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portrait francais.

Aristide Briand, l’initiateur de l’idée européenne

Publié le par Jacques SAMELA.

Aristide Briand, l’initiateur de l’idée européenne
Aristide Briand, l’initiateur de l’idée européenne

Il n’a pas à proprement parlé participé à la création de l’UE que nous connaissons aujourd’hui, et j’espère demain, mais il fût certainement un de ses précurseurs, au même titre que Victor Hugo (https://www.taurillon.org/victor-hugo-le-grand-pere-de-la-construction-europeenne), qui lui le 21 août 1849, durant le Congrès de la Paix (https://www.taurillon.org/Victor-Hugo-au-Congres-de-la-Paix-de-1849-son-discours,02448), présenta dans son discours d’ouverture, son rêve de créer les « Etats Unis d’Europe ».

Mais pour en revenir à Aristide Briand, partisan lui d’une « Fédération européenne », il commença sa vie à Nantes en 1862, dans une famille de cafetiers d’origine paysanne.

Ensuite, après des études somme toute normales jusqu’à l’obtention de son bac, il entreprit des études de droit et devint clerc de notaire.

Très tôt intéressé par la politique, il l’accostera par le biais du journalisme en débutant comme simple rédacteur dans un journal appelé la Démocratie de l’Ouest, puis en devenant directeur politique d’un autre appelé lui l’Ouest Républicain.

Plutôt à la gauche de l’échiquier politique français, il militera tout d’abord dans les rangs du syndicalisme révolutionnaire, rejoignant par la suite les radicaux-socialistes, et en 1901 le Parti socialiste français de Jean Jaurès, dont il est très proche, comme secrétaire général, et ensuite en 1902 comme député.

Devenu entre-temps avocat à la cour de Pontoise (95), il se fera définitivement connaître comme journaliste dans un feuillet anticlérical appelé La Lanterne, mais aussi et surtout en collaborant dès sa création en 1904, au journal l’Humanité.

Photo J.S

Photo J.S

Mais la politique deviendra au fil des années une activité plus qu’importante, avec en 1906 son 1er poste de ministre, celui de l’instruction publique et des cultes, lui permettant de mettre en application la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat (https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGISCTA000006085397#:~:text=La%20R%C3%A9publique%20assure%20la%20libert%C3%A9,int%C3%A9r%C3%AAt%20de%20l'ordre%20public.&text=La%20R%C3%A9publique%20ne%20reconna%C3%AEt%2C%20ne%20salarie%20ni%20ne%20subventionne%20aucun%20culte.), à laquelle il participa pleinement comme rapporteur, apprécié, tant par son pragmatisme que par son talent de négociateur, permettant à cet projet de loi de faire finalement se rejoindre deux antagonistes diamétralement opposés qu’étaient la République laïque, et une partie non négligeable du clergé français, suivant à la lettre près le Vatican, totalement opposé.

Et après cette 1ère fonction, il deviendra tout au long de sa carrière politique, 25 fois ministre, dont 17 fois aux affaires étrangères, et sera onze fois président du conseil, notamment durant les périodes critiques que furent les batailles de la Marne et de Verdun, soit entre octobre 1915 et mars 1917.

Et c’est justement cette guerre, qu’il vécut au plus près des décisions, démontrant là ses capacités à répondre aux problématiques du moment, qui lui fera emboiter le pas du pacifisme (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pacifisme) ambiant, partisan qu’il était d’une politique de paix et de collaboration internationale.

Mais loin d’un pacifisme englobant une doctrine de non-violence, ses actions eurent plutôt pour but au début de ce positionnement de rapprocher l’Allemagne et la France afin de créer une réelle entente, aboutissant notamment par les accords dits de Locarno en 1925 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pacifisme), et de l’entrée de l’Allemagne dans la SDN ou  Société des Nations (https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_des_Nations) en 1926, qui je le rappelle est un peu considéré comme l’annonciatrice de l’ONU, occasionnant pour lui l’obtention du prix Nobel de la paix, en commun avec son homologue allemand, Gustav Stresemann, et suivi en 1928 de l’élaboration d’un traité multilatéral établissant la guerre hors-la-loi, appelé pacte « Briand-Kellogg », pensé avec le secrétaire d’Etat américain Frank Billings Kellogg.

Ensuite, voulant élargir son souhait d’une politique similaire à l’échelle européenne, il reprit en 1929 l’idée d’un certain comte et diplomate autrichien, Richard Coudenhove-Kalergi, fondateur du mouvement « Pan-Europa » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_paneurop%C3%A9enne_internationale), en suggérant donc la création d’une fédération européenne, dont la compétence s’exercerait essentiellement en matière économique, sans porter atteinte à la souveraineté nationale de chacun, serait composée d’un comité politique permanent, avec une gouvernance confiée à tour de rôle aux états membres, et le tout en créant un marché commun, assortie même d’une union européenne de défense, soit une idée qu’il proposa durant un discours à la tribune de la SDN en 1929.

Photo J.S

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Et ce n’est donc malheureusement qu’après la seconde guerre mondiale, et ses 50 millions de morts et plus, que reviendra cette idée chère à ces deux hommes illustres, avec la signature en 1957 du traité de Rome et donc de la création de la Communauté Economique Européenne (CEE), imaginées par ceux que nous appelons aujourd’hui les pères fondateurs (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2018/09/le-rendez-vous-de-l-europe-les-peres-fondateurs.html).

Alors, la question à laquelle je n’ai pas de réponse aujourd’hui, mais en existe-t-il une vraiment, se sont-ils inspirés de ces idées, ou est-ce seulement en raison de leurs vécus communs durant les guerres passées ?

Peut-être les deux en fait, car finalement celles d’Aristide Briand, plus complètes et plus politiques que celles de Victor Hugo, ressemblent assez fortement à ce qui à été mis en place, avec notamment celle consistant à réconcilier les nations européennes plutôt que d’encourager un équilibre précaire des puissances.

Alors, d’aucuns à l’époque lui reprochèrent son soit disant pacifisme idéaliste, récoltant même un surnom, le « pèlerin de la paix », mais même si la paix en Europe était effectivement pour lui un but, si ce n’est le but de sa vie, il n’était certainement pas celui de la capitulation face à ses adversaires, ce que d’aucuns aujourd’hui souhaiteraient nous proposer en abandonnant cette maxime jamais démentie, qui est celle de rester uni pour peser dans le monde qui nous entoure, en nous vendant un retour à un passé de nations dites souveraines, libres (soit disant) de décider par elles-mêmes, mais certainement bien démunies face à ce monde qui se profile.

Photo J.S

Photo J.S

Donc, à quelques semaines des élections européennes, attention à bien choisir ceux qui comme Aristide Briand, Victor Hugo avant lui, et bien évidemment les pères fondateurs, souhaitent perpétuer l’idée de départ, et faire que l’UE reste ce continent où la paix règne entre ses nations adhérentes, mais aussi qu’elle se fasse respecter en dehors de ses frontières, et ce à tous niveaux.

Allez voter, allons voter, l’abstentionnisme n’est pas (plus) une option, notre avenir, et pas seulement européen en dépend.

Jacques Samela

 

Sources :

. https://fr.wikipedia.org/wiki/Aristide_Briand

. https://www.senat.fr/connaitre-le-senat/lhistoire-du-senat/dossiers-dhistoire/20e-anniversaire-de-labolition-de-la-peine-de-mort/les-grands-noms-de-labolition-aristide-briand-1862-1932.html

. https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/index.php/fr/aristide-briand

. https://francearchives.gouv.fr/fr/pages_histoire/39022

. https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/5-septembre-1929-aristide-briand-appelle-les-peuples-a-se-desarmer

. Aristide BRIAND : fragment d'un discours à la SDN sur le désarmement

. https://www.taurillon.org/victor-hugo-le-grand-pere-de-la-construction-europeenne#:~:text=Il%20consid%C3%A9rait%20ainsi%20le%20continent,%C3%A0%20l'Europe%20des%20rois%20.

. https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/un-ete-avec-victor-hugo/le-reve-europeen-2655140?at_medium=Adwords&at_campaign=france_inter_search_dynamic_podcasts&gad_source=1&gclid=EAIaIQobChMIybCIsaKPhQMVo0hBAh1pMQ9REAMYASAAEgKWTPD_BwE

. https://www.senat.fr/connaitre-le-senat/lhistoire-du-senat/dossiers-dhistoire/bicentenaire-de-la-naissance-de-victor-hugo/le-visionnaire-universaliste-1.htm

Publié dans Portrait français.

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Jacques Delors, un européen par excellence

Publié le par Jacques SAMELA.

Jacques Delors, un européen par excellence
Jacques Delors, un européen par excellence

En ce début d’année 2024, disparait donc un des personnages phare de la construction européenne, rejoignant en cela le cercle restreint des dits pères fondateurs.

Homme politique français, inspirateur (parmi d’autres) de la seconde gauche, il débutera sa carrière sous l’égide de Jacques Chaban Delmas (https://www.gouvernement.fr/jacques-chaban-delmas), alors 1er ministre du président Pompidou (https://www.gouvernement.fr/georges-pompidou), comme conseiller en charge des affaires sociales et de la formation professionnelle.

Adhérant en 1974 au parti socialiste, il deviendra en 1981 ministre des finances du président Mitterrand (https://www.elysee.fr/francois-mitterrand) jusqu’en 1984.

Et en 1995, pressenti pour représenter la gauche à la présidentielle, il décidera de ne pas se présenter, estimant selon lui qu’il ne pourrait bénéficier d’une majorité suffisante pour gouverner dans de bonnes conditions. Il en deviendra l’homme qui dit non (https://www.cultura.com/p-jacques-delors-l-homme-qui-dit-non-3253529.html), ayant par deux fois déjà, refusé la fonction de 1er ministre.

Par contre, sur la scène européenne, on peut considérer que ce fut plutôt une succession de oui, et ce depuis son élection au parlement européen en 1979, où justement il acceptera la présidence de la Commission économique et monétaire jusqu’à son retour sur la scène nationale en 1981 (voir ci-dessus).

