Soitec, une réponse française et européenne

Publié le par Jacques SAMELA.

Soitec, une réponse française et européenne
Soitec, une réponse française et européenne

Je vais vous narrer cette fois-ci l'histoire d’une société que peu connaissent, leader mondial dans son domaine d’activités, et pourtant, nous utilisons  ces produits. De qui s’agit-il ?

Eh bien de Soitec (www.soitec.com), le champion mondial du silicium sur isolant, utilisé dans la plupart de nos téléphones portables, mais aussi dans les objets connectés, l’automobile, ou encore les récepteurs satellites interactifs du groupe Eutelsat (www.eutelsat.com).

Développé à l’origine par le CEA Leti (www.leti-cea.fr), qui déposa en 1991 le brevet sur le procédé Smarcut de fabrication de plaques de silicium sur isolant pour la construction de puces à hautes performances, la technologie est aussi connue, en tout cas par les spécialistes, sous l’appellation « FD-SOI » pour fully depleted silicon on insulator (silicium sur isolant complétement déplété*).

Et c’est donc en 1992 que Soitec a été créée, parce que l’on appelle un essaimage** du Leti (laboratoire d’électronique et de technologies de l’information), l’équipe de départ, dont deux chercheurs du CEA ne comprenant que 4 personnes. Aujourd’hui, elle en compte près de 1 000 dont 950 en France, et plus précisément à Bernin, son fief, près de Grenoble (Isère), considéré comme la Silicon Valley française.

Alors, même si son existence n’était pas totalement en jeu durant toutes ces années, il s’avère malgré tout que son développement ne fut pas de tout repos, dû certainement à son activité complexe, mais aussi à son entrée dans le solaire dans lequel la société y a investie près de 400 millions d’Euros, pensant que sa technologie appelée « technologie du photovoltaïque à concentration » ou CPV, apporterait une réponse majeur à la croissance de ce secteur en devenir, comme par exemple durant la mise en service en service d’une centrale solaire d’envergure en Afrique du Sud, lui permettant de générer 39 millions d’Euros de ventes sur les 9 premiers mois de l’exercice 2014-2015, freiné cependant par la perte d’un gros contrat d’environ 250 millions d’Euros en Californie, la faisant chuter en bourse de moitié en une matinée, lui démontrant également que sa technologie était considérée comme trop chère face au silicium classique, et n’ayant pas démontré encore son caractère exceptionnelle en termes d’utilisation, en tout cas c’est ce que dit le porteur du projet en question, le californien Tenaska Solar Ventures.

Ne souhaitant donc pas continuer sur cette mauvaise pente, son dirigeant actuel, Paul Boudre, décida donc en 2015, la mise en place d’une nouvelle stratégie en se recentrant sur l’électronique, son cœur de métier, plus à même d’apporter des résultats positifs en très peu de temps, ce qui ne manqua pas avec la commercialisation en 2016 d’une montre sportive du chinois Huami, équipée d’un GPS réalisé justement en FD-SOI, soit la première utilisation grand public de cette technologie.

Et sur ce créneau, ce n’est pas près de se tarir, car comme déjà indiqué ci-dessus, l’application de cette technologie, concurrencée malgré tout par l’américaine appelée FinFET (fin field-effect transistor) ou transistor à effet de champ et à grilles multiples pour les non-initiés, comme moi, et dans ce que l’on appelle la course de la loi de Moore***, est plus que pressentie pour compléter les composants radiofréquences des mobiles, les circuits de puissance dédiés au secteur automobile comme les systèmes d’assistance à la conduite, aux infrastructures informatiques pour le cloud, et bien évidemment au monde merveilleux de l’internet des objets, qui comme vous le savez envahit notre quotidien, pour le bien ou pour le mal, c’est selon.

Et de ce fait, les effets ne se sont pas fait attendre, car après une perte de 72 millions d’Euros sur l’exercice 201-2016, celui de l’an dernier enregistrait un bénéfice de 8 millions d’Euros, pour atteindre à la clôture (31/03/18) de l’exercice 2016-2017, un chiffre d’affaires consolidé de 311 millions d’Euros, soit un bond de son chiffre de 31 %, avec comme conséquence directe, la reprise des embauches, censé accompagner ce regain d’activités, sachant que son dirigeant estimant que la Chine, d’ici 2020, devrait consommer et fabriquer la moitié des circuits intégrés dans le monde, il a comme souhait justement d’y positionner sa technologie afin qu’elle en devienne un standard incontournable, d’où l’entrée récente dans son capital à hauteur de 14,5 % du fonds d’investissement chinois, NSIG (National Silicon IndustryGroup), considéré certainement comme une excellente porte d’entrée vers ce marché plus que prometteur.

