L'entreprise du mois : Airbus, de l'A300 à l'A350.

Publié le par Jacques SAMELA.

Le 23 octobre 2012, à Toulouse, fut inauguré l’usine de l’A350, dernier né de la gamme des avions d’Airbus (www.airbus.com). Elle a été baptisée au nom de Roger Béteille, l’un des derniers pères fondateurs encore en vie du projet Airbus, initié au siècle dernier, il y a de cela 44 ans.

En effet, afin de faire face aux géants américains (Douglas, Boeing ou Lockheed), l’industrie européenne de l’aviation commerciale, constituée d’une quinzaine d’acteurs de petite taille, décide de mettre en place une coopération susceptible de mutualiser une innovation toujours forte, car, n’oublions pas qu’à cette époque des avions révolutionnaires comme le Comet, la Caravelle et le Concorde ont largement prouvé leurs capacités à concurrencer les appareils américains. Seule l’étroitesse du marché européen naissant empêche la filière de combattre à armes égales, d’où cette idée de bâtir ce projet, autour notamment de l’axe franco-allemand, confirmé le 29 mai 1969 par un accord intergouvernemental, rejoint ensuite par l’Espagne, et le Royaume Uni dix ans plus tard.

Et, afin d’éviter toute concurrence stérile, cet accord prévoit justement des règles précises comme la spécialisation et le recentrage de chacun sur des domaines d’excellences. La France par exemple, obtient l’élaboration du cockpit, des commandes de vol et l’assemblage final, l’Allemagne le fuselage courant et la cabine, quant à l’Angleterre, ce sera la voilure. Ensuite, le choix du statut, un GIE (groupement d’intérêt économique) pour l’organisation centrale, et pour finir ou plutôt pour commencer, la conception d’un avion résolument innovant, l’A300, gros porteur bimoteur, dont le premier vol sera effectif en 1972.

Cependant, le décollage est difficile, et ce malgré les premières ventes à Air France, la Lufthansa, la Korean Airlines ou encore à la Indian Airlines. Il faudra attendre 1977 avec une commande de la compagnie américaine Easter-Airlines, ce qui permettra au groupe de détenir à la fin de cette décennie 10 % du marché mondial.

Ensuite, les succès s’enchaînent avec l’A310, dont la particularité est le pilotage à deux, et l’A320, qui lui, propose des commandes de vols électriques. Ces deux concepts innovants, peu appréciés au début, deviendront pourtant la norme du secteur, et permettront à ce GIE de monter à 20 % du marché mondial. Et avec l’arrivée des longs courriers, les A330 et A340, les 30 % du marché mondial sont atteints dans les années 90, et les 50 % au début des années 2000.

Et c’est justement à cette période que les trois industriels partenaires (Aérospatiale, DASA et CASA) décident de fusionner pour créer le groupe EADS (www.eads.com), rejoint par le groupe britannique BAE Systems, pour ensuite créer une société unique Airbus SAS, dont le siège est à Toulouse, et son management, international. La présidence en est confiée à Noël Forgeard.

Et, juste après la création de cette structure unique, son projet le plus ambitieux est lancé, l’A380.

Etudié depuis la fin des années 80, le concept des très gros porteurs a même fait l’objet en 1992 d’un partenariat avec le groupe Boeing (www.boeing.fr) intitulé VLCT pour Very Large Commercial Transport, mais resté sans lendemain, car le but non avoué du groupe américain, était ni plus ni moins de retarder toute concurrence à l’élaboration de son propre appareil, le B747. Ce partenariat sera dénoncé en 1995.

Entre-temps, Airbus, rend public un concept pouvant transporter de 550 à 800 passagers, l’A3XX, qui, grâce à la réaction positive des compagnies aériennes, permet un travail important de pré-développement pour aboutir au lancement commercial en juin 2000 de l’appareil, dont le nom final, l’A380, sera effectif en décembre de la même année.

Cet avion, exceptionnel par sa taille, répond totalement à la très forte augmentation du trafic aérien, la version dite de base pourra même emporter 555 passagers. Et, technologiquement, il reprend l’ensemble des innovations de la famille Airbus, avec comme conséquences non négligeables, de réduire les coûts de maintenance, d’obtenir une fiabilité accrue, et un gain important de masse.

Il effectue son premier vol le 27 avril 2005, et en juin de la même année, 15 compagnies ont déjà passées 154 commandes fermes.

Pendant ce temps, le groupe Boeing lance son premier avion depuis 14 ans, le B787 ou « Dreamliner ». De moyenne capacité à long rayon d’action, il oblige Airbus à maintenir ses efforts d’innovations, d’inventivités, de souplesse et de rigueur pour concurrencer ce nouveau venu, notamment vers des pays prometteurs comme la Chine et l’Inde. Et cette réponse est donnée par l’élaboration d’un nouvel appareil, l’A350. Son premier vol est espéré fin juin-début juillet de cette année, avec une première livraison souhaitée sur le second trimestre 2014.

Mais, avant cette nouvelle échéance, Airbus affiche toujours sa confiance en l’avenir, et après avoir dépassé ses objectifs en 2012 où il a représenté la moitié des exportations aéronautiques françaises, il devient le chef de file des exportateurs français tous secteurs confondus, et représente justement un exemple à suivre pour le reste de l’industrie française et européenne.

A lire : Airbus, la véritable histoire de Pierre Sparaco. Ed. Privat.

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