Donc, Oui à la présidence de la Commission européenne, et ce pendant 10 ans, Oui à l’acte unique, en 1986, élargissant en cela les compétences de l’Union dans les domaines de la cohésion économique et sociale, de l’environnement et du dialogue social, Oui à la réforme des institutions communautaires, à l’élargissement à l’est, Oui au budget européen, à l’Europe sociale, à Erasmus (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2018/09/le-rendez-vous-de-l-europe-erasmus.html), considéré aujourd’hui comme l’une des plus belle réussite de l’UE, et bien sûr Oui à l’Euro (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2018/11/le-rendez-vous-de-l-europe-l-uro.html). 

J’en oublie, c’est certain, mais il est clair que son passage aura plus que bouleversé une construction européenne quelque peu malmenée à son arrivée, la laissant pour le coup, consolidée, et élargie à 15 Etats au moment de son départ en 1995.

Cependant, loin de quitter la scène européenne, au sortir de son dernier mandat, Jacques Delors créera un think tank appelé « Notre Europe », aujourd’hui connu comme l’Institut Jacques Delors (https://institutdelors.eu/). Il deviendra par la suite président du conseil d’administration du Collège d’Europe de Bruges (https://www.coleurope.eu/fr) de 1995 à 1999, et recevra en 2015 par le Conseil européen, la distinction de Citoyen d’honneur de l’Europe. Sans oublier le prix Jean Monnet, reçu lui en 1988, qui je le rappelle, est considéré comme l’un des pères de l’Europe (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2018/09/le-rendez-vous-de-l-europe-les-peres-fondateurs.html).

Et c’est bien ce parcours qui fût honoré par nombres de dirigeants européens durant la cérémonie du 05 janvier dernier, aux Invalides, où même le 1er ministre hongrois, pourtant peu soupçonné d’être un fervent supporter des instances européennes, avec pour la clôturer, le président de la République, saluant là un homme qui a selon lui « réconcilié véritablement la France avec l’Europe », et « l’Europe avec son avenir », qui je le rappelle en passant se jouera à nouveau les 6 et 9 juin prochain (https://elections.europa.eu/fr/).

Vu et lu dans Les Echos du 28/12/23
Vu et lu dans Les Echos du 28/12/23

Vu et lu dans Les Echos du 28/12/23

Et oui, comme à chaque fois en fait .Car comme la dernière fois, et à 5 mois des résultats finaux, nous avons droit à la même rengaine de la part des médias (https://www.euractiv.fr/section/elections/news/europeennes-2024-au-parlement-europeen-un-glissement-vers-la-droite-attendu/?utm_source=Euractiv&utm_campaign=ac571e9037-EMAIL_CAMPAIGN_2023_11_03_09_29_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_-340ef6fac4-%5BLIST_EMAIL_ID%5D) concernant une arrivée puissante et tonitruante à l’hémicycle européen de forces que j’appellerai réactionnaires (pour ne pas dire plus), avec comme idée principale, pas très cachée (ou alors tellement bien que cela en devient de l’aveuglement facile), de détruire l’UE de l’intérieur.

Alors il est clair que si on relate de ce qui ne vas pas très bien dans l’UE aujourd’hui, à longueur de journées, on peut légitimement se poser des questions. Cependant, depuis les dernières élections, on peut considérer que tout ne va pas si mal sur le « vieux continent », avec on le voit une prise de conscience quant à sa défense, sa souveraineté, ses projets d’avenir, et son rôle international, devenant chaque jours de plus en plus visible, ce qui bien évidemment  n’est pas du goût de certains, dont des relais bien distincts, tentent de saper les avancées de ce projet, qui comme vous le savez, avait pour but d’éviter à nouveau la guerre sur son territoire, mais aussi d’obliger des Nations à se réunir pour bâtir l’avenir de leurs enfants, au lieu de repartir sur des bases bien trop utilisées durant le siècle dernier.

C’est ce que dit tout simplement Robert Schuman le 09 mai 1950, « L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait », et que Jacques Delors ne renia en rien durant son long passage à la Commission.

Donc, ne nous laissons pas mener par des idées à contre-courant, soit disant de ruptures (plutôt de séparations comme le Brexit), nous serions rapidement mis au ban du monde de demain, à la merci d’acteurs dont leurs buts est tout simplement d’imposer leurs manières de penser, sans pouvoir ne plus prendre des décisions fortes comme celle qui permis de lever 750 millions d’Euros (une 1ère fois) pour répondre à la crise du Covid, ou encore celle consistant à adopter de lourdes sanctions (exceptionnelles) pour répondre à l’agression de l’Ukraine.

Et j’en passe, car bien évidemment d’autres sujets, comme le « Green Deal » ou pacte vert pour l’Europe (https://www.touteleurope.eu/environnement/qu-est-ce-que-le-pacte-vert-pour-l-europe/), la cybersécurité, l’immigration clandestine, l’élargissement à d’autres pays, seront à mener pour les prochaines années, avec je l’espère, des forces politiques n’ayant qu’un seul but, soit de continuer les projet des pères fondateurs de l’Europe, qui plus est encore cette année, avec la célébration du 80ème anniversaire du débarquement allié en Normandie (https://www.normandie-tourisme.fr/evenement/anniversaire-du-debarquement-normandie-1944/), car selon moi, cela serait un message particulier, pour ne pas dire gravissime quant à la suite de l’avancement de l’UE, et une claque à tous ceux qui se sont sacrifiés hier pour nous permettre de vivre en liberté.

Attention à nos choix, notre avenir européen en dépend.

Jacques Samela

 

Sources :

. https://institutdelors.eu/tous-les-contributeurs/jacques-delors/

. https://www.sciencespo.fr/histoire/fr/fonds-archive/delors-jacques.html

. https://www.gouvernement.fr/actualite/hommage-national-a-jacques-delors

. https://www.touteleurope.eu/histoire/jacques-delors-digne-heritier-des-peres-de-l-europe/

 

A lire :

. https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/les-personnalites-historiques-de-l-union-europeenne/

. https://www.touteleurope.eu/institutions/qui-sont-les-dirigeants-des-institutions-europeennes/

 

Publié dans Portrait français.

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Thierry Breton & Nicolas Dufourcq, en mission

Publié le par Jacques SAMELA.

Thierry Breton & Nicolas Dufourcq, en mission
Thierry Breton & Nicolas Dufourcq, en mission

Après vous avoir fait découvrir Louis Gallois (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2021/01/louis-gallois-l-homme-de-la-competitivite-francaise.html) et Christine Lagarde (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2016/03/christine-lagarde-une-femme-francaise-d-influence.html), soit le précurseur de la nouvelle compétitivité française, et la présidente actuelle de la Banque centrale européenne, voici donc cette fois-ci, pas un, mais deux autres portraits français (déjà fait ultérieurement), que je présenterai comme les « activistes » de la réindustrialisation, française et européenne, soit Nicolas Dufourcq, nouvellement reconduit dans ses fonctions de directeur général de Bpifrance (http://competitiviteinfrance.overblog.com/bpi-france-la-banque-de-la-reconqu%C3%AAte), et Thierry Breton, actuel commissaire européen au Marché intérieur.

Alors, comme d’habitude, et sans faire acte de préférence, ma première présentation concernera donc Thierry Breton, eu égard seulement à la première lettre de son prénom.

Donc, aujourd’hui commissaire européen au Marché intérieur, qui intègre également la politique industrielle, la défense et l’espace, soit une première dans le fonctionnement de l’UE en englobant enfin ces sujets, devenus aujourd’hui primordiaux pour qu’elle prenne sa place dans le monde de demain, et pèse de tout son poids face à la Chine et aux Etats-Unis.

Et ce poste, il permet également à la France de se retrouver à nouveau sur le devant de la scène des institutions européennes, avec comme souhait d’y défendre des idées pas toujours bien perçues, voire considérées arrogantes, mais malgré tout primordiales (https://www.vie-publique.fr/en-bref/285577-bilan-de-la-presidence-francaise-du-conseil-de-lunion-europeenne). Je rappelle juste que la France est un des pays fondateurs de l’UE.

Sinon, pour en revenir au personnage, et notamment à son parcours, on peut dire qu’il est plutôt chargé ou complet, c’est selon.

En effet, après une scolarité à l’Ecole alsacienne de Paris, suivie d’une prépa aux grandes écoles au Lycée Louis le Grand, il obtient en 1979 un diplôme d’ingénieur à Supélec, et dans le cadre de son service national, au titre de la coopération, il devient professeur d’informatique et de mathématiques au lycée français de New York.

Ensuite, après cette expérience certainement enrichissante, il crée en 1981 une société d’analyse de systèmes et d’ingénierie informatique appelée Forma Systems, qu’il dirigera pendant cinq ans, avant cette fois-ci de se consacrer au projet du Futuroscope à Poitiers, suite à une rencontre avec son instigateur René Monory (1923-2009), plusieurs fois ministre, et dont son principal fait sur cette idée, sera d’en imaginer la création de la Technopôle (https://www.lavienne86.fr/au-quotidien/attractivite/outils-damenagement/la-technopole-du-futuroscope/site-internet-de-la-technopole).

Lieu où il embrassera également une carrière politique, tout d’abord en intégrant en 1986 le cabinet de celui qui deviendra son mentor (voir ci-dessus), comme conseiller pour l’informatique et les technologies nouvelles au ministère de l’éducation, ensuite, en devenant conseiller régional de Poitou-Charentes, et finalement ministre de l’économie, des finances et de l’industrie dans le gouvernement Raffarin, alors 1er ministre du président Chirac (2005), où il sera l’un des artisans de la privatisation des autoroutes et de France Télécom.

Entreprise qu’il connait par ailleurs très bien, puisqu’il en fut le dirigeant pendant plusieurs années à partir de 2002, contribuant à relever celle qui est surnommée à l’époque « l’entreprise la plus endettée au monde », à hauteur de 70 milliards d’Euros, à premier opérateur historique à avoir élaboré et mis en œuvre le concept d’ »opérateur intégré », et ramenant en moins de trois ans la dette en dessous des 40 millions d’Euros.

Mais avant cela, il fut le directeur général de la société CGI de 1990 à 1993, suivi de directeur de la stratégie et du développement de la société Bull, avant d’en devenir directeur général adjoint, et au final vice-président à l’âge de 40 ans.

En 1997, il est nommé à la tête du groupe Thomson, alors valorisé un franc symbolique, qu’il réussira à valoriser jusqu’à 100 milliards de francs en 2002, lui valant au passage d’être nommé « stratège de l’année » par le quotidien économique La Tribune.

