmanuel Macron dans une récente allocution devant le Parlement européen a parlé d’un « leg européen » je pense qu’il faut aller plus loin et parler d’un récit qui puise sa source dans l’acquis, mais aussi trace notre ambition au services de l’Europe et du monde.
Ce sujet mériterait un débat avec le concours d’historiens, mais aussi de politologues et de philosophes, sans omettre de le placer dans une actualité qui le rend indispensable : changement climatique, résurgence des logiques de puissance (Ukraine, Taiwan…), défaut de gouvernance conduisant à des drames (Liban, Ethiopie), retour du religieux…
François Vié, vice-président du Mouvement Européen-Pas-de-Calais