Aristide Briand, l’initiateur de l’idée européenne
Il n’a pas à proprement parlé participé à la création de l’UE que nous connaissons aujourd’hui, et j’espère demain, mais il fût certainement un de ses précurseurs, au même titre que Victor Hugo (https://www.taurillon.org/victor-hugo-le-grand-pere-de-la-construction-europeenne), qui lui le 21 août 1849, durant le Congrès de la Paix (https://www.taurillon.org/Victor-Hugo-au-Congres-de-la-Paix-de-1849-son-discours,02448), présenta dans son discours d’ouverture, son rêve de créer les « Etats Unis d’Europe ».
Mais pour en revenir à Aristide Briand, partisan lui d’une « Fédération européenne », il commença sa vie à Nantes en 1862, dans une famille de cafetiers d’origine paysanne.
Ensuite, après des études somme toute normales jusqu’à l’obtention de son bac, il entreprit des études de droit et devint clerc de notaire.
Très tôt intéressé par la politique, il l’accostera par le biais du journalisme en débutant comme simple rédacteur dans un journal appelé la Démocratie de l’Ouest, puis en devenant directeur politique d’un autre appelé lui l’Ouest Républicain.
Plutôt à la gauche de l’échiquier politique français, il militera tout d’abord dans les rangs du syndicalisme révolutionnaire, rejoignant par la suite les radicaux-socialistes, et en 1901 le Parti socialiste français de Jean Jaurès, dont il est très proche, comme secrétaire général, et ensuite en 1902 comme député.
Devenu entre-temps avocat à la cour de Pontoise (95), il se fera définitivement connaître comme journaliste dans un feuillet anticlérical appelé La Lanterne, mais aussi et surtout en collaborant dès sa création en 1904, au journal l’Humanité.
Mais la politique deviendra au fil des années une activité plus qu’importante, avec en 1906 son 1er poste de ministre, celui de l’instruction publique et des cultes, lui permettant de mettre en application la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat (https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGISCTA000006085397#:~:text=La%20R%C3%A9publique%20assure%20la%20libert%C3%A9,int%C3%A9r%C3%AAt%20de%20l'ordre%20public.&text=La%20R%C3%A9publique%20ne%20reconna%C3%AEt%2C%20ne%20salarie%20ni%20ne%20subventionne%20aucun%20culte.), à laquelle il participa pleinement comme rapporteur, apprécié, tant par son pragmatisme que par son talent de négociateur, permettant à cet projet de loi de faire finalement se rejoindre deux antagonistes diamétralement opposés qu’étaient la République laïque, et une partie non négligeable du clergé français, suivant à la lettre près le Vatican, totalement opposé.
Et après cette 1ère fonction, il deviendra tout au long de sa carrière politique, 25 fois ministre, dont 17 fois aux affaires étrangères, et sera onze fois président du conseil, notamment durant les périodes critiques que furent les batailles de la Marne et de Verdun, soit entre octobre 1915 et mars 1917.
Et c’est justement cette guerre, qu’il vécut au plus près des décisions, démontrant là ses capacités à répondre aux problématiques du moment, qui lui fera emboiter le pas du pacifisme (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pacifisme) ambiant, partisan qu’il était d’une politique de paix et de collaboration internationale.
Mais loin d’un pacifisme englobant une doctrine de non-violence, ses actions eurent plutôt pour but au début de ce positionnement de rapprocher l’Allemagne et la France afin de créer une réelle entente, aboutissant notamment par les accords dits de Locarno en 1925 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pacifisme), et de l’entrée de l’Allemagne dans la SDN ou Société des Nations (https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_des_Nations) en 1926, qui je le rappelle est un peu considéré comme l’annonciatrice de l’ONU, occasionnant pour lui l’obtention du prix Nobel de la paix, en commun avec son homologue allemand, Gustav Stresemann, et suivi en 1928 de l’élaboration d’un traité multilatéral établissant la guerre hors-la-loi, appelé pacte « Briand-Kellogg », pensé avec le secrétaire d’Etat américain Frank Billings Kellogg.
Ensuite, voulant élargir son souhait d’une politique similaire à l’échelle européenne, il reprit en 1929 l’idée d’un certain comte et diplomate autrichien, Richard Coudenhove-Kalergi, fondateur du mouvement « Pan-Europa » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_paneurop%C3%A9enne_internationale), en suggérant donc la création d’une fédération européenne, dont la compétence s’exercerait essentiellement en matière économique, sans porter atteinte à la souveraineté nationale de chacun, serait composée d’un comité politique permanent, avec une gouvernance confiée à tour de rôle aux états membres, et le tout en créant un marché commun, assortie même d’une union européenne de défense, soit une idée qu’il proposa durant un discours à la tribune de la SDN en 1929.
Et ce n’est donc malheureusement qu’après la seconde guerre mondiale, et ses 50 millions de morts et plus, que reviendra cette idée chère à ces deux hommes illustres, avec la signature en 1957 du traité de Rome et donc de la création de la Communauté Economique Européenne (CEE), imaginées par ceux que nous appelons aujourd’hui les pères fondateurs (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2018/09/le-rendez-vous-de-l-europe-les-peres-fondateurs.html).
Alors, la question à laquelle je n’ai pas de réponse aujourd’hui, mais en existe-t-il une vraiment, se sont-ils inspirés de ces idées, ou est-ce seulement en raison de leurs vécus communs durant les guerres passées ?
Peut-être les deux en fait, car finalement celles d’Aristide Briand, plus complètes et plus politiques que celles de Victor Hugo, ressemblent assez fortement à ce qui à été mis en place, avec notamment celle consistant à réconcilier les nations européennes plutôt que d’encourager un équilibre précaire des puissances.
Alors, d’aucuns à l’époque lui reprochèrent son soit disant pacifisme idéaliste, récoltant même un surnom, le « pèlerin de la paix », mais même si la paix en Europe était effectivement pour lui un but, si ce n’est le but de sa vie, il n’était certainement pas celui de la capitulation face à ses adversaires, ce que d’aucuns aujourd’hui souhaiteraient nous proposer en abandonnant cette maxime jamais démentie, qui est celle de rester uni pour peser dans le monde qui nous entoure, en nous vendant un retour à un passé de nations dites souveraines, libres (soit disant) de décider par elles-mêmes, mais certainement bien démunies face à ce monde qui se profile.
Donc, à quelques semaines des élections européennes, attention à bien choisir ceux qui comme Aristide Briand, Victor Hugo avant lui, et bien évidemment les pères fondateurs, souhaitent perpétuer l’idée de départ, et faire que l’UE reste ce continent où la paix règne entre ses nations adhérentes, mais aussi qu’elle se fasse respecter en dehors de ses frontières, et ce à tous niveaux.
Allez voter, allons voter, l’abstentionnisme n’est pas (plus) une option, notre avenir, et pas seulement européen en dépend.
Jacques Samela
Sources :
. https://fr.wikipedia.org/wiki/Aristide_Briand
. https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/index.php/fr/aristide-briand
. https://francearchives.gouv.fr/fr/pages_histoire/39022
. Aristide BRIAND : fragment d'un discours à la SDN sur le désarmement