Ensuite, et après son passage à la tête de France Télécom (voir plus haut), il sera nommé en 2008 président du directoire de l’entreprise Atos Origin (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2019/05/atos-le-mousquetaire-du-numerique.html), puis PDG un an plus tard, avec quelques faits marquants à son actif, comme le rachat du groupe allemand Siemens IT Solutions & Services, permettant à Atos de se hisser au 2ème rang européen derrière IBM, tout en devenant « l’Airbus » des services informatiques, l’acquisition des sociétés Bull, qu’il connait bien (voir plus haut), et Xerox ITO, ou encore l’entrée du groupe au CAC 40,avec une capitalisation de 7,29 milliards d’Euros.

Et cette fonction, il la quittera en 2019 pour son poste actuel, que je ne vous présente plus.

Par-contre, saviez-vous qu’il est aussi un écrivain à succès ?

En effet, et ce depuis l’âge de 29 ans, où il publiera en 1984 son premier ouvrage, coécrit avec Denis Beneich, intitulé Softwar, considéré comme l’un des premiers à se saisir du sujet des virus informatiques, traduit en une dizaine de langues, vendu à 1,5 millions d’exemplaires, et adapté à la télévision en 1992.

Suivront en 1985 un livre intitulé Vatican III, imaginant cette fois-ci la propagande de l’image par le biais de satellites géostationnaires, et obtenant le prix du meilleur roman de science-fiction de l’année à l’occasion des Gutenberg du livre, en 1987, et Netwar, distingué lui par le prix Mannesman-Tally, récompensant le meilleur roman lié au secteur informatique, complétés par six essais de 1991 à 2007.

Comme quoi, rien ne l’arrête, ce qui finalement semble être un des traits forts de sa personnalité, car aujourd’hui, dans le cadre de sa fonction plus que stratégique, il impose ses vues et ses décisions au moyen d’une méthode jugée par certains trop directe, voire agaçante, certainement acquise tout au long de son parcours, notamment industriel. Cependant, malgré quelques réticences, elle a l’air de fonctionner, ce qui pour l’UE est une chance, selon moi.

Vu et lu dans Challenges n° 776 du 02/03/23

Vu et lu dans Challenges n° 776 du 02/03/23

 

Et maintenant, place donc au second portrait français, Nicolas Dufourcq, dont l’ambition est de relever l’industrie française, faisant l’objet même d’un livre écrit de ses mains, intitulé « La désindustrialisation de la France », paru en juin dernier chez Odile Jacob.

Et c’est bien comme directeur général de Bpifrance qu’il compte favoriser ce retour, car rappelons-le quand même, la France est le pays de l’UE le plus désindustrialisé, à l’exception de la Grèce, avec en 2021, une représentation de 16,8 % dans notre PIB, alors que l’Allemagne en était à 26,6 %, l’Italie à 22 %, et la Suède à 20,5 %.

C’était certainement les conséquences de ce que l’on a appelé à l’époque, le concept du « fabless »  (https://www.lepoint.fr/economie/le-fabless-passion-francaise-13-10-2011-1387565_28.php#11), et qui durant la crise du Covid s’est révélé problématique, avec la difficulté de trouver sur place des masques, des médicaments, et encore moins la possibilité de produire des vaccins.

Mais bon, avant de devenir le pourfendeur, non masqué, de la désindustrialisation française, il fut étudiant au lycée Henri IV de Paris, obtint les diplômes de Paris HEC, où il prit le temps de créer 5 startups, et de l’ENA, avec comme idée qu’une voie était toute tracée pour ce fils d’ambassadeur, et d’une mère secrétaire d’état à la Recherche au sein du gouvernement Juppé en 1995.

Et ce fut effectivement le cas, en embrassant la fonction d’inspecteur des finances pendant plusieurs années, avant de bifurquer vers la politique, en devenant le directeur adjoint du cabinet de René Teulade, alors ministre des affaires sociales et de l’intégration au sein du gouvernement Bérégovoy (1992)

Il y reviendra un an plus tard, avant cette fois-ci de découvrir l’industrie, en devenant chargé de mission auprès du directeur général de France Télécom, conseiller du président, directeur de différentes branches du groupe, y développant, avant d’en devenir le PDG, le fournisseur d’accès à internet Wanadoo, pour finir comme directeur exécutif de la branche téléphonie et internet du groupe.

Quand on y regarde bien, quelques similitudes existent entre ces deux messieurs, l’incursion dans le monde politique, mais aussi leur passage au sein du groupe France Télécom. Mais vous l’aviez peut-être déjà vu ?

Ensuite, il intégrera le groupe Capgemini au poste de directeur délégué de la France et d’une partie de l’Europe, avant de prendre celui de directeur général adjoint chargé des finances, de la gestion des risques et j’en passe (voir le reste sur Wikipedia), et au final, de directeur du suivi des grands comptes, où il entreprendra avec succès au redressement du groupe.

Et donc, pour se retrouver aujourd’hui au poste que vous connaissez, depuis 2013, avec à son actif la mise en place d’une structure désormais incontournable dans l’investissement de l’innovation en France, devenant au fil des ans le pourvoyeur de l’écosystème français des start-up, par le biais de systèmes de prêts, de prises de participation directe ou via des fonds, ou encore le développement de plans consacrés à la « Deeptech », ainsi que celui intitulé « French Fab », contribuant justement à la réindustrialisation de l’Hexagone, affaire qu’il compte mener en amateur avisé d’alpinisme, soit avec difficulté, mais avec persévérance.

Ce que sont finalement nos deux défenseurs de l’industrie, française et européenne, naviguant à contre-courant de ce qui a été la norme pendant de nombreuses années, et qu’ils remettent au gout du jour pour le bien de nos nations, faisant que le mot souveraineté ne soit pas juste un état d’esprit de repli sur soi, voire de protectionnisme ravageur, mais plutôt de reconquête.

Jacques Samela

 

Sources :

 

1/ Thierry Breton

. Wikipedia

. https://www.decideurs-magazine.com/finance/37055-thierry-breton-le-super-commissaire.html

. https://www.contexte.com/article/pouvoirs/thierry-breton-corsaire-europeen-a-lindustrie_163501.html

. https://confrontations.org/tdorgetconfrontations-org/le-grand-entretien-thierry-breton-la-force-qui-est-la-notre-cest-la-solidarite/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=le-grand-entretien-thierry-breton-la-force-qui-est-la-notre-cest-la-solidarite

. https://www.economie.gouv.fr/saef/thierry-breton

. https://ec.europa.eu/commission/commissioners/2019-2024/breton_fr

A lire :

. https://www.ecoreseau.fr/actualites/economie-societe/la-neuvieme-de-thierry-breton-2023-03-13-92210?utm_campaign=Matinale_Mardi_-_20230314&utm_medium=email&utm_source=sendinblue

 

 

2/ Nicolas Dufourcq

. https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Dufourcq

. https://www.la-croix.com/Nicolas-Dufourcq-financier-service-start-innovation-2023-01-24-1301252183

. https://www.frenchweb.fr/nicolas-dufourcq-financier-au-service-des-start-up-et-de-linnovation/439411

. https://www.ecoreseau.fr/actualites/economie-societe/nicolas-dufourcq-le-reve-dune-france-industrielle-2023-03-05-91859?utm_campaign=Matinale_Lundi_-_20230227&utm_medium=email&utm_source=sendinblue

 

 

 

 

Le Parisien du 15/02/22 // LP/Delphine Goldsztejn

Le Parisien du 15/02/22 // LP/Delphine Goldsztejn

Thierry Breton & Nicolas Dufourcq, en mission

Publié dans Portrait français.

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Philippe Starck (suite)

Publié le par Jacques SAMELA.

Philippe Starck (suite)
Philippe Starck (suite)
Vus et lus dans Arts & Décoration n° 575 de mars 2023, et le Parisien Week-End du 21/10/22
Vus et lus dans Arts & Décoration n° 575 de mars 2023, et le Parisien Week-End du 21/10/22

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Photos J.S
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Christian Lacroix, en perpétuel mouvement

Publié le par Jacques SAMELA.

Christian Lacroix, en perpétuel mouvement
Christian Lacroix, en perpétuel mouvement

Il y a de cela 71 ans, presque jour pour jour, naissait dans la ville d’Arles, mon nouveau portrait français, qui comme vous devez le savoir, fût un des plus grands couturier de sa génération.

Et pourtant, jeune, son souhait était loin de se porter vers le milieu de la mode. En effet, passionné d’art, il entreprendra des études d’histoire de l’art à Montpellier, avant celles qui le menèrent à Paris, à l’Ecole du Louvre, afin de devenir conservateur de musée.

Mais, une rencontre viendra chambouler cette idée, c’est celle qui contribuera à lui faire rencontrer Jean-Jacques Picart, alors attaché de presse dans les milieux de la mode et du luxe, et qui lui ouvrira les portes de prestigieux noms que furent Hermès, Guy Paulin ou encore Jean Patou, l’amenant finalement à embrasser ce monde où la représentation de l’art, plus dans l’apparence, est quelque peu différente de celle qui se trouve dans les musées.

Et c’est avec son pygmalion et par la suite associé qu’en 1987 il créera sa maison de couture, avec le soutien de Bernard Arnault, par le biais de sa société La Financière Agache, qui à la différence d’autres, néanmoins prestigieux, n’attendra que très peu de temps pour attirer l’œil et l’intérêt, de ceux que nous n’appelions pas encore les influenceurs, mais néanmoins à même d’asseoir rapidement une réputation, dans un sens comme dans l’autre.

Vu et lu dans Grazia 2016
Vu et lu dans Grazia 2016

Vu et lu dans Grazia 2016

Pour Christian Lacroix, ce fût dès son premier défilé que sa notoriété pris son envol, en présentant à rebours de la tendance du moment, plutôt axée vers le minimalisme japonais, une collection Haute-Couture, aux dires des experts, ensoleillée, opulente, virtuose, baroque, ce qui finalement correspondait à ce qu’il connaissait et appréciait le plus, le sud, la Provence, sa ville.