Alors c’est vrai, certains pourraient se demander si il n’y a pas de danger que cette technologie échappe au final à son concepteur, rien n’est moins sûr, mais il faut savoir que Bpifrance et le CEA Investissement (nouveau venu) en détiennent également 14,5 %, mais surtout que la Chine, subissant aujourd’hui un retard technologique de deux à trois générations dans la production de puces électroniques, donc difficilement rattrapable pour plusieurs années, ne souhaite certainement pas se laisser distancer aujourd’hui dans cette fameuse course de la loi de Moore (déjà évoquée ci-dessus).

Donc finalement, c’est effectivement peut-être une opportunité primordiale pour l’avenir de Soitec, qui entend démontrer le côté innovant et accessible de sa technologie face à celle développée par le groupe américain Intel et adoptée par Samsung (voir ci-dessus), technologie qui l’air de rien intéresse également la France et l’Europe, soucieuses de garder la main sur un sujet sensible pour un grand nombre d’états, car touchant là, la problématique de la provenance des puces, et de leurs supposées portes dérobées, destinées à espionner les circuits, notamment dans des secteurs sensibles comme la défense ou l’aéronautique. Le sujet de la sécurité nationale, que l'on entend souvent dans les séries américaines, n’est pas très loin.

*Depletion : https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/geologie-depletion-7103/

**Essaimage : https://www.afecreation.fr/cid27764/definition-et-interet-de-l-essaimage.html?&pid=269

***Loi de Moore : https://www.futura-sciences.com/tech/definitions/informatique-loi-moore-2447/ 

Jacques Samela

 

Sources :

. Wikipedia

. La Tribune du 20/01/15

. Les Echos du 16/06/17

. L’usine Nouvelle du 14/09/17 et du 26/04/18

Vu et lu dans l'Usine Nouvelle n° 3529 du 14/09/17
Vu et lu dans l'Usine Nouvelle n° 3529 du 14/09/17
Vu et lu dans l'Usine Nouvelle n° 3529 du 14/09/17
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Vu et lu dans l'Usine Nouvelle n° 3529 du 14/09/17

Soitec salue la constitution d'un Comité Stratégique de Filière sous l'égide du CNI

Boursier.com, publié le mardi 29 mai 2018

Soitec, leader de la conception et de la production de matériaux semi-conducteurs innovants pour l'industrie électronique, salue la constitution d'un Comité Stratégique de Filière sous l'égide du Conseil National de l'Industrie (CNI) ainsi que le lancement du plan Nano2022 de soutien aux développements technologiques jusqu'à leur phase de pré-industrialisation.

Ces annonces, faites par le gouvernement le 28 mai, marquent la reconnaissance par la France de l'importance d'une filière électronique et microélectronique solide et innovante sur notre territoire au service de la compétitivité de l'industrie.

Soitec, l'un des 7 chefs de file industriels de Nano2022, se positionne en amont de la chaine de valeur avec ses technologies de substrats permettant la production de composants électroniques à forte valeur ajoutée. En effet, la croissance de l'industrie des semi-conducteurs est alimentée par les besoins considérables d'innovation dans des domaines clés tels que l'intelligence artificielle, la 5G, l'internet des objets et l'automobile qui requièrent des capteurs intelligents et du traitement de données à très faible consommation.

Nano2022 constitue le volet français d'un vaste programme européen d'intérêt commun. Au sein de cet IPCEI, Soitec coordonne les projets technologiques liés aux "Composants électroniques à haute efficacité énergétique".

Le développement et la première industrialisation de ces produits clés requièrent des investissements importants dans de nouvelles infrastructures (salles blanches, usine du futur) sur le site de Soitec en Isère.

Pour accompagner sa dynamique de croissance, Soitec prévoit, au cours des cinq prochaines années, plusieurs centaines d'embauches sur son site de Bernin, près de Grenoble. Un programme de recrutement de 200 personnes a d'ores et déjà été initié pour Bernin en 2018.

Paul Boudre, Directeur Général de Soitec, déclare : "Je suis heureux que l'engagement de la France permette d'amplifier la dynamique d'innovation et de croissance de l'écosystème grenoblois, de Soitec et de ses partenaires".

Soitec et Smart Cut sont des marques déposées de Soitec.

Publié dans L'entreprise du mois

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