Et cela durera des années, présentant à chaque saison, des créations toujours plus colorées, exubérantes, inspirées du folklore de la tauromachie, des traditions gitanes, ainsi que des costumes d’arlésiennes, asseyant au fil des défilés sa place de digne successeur de grands créateurs que furent Christian Dior, Pierre Cardin, Balenciaga, pour ne citer que ceux-ci, la liste est longue, recevant même aux Etats-Unis l’Award du créateur étranger le plus influent..

Et pour faire un parallèle avec un de ses contemporains, en l’occurrence Jean-Paul Gaultier (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2014/10/jean-paul-gaultier-l-enfant-terrible-de-la-mode.html), il était certainement moins transgressif, moins rock, mais pas moins inventif.

Quant à son succès, il l’accompagnera pendant de nombreuses années encore, lui assurant notamment la une des plus prestigieux magazines de mode au monde, même indirectement, où en 1988, Anna Wintour, la papesse de la mode, porta avec un simple jean, une de ses vestes, sur la couverture du Vogue US, l’occasion de dessiner la robe de mariée de l’actrice Catherine Zeta-Jones,  sans pour autant négliger d’autres horizons, sa marque de fabrique finalement, en créant sa première collection homme, des uniformes pour le personnel de vol du groupe Air France, ou encore du linge de maison et des objets de la table.

Vus et lus dans Gala n° 1381 du 28/11/19, Cosmopolitan 2016, et VSD n° 2045
Vus et lus dans Gala n° 1381 du 28/11/19, Cosmopolitan 2016, et VSD n° 2045

Vus et lus dans Gala n° 1381 du 28/11/19, Cosmopolitan 2016, et VSD n° 2045

Et je ne serai pas complet en oubliant son intervention dans l’habillage des voitures du TGV Méditerranée, la création d’illustrations du Petit Larousse, le décor de plusieurs hôtels, de cinémas, ou la création du dessin du timbre de la St Valentin émis par La Poste en 2001.

Vu et lu dans Le Journal de la Maison
Vu et lu dans Le Journal de la Maison

Vu et lu dans Le Journal de la Maison

Vu et lu dans Le Journal de la Maison
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Ce qui au final lui permettra de rebondir rapidement, car malgré son talent plus que reconnu, le succès phénoménal de ses collections, sa maison de couture se retrouvera en proie à de profondes difficultés financières, déjà à l’œuvre en 2005, où suite à des désaccords avec Bernard Arnault sur la stratégie à mettre en oeuvre pour remédier à des résultats jugés insuffisants, la maison sera vendue à Falic Fashion Group, avec en 2008, une aggravation de la situation, dû à la crise financière dite des Subprimes, et qui l’amènera à la déclarer en cessation de paiement, la suppression d’une centaine de poste, et l’arrêt de l’activité haute couture.

Par la suite, Christian Lacroix quittera de lui-même sa maison, laissant aux nouveaux propriétaires le soin de continuer l’aventure, axant notamment les collections de prêt à porter masculin, les lignes d’accessoires homme femme, les tissus d’ameublement, de papiers peints, de papeteries et d’accessoires pour la maison, mais sans pour autant disparaître complètement derrière ses interventions, car depuis 2010, c’est sur le nom de sa société en propre, CXL by Christian Lacroix (www.cxlbylacroix.com), qu’il continue de marquer de son empreinte tous les domaines qui l’interpellent, et qui l’apprécie particulièrement.

Carrefour

Carrefour

Et s’il est un endroit où il se trouve vraiment à son aise, c’est bien celui du théâtre, de l’opéra, une vraie passion même, et de longue date, à la différence de la mode, où il ne considère encore aujourd’hui que comme un costumier, plutôt qu’un couturier, et où depuis de nombreuses années, en parallèle finalement de son activité phare, il apporta sa pâte si reconnaissable à des œuvres de renoms, signées Musset, Feydeau, Debussy, et, cerise sur le gâteau, la possibilité carrément, de passer à la mise en scène de « La Vie parisienne » de Jacques Offenbach, après que les directeurs du Palazzeto Bru Zane à Venise, et du théâtre des Champs-Elysées  à Paris, lui firent comprendre qu’ils souhaitaient qu’il prenne en charge la réalisation de cette œuvre phare de cet auteur, ne voyant que lui aujourd’hui, capable de restituer l’ambiance et le décorum de l’époque.

Vu et lu dans Télérama n° 3592 du 14/11/18
Vu et lu dans Télérama n° 3592 du 14/11/18

Vu et lu dans Télérama n° 3592 du 14/11/18

Finalement une belle reconnaissance pour cet amateur éclairé, qui en 1996, reçut le Molière du meilleur créateur de costumes pour Phèdre à la Comédie-Française, mais qui surtout, enfant, découvrit justement grâce à ses grands-parents, amateurs d’opéras, ce monde très moitié du XIXème siècle, où justement les airs d’Offenbach étaient plus que la norme en famille.

Vu et lu dans Télérama n° 3753 du 15/12/21
Vu et lu dans Télérama n° 3753 du 15/12/21

Vu et lu dans Télérama n° 3753 du 15/12/21

Alors, je ne sais si un jour il récupérera sa maison de couture, mais le veux-il vraiment, en tout cas il est clair que nous aurons l’occasion d’apprécier ses œuvres, et notamment dès le mois prochain, assumant la création des costumes et des décors du ballet intitulé « Le Songe d’une nuit d’été, chorégraphié par George Balanchine (https://www.operadeparis.fr/saison-21-22/ballet/le-songe-dune-nuit-dete) à l’Opéra Bastille.

Et donc, même si je suis en retard, excellent anniversaire Monsieur Lacroix. C’était effectivement le 16 mai dernier.

Jacques Samela

 

Sources :

. https://www.christian-lacroix.com/histoire

. https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Lacroix

. https://fashionunited.fr/actualite/mode/desigual-x-christian-lacroix-dix-ans-de-collaboration/2021031026447

 

A lire :

. https://www.francetvinfo.fr/culture/mode/fashion-week/le-retour-tres-discret-de-christian-lacroix-sur-les-podiums-de-la-paris-fashion-week_3632967.html

. https://www.lesechos.fr/weekend/spectacles-musique/la-vie-parisienne-christian-lacroix-en-habits-de-metteur-en-scene-1367166

Vu et lu dans Le Figaro du 15/05/14
Vu et lu dans Le Figaro du 15/05/14

Vu et lu dans Le Figaro du 15/05/14

Publié dans Portrait français.

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Marc Simoncini, le serial investisseur

Publié le par Jacques SAMELA.

Marc Simoncini, le serial investisseur
Marc Simoncini, le serial investisseur

Avec Xavier Niel, dont j’ai déjà relaté son parcours (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2017/09/xavier-niel-l-oncle-d-amerique-de-la-french-tech.html), et Jacques-Antoine Granjon (le prochain portrait ?), co-fondateur et PDG du site d’e-commerce Veepee, anciennement Vente-privee.com, il est le troisième larron de ce que j’appellerai le « Crew » des business angels hexagonaux, de la tech française à plus si affinités.

Je veux bien évidemment parler de Marc Simoncini (le titre donne une bonne indication), le créateur du site de rencontres devenu mythique, j’ai nommé Meetic.

Seulement, vous allez voir que son parcours ne s’arrête pas seulement à ce seul fait d’armes, au contraire, même si ses débuts ne furent pas de tout repos.

En effet, ayant eu un parcours scolaire plutôt chaotique, avec redoublements de sa 4ème et de sa 1ère, il obtint malgré tout son bac au rattrapage, et incorpora par la suite l’Ecole Supérieure d’Informatique de Montreuil, devenue aujourd’hui Supinfo. Il en sortira diplômé en 1984.

Ne souhaitant pas continuer outre mesure ses études, il créa dès l’année suivante sa première société, du nom de CTB, proposant des services dédiés au Minitel (https://www.techno-science.net/definition/3781.html), invention française, mais malheureusement dépassé par d’autres.

Sa société quant à elle, sera liquidée pour défaut de paiement d’un de ses plus gros clients. D’où peut-être ses multiples casquettes aujourd’hui, mais de cela vous le lirez par la suite.

Donc, après ce coup d’arrêt, il créa très rapidement une nouvelle société, une SSII cette fois-ci, appelée Option Innovation, spécialisée dans le développement de solutions interactives sous UNIX (pour les pros), avec quelques années plus tard, la création d’une nouvelle structure, appelée IFrance, devenant l’un des premiers sites de communauté français à succès.

Il la revendra par la suite pour 45 millions d’Euros et 1 000 000 actions au groupe Vivendi, qui la relèguera au placard, mais cela est une autre histoire, celle des grands groupes qui préfère acheter des pépites, pour,  par la suite, les rendre inopérantes.

Et en parlant d’histoire, c’est durant ces différentes années de créations, qu’il rencontrera Xavier Niel, alors client, manifestement  déjà fidèle.

Quant à l’aventure Meetic, elle débutera elle en novembre 2001, avec pour son créateur peu d’attention, la ressentant plutôt comme un hobby, mais qui finalement, au fur et à mesure de son succès, devint l’air de rien le premier acteur de la catégorie en Europe avec près de 30 millions de profils enregistrés, et près de 30 % de part de marché, soit derrière son principal concurrent, le leader mondial, Match Group, connu notamment pour son propre site de rencontres, Tinder.

Concurrent dont il rachètera les activités en Europe.

Vu et lu dans Le Journal du Dimanche du 28/03/21
Vu et lu dans Le Journal du Dimanche du 28/03/21

Vu et lu dans Le Journal du Dimanche du 28/03/21

Par la suite, après une expansion réussie à l’internationale, et une introduction à la bourse en 2005 pour 500 millions d’Euros, tout en restant avec 20 % des parts l’actionnaire de référence, il développa en parallèle son profil d’investisseur invétéré, en devenant tout d’abord actionnaire du site de poker en ligne Winamax, et en créant en 2009 Jaïna Capital , un fonds d’investissement , dont l’objectif est de privilégier l’innovation dans sa plus pure expression.

EN 2011, il investit près de 8 millions d’Euros dans le site Lentillesmoinscheres.com, tout en créant son propre groupe optique, Sensee (www.sensee.com), avec comme objectif de vendre à bas prix, mais sans négliger la qualité, cela serait même son crédo selon moi, lentilles de contact, lunettes de soleil ou correctrices.

La même année par-contre, il cède 70 % de sa participation de Meetic à son concurrent (voir plus haut), mais il en reste membre du conseil d’administration.

Et l’année d’après, c’est accompagné de ses compères qu’il investira 3 millions d’Euros dans la société française Devialet (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2015/07/devialet-une-pepite-francaise-a-l-ecoute.html), ainsi que 1,5 millions d’euros dans une société produisant elle des dameuses à neige, Aztec.

Ensuite, toujours avec ses compères, il(s) organise(nt) le concours appelé « 101 projets », permettant à 300 jeunes de moins de 25 ans de présenter leur projet en moins de 60 secondes, avec pour ceux étant retenus, une dotation de 25 000 €, représentant en tout et pour tout une enveloppe globale de 25 millions d’€ (https://www.polytechnique.edu/fr/startups-laureates-101-projets?language=en). Manifestement non réitéré, que sont devenus les principaux vainqueurs, quoique dans le lien précédent, vous trouverez le nom de la société Ynsect, présentée récemment, et ayant réalisée une levée de fonds exceptionnelle (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2021/04/ynsect-innovafeed-tomojo-le-trio-de-tete-de-la-coleocuture.html).

Il(s) participe(nt) également à la création d’une société de production de spectacles, intitulée Arts Live (www.artslive-entertainment.com), et ouvre(nt) l’Ecole Européenne des Métiers de l’Internet (www.eemi.com). L’union fait manifestement la force.

Ce qui le l’empêche pas pour autant d’avancer seul, avec en 2015, la création de sa maison de production appelée Reborn Production, avec laquelle il s’implique dans le financement de films comme Neruda de Pablo Larrain, ou Arnaud fait son 2ème film, de Arnaud Viard.

Seul également (ou presque) pour son nouveau dada, la petite reine, en élaborant en 2016 un modèle de course appelé Heroin (https://www.maddyness.com/2016/05/11/heroin-simoncini-velo/), produit seulement à 349 exemplaires, mais surtout en créant en 2018 la société Angell, spécialisée dans la conception et la vente de vélos électriques et connectés, et dont la réussite vient tout récemment d’interpeller le groupe d’électroménager SEB, apportant sa part, non négligeable, à une levée de fonds de 12 millions d’Euros, ainsi que son aide à la production de son nouveau modèle, l’Angell / S, prévu pour la rentrée, et dont l’objectif sera de renforcer ses ventes, déjà bien avancées en Europe, revendiquant déjà plus de 2 000 vélos de sa gamme d’origine en circulation l’année dernière. La prochaine étape, après une nouvelle levée de fonds certainement, les Etats-Unis (2022).

Vu et lu dans Le Journal du Dimanche du 04/07/21

Vu et lu dans Le Journal du Dimanche du 04/07/21

Vu dans Elle n°3895 du 14/08/20

Vu dans Elle n°3895 du 14/08/20

Et comme le manque de temps ne semble pas être un problème pour lui, il n’a pas manqué d’accepter de participer à l’émission de M6 intitulée « Qui veut être mon associé », auprès notamment de Frédéric Mazzella, le créateur de BlaBlaCar (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2015/01/blablacar-en-voiture-tout-le-monde.html), afin d’y découvrir des projets d’investissements, lui rappelant en cela une de ses nombreuses activités, si ce n’est la principale.

Complétée également par la publication en 2018 d’un livre, qui enrichira certainement ce sujet,  intitulé « Une vie choisie », que vous pourrez même lire en écoutant chanter sa fille, connue sous le nom de scène Seemone.

Que d’activités, mais justement, tout en terminant ce sujet, qui je l’espère vous aura plu, une question me trotte dans la tête depuis de nombreuses années,  comment fait-il, font-ils, pour se démultiplier autant ? Vous avez la réponse ? Si oui, revenez vers moi, je serai tout ouïe.

Car j’imagine qu’il y aura une suite, où, surprises.

Jacques Samela

 

Sources :

. Wikipedia

. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Simoncini

. https://business-cool.com/vie-pro/portraits-inspirants/marc-simoncini-meetic-sensee-angell/

. https://www.frenchweb.fr/velos-connectes-angell-la-startup-de-marc-simoncini-leve-12-millions-deuros-aupres-de-seb/425587

 

A lire :

. https://www.lefigaro.fr/entrepreneur/2018/03/16/09007-20180316ARTFIG00008-marc-simoncini-c-est-l-histoire-d-un-echec-qui-m-a-coute-7-millions.php

. https://www.capital.fr/votre-carriere/le-pire-cest-de-fermer-sa-gueule-les-conseils-de-management-de-marc-simoncini-1318042

. https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/communaute/0302311163853-marc-simoncini-il-se-passe-vraiment-quelque-chose-en-france-323707.php

 

Avant d’acheter :

. https://quelveloelectrique.fr/2020/10/16/test-velo-angell-simoncini/

 

Publié dans Portrait français.

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Ora Ïto, l’enfant terrible du design français

Publié le par Jacques SAMELA.

Ora Ïto, l’enfant terrible du design français
Ora Ïto, l’enfant terrible du design français

Il n’a de japonais (et encore) que son nom, car en fait il est français, d’où son portrait aujourd’hui, et son vrai nom est Ito Morabito, fils du joaillier Pascal Morabito (www.pascalmorabito.com).

Issu d’une famille d’architectes, de galeristes, et de stylistes, il côtoyait dans sa jeunesse des artistes de renom, comme Keith Haring (1958-1990), le pape du graffiti, Andy Warhol (1928-1987), lui, le pape du Pop Art, ou encore César (19921-1998), célèbre sculpteur français, à l’origine du trophée du même nom, mais bien évidemment pas que.

Certainement inspiré par ceux qui l’entouraient, ainsi que par ses « idoles » que sont les architectes Le Corbusier, Oscar Niemeyer, ou encore le designer Philippe Stark (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2015/03/philippe-starck-le-touche-a-tout-du-design-francais.html), à qui il refusa la possibilité de le rejoindre, prétextant qu’il ne voulait pas que l’on puisse dire par la suite qu’il lui avait tout appris,  il décida donc d’entamer des études de design, qu’il interrompra rapidement, en se lançant dans une activité qui marquera à tout jamais sa carrière, soit de créer virtuellement des objets  inspirés de grandes marques françaises et internationales, dont le succès auprès des internautes interpellera ces marques en question, lui demandant très rapidement de travailler cette fois-ci pour elles, pour de vrai. Il s’agissait entre-autres de Vuitton, Apple, Nike, etc…

Vus et lus dans Le Parisien
Vus et lus dans Le Parisien
Vus et lus dans Le Parisien

Vus et lus dans Le Parisien

Et ce succès lui donnera l’occasion en 2000 de créer son propre studio, avec comme clients, Guerlain, l’éditeur de mobilier Artemide, Christofle, mais surtout d’obtenir par la suite une multitude de récompenses, comme l’oscar de l’emballage en 2002 pour la bouteille Heineken en aluminium, le Red Dot Design Awards (www.red-dot.org) en 2004 pour sa lampe One Line (Artemide) durant le salon international du meuble de Milan, il en gagnera au final et pour l’instant 6, ou encore, dans le cadre de sa nouvelle marque, Ora ïto Mobility, créée en 2013, proposant une gamme d’accessoires téléphoniques, pour laquelle il recevra un an plus tard, trois iF Product Design Awards (www.ifworlddesignguide.com) pour des casques intitulés Gïotto, Ayrtön, et un chargeur appelé lui Mïcha (remarquez la présence récurrente du i tréma).

Sans oublier également l’obtention d’un prix durant les Globes de Cristal (www.lesglobes.com) en 2007, le désignant meilleur designer de l’année, et en 2011, sa nomination  au titre de Chevalier des arts et des lettres.

Et entre ses autres clients prestigieux comme Adidas, Biotherm, Danone, Kenzo, LG Electronics, Habitat, le groupe français Air, ses nombreux projets comme la conception d’une cuisine équipée pour la marque Gorenje, la création du décor du showroom français de Nike en 2003, d’un point de vente pour Mugler parfums en 2005, du flagship du constructeur japonais Toyota sur les Champs Elysées en 2007, la création de l’identité visuelle de la chaine de télévision Pink TV, dont il devint même le directeur artistique, ou encore le lancement en 2013 à Marseille, sur le toit de la cité radieuse de Le Corbusier (un de ses inspirateurs, voir plus haut) de son « MaMo » pour Marseille Modulor, librement inspiré du MoMA de New York, et, devenant après restauration un lieu d’exposition, il élabore ainsi depuis ses débuts ce qu’il appelle la simplexité, soit l’art de rendre simple des objets complexes.

Vu et lu dans Art & décoration et Le Journal de la Maison
Vu et lu dans Art & décoration et Le Journal de la Maison

Vu et lu dans Art & décoration et Le Journal de la Maison

Alors, avec les objets peut-être, certainement même vu son succès, mais par-contre avec certains, et notamment les architectes, on ne peut pas dire que leurs relations furent simples justement. En effet, dans le cadre de l’exercice de ses fonctions en tant qu’architecte d’intérieur, il s’est un jour déclaré comme architecte au sens noble du terme, ce qui a eu pour effet un retour cinglant de la profession, lui précisant que n’ayant pas effectué les six ans d’études pour le devenir, il ne pouvait de ce fait se prétendre comme tel.

Et comme en plus il en a rajouta, précisant quand même que ce diplôme justement ne servait pas à grand-chose, le fossé entre lui et les architectes ne pouvait que s’élargir.

Et aujourd’hui me direz-vous, qu’en est-il de cette brouille ?

Dépassé manifestement, car finalement, et assez rapidement, il s’excusa en précisant que bien évidemment il n’était pas architecte, qu’il ne l’a jamais été, qu’il ne le sera jamais, et qu’en plus c’était une profession pour laquelle il avait une grande admiration, collaborant souvent avec certains de ses représentants dans le cadre de ses projets.

Finalement, c’était peut-être dû à son « statut » d’autodidacte, soit toujours à chercher sa place, à prouver aux autres ainsi qu’à soit même que la réussite peut sourire à quiconque, même sans diplôme, mais aussi dû à un caractère plutôt bien trempé, que certains prenaient, à juste titre ou pas, comme le signe d’un narcissisme envahissant, autocentré, ne refusant en rien la vie mondaine du tout Paris.  

Vu et lu dans Télérama n° 3427 du 16/09/15

Vu et lu dans Télérama n° 3427 du 16/09/15

Mais, comme tout hyperactif qui se respecte, ces problèmes d’égos dirions-nous, ne l’ont pas empêché d’avancer dans sa quête de nouveaux challenges, en dessinant par exemple le tramway de Nice, mis en service en 2018, la réfection de la place Castellane à Marseille et l’attribution de l’appel d’offres avec Alstom pour le futur métro automatisé, les marchés du mobilier urbain des villes de Troyes et Nice avec JCDecaux, tout en rêvant  de créer une station de ski, des robots, ou encore une voiture à hydrogène, de marque française.

Et aussi, il y a un projet auquel il tient particulièrement, depuis l’enfance dit-il même, c’est de créer une « Villa Médicis de l’environnement et de la Méditerranée », au fort de Bregantin, situé sur l’une des îles de l’archipel du Frioul (celle appelée de Ratonneau), achetée en 2003, laissée en friche depuis, mais qui, « grâce » au confinement de l’année dernière, lui permis de s’y pencher  à nouveau avec entrain, car, souhaitant en faire un centre de recherche autour des thématiques environnementales et océanographiques, il estime justement que la situation d’aujourd’hui est un formidable terreau pour aboutir enfin à quelque chose de vraiment concret.

Ce rêve donc, lui permettra certainement d’associer ainsi son acquis d’expériences, diverses et variées, sa soif de nouveaux challenges, jamais démentis jusqu’à maintenant, et peut-être de laisser une trace plus  immatérielle que ses objets, pérenne dans le temps, comme j’imagine son modèle de référence (rappelez-vous), créée en 1666 ? A suivre donc.

Jacques Samela

 

Sources :

. Wikipedia

. https://o.nouvelobs.com/design/20150824.OBS4645/portrait-ora-ito-le-designer-le-plus-deteste-de-france.html#modal-msg

. https://www.lemoniteur.fr/article/ora-ito-le-designer-qui-se-revait-architecte.619774#!

. https://sosoir.lesoir.be/ora-ito-le-design-comme-aujourdhui-cest-fini

 

. Le Parisien du 01/03/21

 

A lire :

. http://www.larevuedudesign.com/2020/05/12/dessine-par-ora-ito-le-futur-metro-de-marseille-se-devoile/

. https://www.technikart.com/ora-ito-jai-du-me-mettre-au-velo/

 

A découvrir :

. www.citedudesign.com

Vus et lus dans Télérama n° 3542 & 3545
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Vus et lus dans Télérama n° 3542 & 3604
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Vu et lu dans Télérama n° 3508 du 05/04/17
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Vu et lu dans Télérama n° 3508 du 05/04/17

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Vus et lus dans Télérama, M Le magazine du Monde du 23/12/17, et Le Parisien Weekend du 08/12/17
Vus et lus dans Télérama, M Le magazine du Monde du 23/12/17, et Le Parisien Weekend du 08/12/17

Vus et lus dans Télérama, M Le magazine du Monde du 23/12/17, et Le Parisien Weekend du 08/12/17

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Louis Gallois, l’homme de la compétitivité française

Publié le par Jacques SAMELA.

Louis Gallois, l’homme de la compétitivité française
Louis Gallois, l’homme de la compétitivité française

Pour la petite histoire, et avant de vous présenter ce nouveau portrait français, il faut savoir que j’ai rencontré deux  fois Louis Gallois dans ma vie.

En effet, une première fois durant un salon professionnel auquel je participais, et où j’eu l’occasion de m’entretenir quelques minutes avec lui, mais sans avoir eu la bonne idée de lui donner la carte de visite de mon blog, et une deuxième fois dans l’avion me menant aux Etats-Unis pour mes vacances d’été, où lui, placé devant moi, s’étant même demandé, quand nos regards se croisèrent au moment de notre installation à nos places, s’il ne me connaissait pas, descendit à Reykjavik, avec manifestement la ferme intention de profiter de la fraîcheur d’été de l’Islande en famille.

Mais, ne souhaitant pas le déranger, et ce même si l’envie de le faire me démangeait, j’oubliai malgré tout mon idée de lui remettre enfin cette carte de visite. Jamais deux sans trois dit-on, on verra bien, car aujourd’hui, sonne pour ce monsieur l’heure de la retraite, après une vie active rondement menée, enclenchée durant la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, récemment décédé, et entièrement dédiée à l’industrie française, notamment sa compétitivité.

Mais, avant de devenir ce personnage incontournable de l’industrie française, apprécié par ses pairs, reconnu pour son empathie non simulée, cet originaire de Montauban dans le Tarn et Garonne, où il naquit en 1944, obtint son bac au tout début des années 60, intégrant par la suite en 1963, grâce aux conseils, certainement avisés, de ses enseignants, de suivre une classe préparatoire économique, l’école HEC Paris, dont il sortira diplômé trois ans plus tard, avant de rentrer cette fois-ci à l’ENA, dans la promotion Charles de Gaulle, d’où il en sortira également diplômé quelques années plus tard.

Quant à sa longue carrière, elle débuta elle en 1972, en devenant tout d’abord administrateur civil à la direction du Trésor, fonction qu’il gardera jusqu’en 1981, où après l’élection de François Mitterrand, il devint le directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Recherche et de la technologie.

Il occupera par la suite les postes de directeur général de l’industrie, chargé de mission au ministère de l’Economie, des Finances et de la Privatisation, fonctions qui le rapprocheront sans équivoque vers ce monde de l’industrie, où il va par la suite asseoir sa réputation.

Et cela commence en 1989, avec l’obtention du poste de PDG de l’entreprise Snecma, suivi en 1992 par celui de PDG de l’Aérospatiale.

Ensuite, et après ces années aéronautiques, certainement formatrices, il est appelé à présider la SNCF en 1996, où l’un de ses faits d’armes fût de négocier un pacte social avec la CGT, permettant une cogestion de cette entreprise nationale avec les salariés. Il en partira en 2006, avec les satisfécits plus qu’appuyés de l’ensemble des syndicats du groupe, reconnaissants en lui des qualités plus qu’atypiques, et certainement jamais vu en son sein depuis sa création, pour retourner à nouveau dans l’aéronautique, en prenant cette fois-ci la co-présidence du groupe EADS, suivi quelques mois plus tard de la présidence de la branche civile du groupe Airbus. En 2007, il deviendra cette fois-ci PDG du groupe EADS, qu’il quittera en mai 2012.

En parallèle de ces fonctions stratégiques, voire politiques, il prendra la présidence en octobre 2011 de la Fabrique de l’industrie (www.la-fabrique.fr), laboratoire d’idées dédié aux problématiques de l’industrie et de l’économie, prémisse de ce que sera sa future fonction sous la présidence Hollande, en obtenant le poste de commissaire général à l’investissement, dont sa mission sera de rédiger le fameux rapport sur la compétitivité française, composé de 74 pages et de 22 propositions, que vous trouverez sur ce lien : (Rapport sur la compétitivité française).

La question à lui poser, serait de savoir s’il estime  avoir été suivi ? Peut-être durant ma troisième rencontre, si elle a lieu un jour ?

Au moins, et si cela n’a pas été le cas, il est indéniable que ce rapport aura certainement eu le mérite de poser les bonnes questions, notamment pour comprendre les problématiques de l’économie française dans son ensemble et depuis de nombreuses années, obligeant en cela une remise en question général des décideurs français, industriels comme politiques, pour que la France retrouve enfin la place qu’elle n’aurait jamais dû quitter.

Et aujourd’hui, après avoir clôturé en tant que président du conseil de surveillance la dernière assemblée générale du groupe PSA,  avant sa fusion avec le groupe italien FIAT, sous l’appellation Stellantis, prendra-t-il une vraie retraite, ou sera-t-il tenté par d’autres fonctions déjà d’actualités au sein d’organismes comme celui qu’il préside actuellement, le Fonds d’expérimentation contre le chômage de longue durée (www.etcld.fr), à l’origine de l’initiative intitulée  « Territoires zéro chômeurs » ?

On a du mal à y croire, surtout que quand on  lui pose la question quant à son sentiment personnel sur sa carrière, il répond, des fiertés, pas de regrets, mais aussi et surtout, on peut toujours faire mieux dans la vie.

Jacques Samela

Sources :

. Wikipedia

. L’AFP

A lire et à écouter :

. https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-18-janvier-2021

La Croix

La Croix

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Christian Louboutin, retour à la source

Publié le par Jacques SAMELA.

Photo J.S.
Photo J.S.

Photo J.S.

Alors que venait de s’ouvrir au palais de la Porte Dorée (www.palais-portedoree.fr) l’exposition intitulée « L’Exhibitioniste », condensé de 30 ans de carrière du créateur Christian Louboutin, voici avant sa  réouverture, et donc la fin de notre confinement, un petit retour en arrière sur la vie et l’avènement du roi de vos pieds Mesdames, mais pas que, j’y reviendrai.

Né à Paris en 1964, il est le petit dernier d’une famille composée déjà de trois grandes filles, avec il l’apprendra bien plus tard, une petite différence venue manifestement de très loin, rapport à sa peau mate, en totale contraire de ses trois sœurs plutôt blondinettes.

Fréquentant assidûment les lieux emblématiques de son quartier, comme le Zoo de Vincennes, la Foire du Trône, ou l’aquarium tropical, c’est justement durant une de ses visites du Palais de la Porte Dorée, chef d’œuvre de style art déco, créé à l’occasion de l’exposition coloniale de 1931, et désormais Musée national de l’immigration, qu’il découvrit un panneau indiquant que le port de talons aiguilles y était interdit, en raison du parquet ancien.

Il y fût saisi par ce dessin, représentant à la perfection un escarpin noir, avec un talon pointu et vertigineux, qui deviendra justement une de ses marques de fabrique, et juste après cette vision, une fixation, se mettant à dessiner avec frénésie ce même type de soulier, notamment en classe.

Ensuite, et après une adolescence plutôt chaotique, le menant notamment à fréquenter certains lieux de nuit, et notamment le Palace, temple de la nuit parisienne de l’époque, il devient à 18 ans stagiaire chez le chausseur de luxe, Charles Jourdan (1883-1976), considéré comme l’inventeur du talon aiguille, où, en titi parisien qu’il était, et accueilli plutôt fraichement, il apprends la technique de la création, ainsi que le métier de modéliste. Il y restera seulement un an.

Travaillant par la suite en free-lance pour Hervé Léger ou Chanel, il devint en 1988 l’assistant personnel de Roger Vivier (1913-1998), styliste français spécialisé également dans la chaussure, avec pour l’occasion, la possibilité de participer à l’organisation d’une exposition dédiée à son œuvre.

Cependant, après cette expérience certes enrichissante, il bifurque pourtant vers une activité totalement différente, mais déjà une passion pour lui, celle de paysagiste. Il y officiera pendant plusieurs années, avant d’ouvrir finalement sa première boutique à la fin de l’année 1991, lançant en cela sa marque définitivement. Deux autres suivront les années suivantes, avant celles de New York.

Quatre ans après, et quelques tâtonnements, il devient le chausseur attitré des défilés de créateurs comme Jean-Paul Gaultier, Azzaro, Givenchy, Lanvin, ou encore Yves Saint Laurent, pour qui il crée une marque éphémère pour ses adieux, appelée « Christian Louboutin for Yves Saint Laurent Haute Couture 1962 – 2002 ».

Il lance également sa première collection de sacs à main, prémisses d’une diversification à venir, dont celle consacrée au monde de l’homme, avec l’ouverture notamment de sa 45ème boutique en 2011, la création en 2014 de sa première collection de vernis à ongles, la commercialisation en 2015 de sa première gamme de rouge à lèvres, ses premiers parfums en 2016, suivi en 2017 d’une gamme de maquillage pour les yeux.

Et comme vous pouvez le voir, on parle de couleurs, et notamment de ce rouge, utilisé pour les semelles de ses chaussures, reconnues entres toutes, et qui bien sûr est devenu sa marque de fabrique. Mais d’où cela vient t’-il exactement ?

Eh bien tout simplement d’une de ses collaboratrices, qui un jour, se faisant les ongles avec un vernis de la marque Chanel rouge, interpella le créateur, qui de suite eu l’idée d’en badigeonner une semelle de chaussure à sa disposition, habituellement noire, comme l’ensemble des chaussures en fait. L’effet est saisissant, rappelant en lui cette couleur rouge utilisé par Andy Warhol et son désormais pop art, dont il raffole. Il vient de trouver là une nouvelle différence, et qui fera date celle-ci. Pour la petite histoire, et pour être technique, le rouge employé est la couleur numéro 18.1663TP du nuancier Pantone (www.planetecouleur.com).

Depuis, et après quelques collaborations avec Ladurée pour ses macarons, le groupe Mattel pour quelques-unes de ses poupées Barbie, Disney pour une (la) chaussure de Cendrillon, ou encore le Crazy Horse dans le cadre du spectacle intitulé Désirs, il s’est effectivement adressé aux hommes, avec comme déclencheur, le chanteur Mika, qui un jour en 2007,  lui demanda de réfléchir à une chaussure pour sa prochaine tournée.

Ravi certainement du résultat, mais surtout du ressenti plus que favorable du chanteur, il se lança donc trois ans plus tard en créant sa première collection masculine, avec bien évidemment, la semelle rouge, il n’y pas de raison.

Et depuis, ce sont près d’une quinzaine de boutiques pour hommes qui ont été ouvertes, complétant en cela la centaine de points de ventes mixtes à travers le monde, démontrant la montée en puissance de la gent masculine dans la clientèle autrefois essentiellement féminine.

Et que dire de cette édition limitée en 2017, dédiée aux bébés et appelée Loubibabys ?

Une demande de ses aficionados, désormais parents et souhaitant perpétuer une tradition dans le temps, ou tout simplement un  souhait du créateur afin de préparer les futures générations à ses modèles moins classiques comme les baskets, qui, désormais partie plus que prenante de sa panoplie de modèles, sont même devenues les plus contrefaites de sa collection, avec la petite maroquinerie ?

Sans oublier bien évidemment sa fameuse semelle rouge, qui, succès oblige, occasionna des litiges assez longs contre des marques comme la Maison Yves Saint Laurent aux Etats-Unis, Zara, ou encore la marque brésilienne Carmen Steffens, car proposant également des semelles rouges sur leurs modèles de chaussures, sciemment ou pas, ou en tout cas avec le souhait de surfer sur la vague, firent que Christian Louboutin, en plus de ces actions de justice, créa un site en ligne (www.stopfakelouboutin.com), afin d’informer sa clientèle de ces agissements, mais également de leur donner des indications pour obtenir réparation, réparation qu’il obtint lui finalement en 2018 par la Cour de justice européenne, après la cour d’appel de paris, en précisant que sa semelle rouge représentait bien une marque en soi, avec possibilité de la protéger par tous les moyens légaux.

Victoire donc, qu’il souhaitait certainement partager avec ses fidèles, ainsi qu’avec ce public, attendu en nombre, mais, c’était compter sans ce virus, qui malheureusement nous obligera à attendre, avant d’aller voir son univers haut (comme ses chaussures) en couleurs.

Jacques Samela

 

Sources :

. Wikipedia

. Le Parisien Weekend du 15/09/17

. Le Parisien Weekend du 14/02/20

. Elle n° 3870 du 21/02/20

 

 

 

Vu dans Le Parisien Weekend du 14/02/20

Vu dans Le Parisien Weekend du 14/02/20

Vu et lu dans Le Parisien Weekend du 14/02/20
Vu et lu dans Le Parisien Weekend du 14/02/20
Vu et lu dans Le Parisien Weekend du 14/02/20

Vu et lu dans Le Parisien Weekend du 14/02/20

Vu et lu dans Elle n° 3870 du 21/02/20
Vu et lu dans Elle n° 3870 du 21/02/20
Vu et lu dans Elle n° 3870 du 21/02/20

Vu et lu dans Elle n° 3870 du 21/02/20

Vu et lu dans le Parisien Weekend du 15/09/17
Vu et lu dans le Parisien Weekend du 15/09/17

Vu et lu dans le Parisien Weekend du 15/09/17

Vu et lu dans le Parisien Weekend du 15/09/17
Vu et lu dans le Parisien Weekend du 15/09/17

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Vus et lus dans Les Echos du 11/06/18, et Challenges n° 571 du 21/06/18
Vus et lus dans Les Echos du 11/06/18, et Challenges n° 571 du 21/06/18

Vus et lus dans Les Echos du 11/06/18, et Challenges n° 571 du 21/06/18

Vus et lus dans Gala n° 1394 du 27/02/20, Stylist n° 281 du 13/02/20, et M et magazine du Monde n° 442 du 07/03/20
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Vus et lus dans Gala n° 1394 du 27/02/20, Stylist n° 281 du 13/02/20, et M et magazine du Monde n° 442 du 07/03/20

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L’Opéra Garnier, quand le rideau se lève

Publié le par Jacques SAMELA.

L’Opéra Garnier, quand le rideau se lève
Photo de C. Samela

Photo de C. Samela

Après l’interview, imaginaire de la Tour Eiffel, et avant les Journées européennes du patrimoine, me voici donc avec un autre monument phare de Paris, j’ai nommé l’Opéra de Paris ou Opéra Garnier ou encore Palais Garnier, c’est selon, et c’est parti.

Jacques Samela. Bonjour, je me présente, Jacques de Compétitivité In France

Opéra Garnier. Bonjour, enchanté de vous recevoir, surtout après l’entrevue de ma grande amie La Tour Eiffel que j’ai particulièrement appréciée

JS. Merci. Je souhaitais justement avant l’ouverture des Journées européennes du patrimoine, rencontrer un autre monument phare de la scène parisienne, et bien évidemment j’ai pensé à vous.

OG. Je vous en remercie, commençons donc sans attendre alors, j’ai du monde qui m’attend ce weekend.

JS. Allons-y. Vous venez de fêter vos 350 années d’existence, que pouvez-vous nous en dire ?

OG. Eh bien que cela a commencé tout d’abord en 1661 avec le roi Louis XIV, qui décida de créer l’Académie royale de danse, mais effectivement, c’est surtout en 1669, sous l’égide de Colbert, informé qu’en Italie de multiples académies appelés Opéras avaient été créés, que fût ouvert l’ Académie royale de Musique, sous la tutelle du roi bien sûr, rassemblant en son sein une troupe de chanteurs, le 1er orchestre professionnel de France, et aussi le corps de ballet de l’Académie royale de danse, précédemment créé.

JS. Et tout cela toujours au même endroit qu’aujourd’hui ?

OG. Non, car avant d’être où nous sommes aujourd’hui, ce sont onze lieux différents qui m’accueillirent. Des salles de la Bouteille de 1670 à 1672, à celle du Jeu de Paume de 1672 à 1673, en passant par la porte Saint-Martin de 1781 à 1794, et pour finir, à la salle le Peletier de 1821 à 1873.

JS. Avant d’être donc sur cette fameuse place de l’Opéra

Art et Décoration n° 543 de septembre 2019
Art et Décoration n° 543 de septembre 2019

Art et Décoration n° 543 de septembre 2019

OG. En effet, dû notamment à l’attentat perpétré à l’époque (14 janvier 1858) par l’anarchiste italien Félice Orsini contre l’empereur Napoléon III devant la façade de l’Opéra de l’époque, qui, sans pour autant le toucher directement, grâce notamment à un blindage astucieux sous le carrosse impérial, et même si l’impératrice Eugénie, fût retrouvée couverte de sang, mais saine et sauve, ne les empêcha en rien à participer comme si de rien n’était à la représentation prévue, et l’empereur, peut-être pour éviter de laisser une trace maculée de sang, décida dès le lendemain de construire une nouvelle salle. Finalement une bonne idée, car la salle disparut complètement durant un incendie en 1873.

JS. Par le biais d’un concours si je ne m’abuse ?

OG. Tout à fait, concours international même, lancé deux ans plus tard avec 171 architectes à y prendre part, dont celui qui deviendra mon créateur, Charles Garnier.

JS. Plutôt méconnu à l’époque

OG. Complètement, âgé juste de 35 ans, jeune pour l’époque, mais avec un culot certain, qui lui permit de vaincre ce concours au nez et à la barbe de ses congénères plus expérimentés.

JS. C’est-à-dire ?

OG. Eh bien, durant la présentation finale des projets, l’impératrice, plutôt porté sur le projet de Viollet-Le-Duc, lui demanda quel était le style de son projet, vu que pour elle, il n’était ni grec, ni Louis XV, et encore moins Louis XVI ? Sans se dégonfler, l’apanage de la jeunesse certainement, il lui répondit du tac au tac en disant, mais majesté, c’est du Napoléon III.

JS. Effectivement, plutôt culotté ce monsieur

OG. Judicieux même, car l’empereur, également présent, apprécia bien évidemment cette réponse, et lui décerna au final le premier prix.

JS. Et ce fut certainement les prémisses de ce que l’on appelle aujourd’hui le style Napoléon III, connu également sous l’appellation style second empire

OG. Certainement, surtout que ma construction, qui dura quand même 14 ans, fut totalement intégrée dans les grands travaux d’urbanisme du baron Haussmann voulus par l’empereur, englobant également la réalisation de la place de l’opéra.

JS. De grands travaux qui durèrent eux près de 20 ans

OG. Oui, il se dit que ces travaux ont modifiés la ville de Paris de près de 60 %

Art et Décoration n° 543 de septembre 2019
Art et Décoration n° 543 de septembre 2019

Art et Décoration n° 543 de septembre 2019

JS. Et aujourd’hui cela représente une des images de marque de la ville de Paris. Mais pour en revenir à vous, votre inauguration fût faite en 1875 je crois ?

OG. En effet, et en présence du président de la république Patrice de Mc Mahon, l’empereur étant décédé deux ans auparavant, n’ayant pas vu son idée terminée

JS. Et avec Charles Garnier également, qui d’après mes informations, dut payer sa place pour assister à votre inauguration, est-ce vrai ?

OG. Je ne sais pas, il parait, mais c’est peut-être une des légendes me concernant ?

JS. Comme celle du fantôme par exemple ?

OG. Oui, et celle-ci perdure dans le temps

JS. Vous pouvez nous en raconter l’histoire ?

OG. Disons qu’en 1873, un incendie se déclarant au conservatoire de la rue Le Peletier, l’ancien Opéra, occasionna des brûlures graves au visage d’un jeune pianiste appelé Ernest, mais surtout le décès de sa fiancée, ballerine. Inconsolable, on dit qu’il errera dans les souterrains durant ma construction. Par la suite, divers évènements plutôt mystérieux s’y déroulèrent, comme le décrochage d’un lustre, s’écrasant sur un spectateur assis à la place n° 13, un machiniste retrouvé pendu, une danseuse faisant une chute, occasionnant son décès, ou encore, un mystérieux spectateur exigeant qu’on lui réserve à chaque représentation la loge n° 5, toujours visible aujourd’hui, et dont l’origine pour beaucoup était ce pauvre Ernest. Et avec le roman de Gaston Leroux, il est clair que cette « légende » est depuis passée à la postérité, puisqu’aujourd’hui, des visites s’organisent autour de ce personnage. Pour ma part, je ne l’ai jamais vu. Et vous ?

Photo de C. Samela

Photo de C. Samela

JS. Moi non plus, mais durant ma première et seule visite pour l’instant, j’ai pu voir effectivement nombre de vos visiteurs munis de masques blancs. Mais pour rester dans le monde des légendes, que dire de celles qui ont jalonnées votre vie ?

OG. Vous voulez parler des musiciens ?

JS. Oui, et pas n’importe lesquels

OG. En effet, avec comme précurseur Lully, qui de 1672 à 1687 en devint mon directeur, tout en composant vingt ouvrages, dont celui considéré comme le premier opéra français, Cadmus et Hermione en 1673, suivi en 1733 par Jean-Philippe Rameau, qui lui composera en vingt ans une douzaine d’ouvrages, dont Les Indes galantes en 1735 et Les Paladins en 1757, en 1782, c’est Luigi Cherubini qui y composera son premier opéra, Anacréon ou l’Amour fugitif, et Gioacchino Rossini, ses derniers opéras, dont le monumental Guillaume tell en 1829, Gaetano Donizetti y créa également son premier opéra appelé La favorite en 1840, Giuseppe Verdi y composa lui Les Vêpres siciliennes en 1855 et Don Carlos en 1867, et au final, Richard Wagner, qui avec Tannhaüser en 1861 déclencha une polémique telle, qu’il quitta précipitamment la ville de Paris. Ses œuvres seront représentées par la suite avec plus ou moins de succès.

JS. Nos amis mélomanes apprécieront

OG. Et encore j’en ai oubliés.

JS. Ne vous inquiétez-pas, nos lecteurs pourront retrouver les liens à la fin de cette entrevue

OG. Deux informations quand même, tout d’abord la création d’une école de danse par l’entremise du roi Louis XVI en 1784, et, la création par Philippe Taglioni du premier ballet à être dansé en tutus blanc, dénommée La Sylphide

JS. Effectivement, vous avez raison, l’information c’est sacré

OG. Oui, surtout aujourd’hui, à l’ère des dites « fake news ou infox »

Art et Décoration n° 543 de septembre 2019
Art et Décoration n° 543 de septembre 2019

Art et Décoration n° 543 de septembre 2019

JS. Eh bien justement, reprenons donc le cours de cette entrevue, avec quelques dates significatives de votre existence, comme par  exemple ce fameux 19 août 1932, que s’est-il passé ?

OG. Les premières retransmissions radiophoniques d’un opéra, depuis l’émetteur de mon amie La Tour Eiffel. Il s’agissait de Mârouf, savetier du Caire de Henri Rabaud. Ensuite, c’est un peu le mélange des genres, avec la politique qui vient mettre son nez dans mes affaires, en m’associant l’Opéra-Comique (décidé en 1936 et promulgué en 1939 par le Front populaire) afin de créer un établissement public appelé la Réunion des théâtres lyriques nationaux (RTLN). Supprimé en 1978, il fera place au théâtre de l’Opéra de Paris. Quant à l’Opéra-Comique, il ne retrouvera son autonomie qu’en 1990.

JS. Et en 1982, le coup de tonnerre

OG. Oui, jugeant ma jauge peu satisfaisante, le président de l’époque, François Mitterrand, décida la construction d’un nouvel opéra à Paris, considéré plus moderne et plus populaire.

JS. Vous n’en meniez pas large

OG. C’est peu de le dire. Un concours international fût donc lancé, avec 1 700 architectes et 756 projets reçus. Comparé à celui de ma création, il y a une sacrée différence.

JS. Autre époque, et je crois que c’est un architecte uruguayen qui a gagné ?

OG. Oui, il s’appelle Carlos Ott, et comme Charles Garnier, il était assez jeune, puisqu’il avait 37 ans.

JS. Ah la jeunesse.

OG. A qui le dites-vous

JS. Donc, après plusieurs années de travaux, l’Opéra Bastille est inauguré en 1989 ?

OG. Oui, dans le cadre notamment des manifestations du Bicentenaire de la révolution française, et avec comme directeur du conseil d’administration, Pierre Bergé, le cofondateur et président de la maison de couture Yves Saint-Laurent.

JS. Et un an plus tard, les deux opéras formeront l’Opéra de Paris ?

OG. Oui, mais pas longtemps, puisqu’en 1994, l’Opéra de Paris deviendra l’Opéra national de Paris, soulignant là la volonté de l’institution de rayonner au-delà de Paris.

Photo C. Samela

Photo C. Samela

JS. Pari réussi ?

OG. Je le pense, et comme je ne ressens aucune concurrence de la part de mon petit frère, je me dis que finalement deux opéras à Paris peuvent sans problèmes coexister, apportant même à la ville une plus-value exceptionnelle en termes de spectacles de renom. La ville de Francfort en Allemagne en a également deux, et Prague, la capitale de la république tchèque en a même trois.

JS. Donc, saine concurrence et apport mutuel ?

OG. Oui

JS. Eh bien c’est avec cette évidence que se termine cette longue entrevue, sans omettre quelques informations sur notre interlocuteur, soit que le lustre de la salle pèse 8 tonnes, et, est descendu une fois par an pour son nettoyage, que la scène peut contenir près de 400 personnes, que le plafond, représentant 14 scènes des plus célèbres opéras et ballets a été réalisé par le peintre Chagall, que l’école de danse, celle des petits rats, se trouve depuis 1987 à Nanterre, et que depuis 1982, des ruches sont installé sur le toit, dont le miel est vendu à la boutique.

Art et Décoration n° 543 de septembre 2019 et Photo de C. Samela
Art et Décoration n° 543 de septembre 2019 et Photo de C. Samela

Art et Décoration n° 543 de septembre 2019 et Photo de C. Samela

OG. Que d’informations pour vos lecteurs, j’espère justement avoir été à la hauteur de vos attentes, même si bien sur je n’atteindrai jamais celle de mon amie La Tour Eiffel. Merci pour ce moment, qui je l’espère intéressera vos lectrices et lecteurs.

JS. Merci à vous surtout, et que s’ouvrent donc vos portes pour ces 36èmes Journées Européennes du Patrimoine, dédiées justement cette année à l’art et au divertissement.

Jacques Samela

 

Sources :

. www.operadeparis.fr

. www.histoire-de-paris.fr

. www.paris1900;Lartnouveau.com

. www.parisbalade.fr

. https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/02/08/les-dates-qui-ont-marque-l-histoire-de-l-opera-de-paris_5420845_3246.html

. Art et Décoration n° 543 de septembre 2019

A voir :

. Habiller l'opéra, costumes et ateliers de l'Opéra de Paris / https://www.cncs.fr/costumes-de-lopera-de-paris

 

Art et Décoration n° 543 de septembre 2019
Art et Décoration n° 543 de septembre 2019

Art et Décoration n° 543 de septembre 2019

Télé-Loisirs n° 1750 du 14/09/19
Télé-Loisirs n° 1750 du 14/09/19

Télé-Loisirs n° 1750 du 14/09/19

. Pour plus d'informations, n'hésitez-pas à lire ou à relire l'interview du 30 mars 2018, intitulé : La Tour Eiffel, 129 ans et la vie devant elle

Publié dans Portrait français.

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