Le rendez-vous de l'Europe 2 : Compétitivité, l'Euro, Euronext, Menaces & Ingérences, son Parlement, une opinion

Publié le par Jacques SAMELA.

Photo J.S

Photo J.S

Compétitivité : l’UE doit agir rapidement pour rivaliser

https://www.ecoreseau.fr/actualites/competitivite-lue-doit-agir-rapidement-pour-rivaliser-2024-04-17-104325?utm_campaign=Matinale%20Jeudi%20-%2020240418&utm_medium=email&utm_source=brevo

Le 17 avril 2024

L’ancien Premier ministre italien Enrico Letta appelle l’Union européenne à agir sans délai pour combler son retard en matière de compétitivité par rapport aux États-Unis.

A travers son insistance sur la nécessité de créer un marché intérieur robuste pour les services financiers, Enrico Letta met alors en garde contre les conséquences de l’augmentation des prix de l’énergie et de la concurrence étrangère soutenue par des subventions massives et des réglementations allégées.

L’Union européenne semble ainsi confrontée à un défi urgent, selon Enrico Letta, actuellement président de l’Institut Jacques Delors. Alors que les États-Unis et la Chine bénéficient d’un avantage compétitif, l’Europe doit donc d’après lui agir rapidement pour ne pas être hors course. Notons également que cette mise en garde intervient alors que l’UE se prépare à un sommet crucial à Bruxelles cette semaine.

Ainsi, la montée en flèche des prix de l’énergie en Europe, à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, exacerbe les difficultés de l’industrie européenne déjà confrontée à une concurrence féroce. Letta souligne dans ce contexte, l’urgence d’agir, déclarant qu’« il n’y a pas de temps à perdre ».

Quels investissements ?

De plus, parmi les préoccupations d’Enrico Letta figurent les technologies d’avenir telles que les panneaux solaires, les batteries, les puces électroniques et l’intelligence artificielle. Ainsi, l’Europe devrait davantage miser sur elles pour rester compétitive. Le Vieux Continent, pour assoir sa compétitivité, devra également investir massivement dans la transition écologique et numérique, qui nécessite actuellement plus de 620 milliards d’euros supplémentaires par an.

Pour mobiliser de tels fonds, Letta insiste sur la nécessité de parachever un marché unique des services financiers. Actuellement, des réglementations nationales divergentes entravent grandement les efforts pour exploiter pleinement un marché de 450 millions d’habitants, ce qui fragmente ainsi l’épargne et l’investissement européens.

Promouvoir les capitaux européens

L’absence de levées de fonds à grande échelle désavantage alors les start-up européennes, les incitant donc à chercher du financement aux États-Unis, où les marchés financiers sont plus puissants et attractifs. Face à cela, Letta propose alors la construction d’une Union de l’épargne et de l’investissement pour retenir les capitaux européens et promouvoir la croissance locale.

De même dans le domaine de la défense, l’Europe est confrontée à des défis similaires. La fragmentation du marché nuit à sa capacité à mobiliser les ressources nécessaires pour renforcer ses forces militaires. Letta le souligne : « Environ 80% de ce que nous avons dépensé pour soutenir militairement l’Ukraine est allé vers des fournisseurs non européens. C’est de la folie. » D’après lui, l’urgence repose sur le fait de renforcer la filière européenne dans ce domaine.

Enrico Letta met alors en garde contre le risque que l’Europe soit laissée pour compte dans la course à la compétitivité mondiale. Selon lui, l’UE doit agir rapidement et de manière décisive pour créer un environnement favorable à la croissance économique et à l’innovation, et ce, afin de rivaliser avec les géants économiques tels que les États-Unis et la Chine déjà bien avancés dans la course…

Vu et lu dans Les Echos du 02/02/24
Vu et lu dans Les Echos du 02/02/24

Vu et lu dans Les Echos du 02/02/24

 

En 25 ans d’existence, l’euro a balayé les critiques

https://www.ecoreseau.fr/actualites/economie-societe/en-25-ans-dexistence-leuro-a-balaye-les-critiques-2024-03-26-103368?utm_campaign=Matinale+Mercredi+-+20240327&utm_medium=email&utm_source=brevo

Le 26 mars 2024

 

Une analyse signée Éric Pichet, professeur et directeur du Mastère Spécialisé Patrimoine et Immobilier à Kedge Business School, et publiée par The Conversation.

25 ans après son lancement officiel en 1999, l’euro est un adulte en pleine forme et le nombre de pays de la zone euro n’a cessé de croître depuis sa création, passant de 11 en 1999 à 20 avec l’entrée de la Croatie le 1er janvier 2023. Selon les termes mêmes du traité de Maastricht, la zone euro doit d’ailleurs poursuivre son élargissement à moyen terme à tous les pays de l’Union européenne (UE) qui n’ont pas souscrit explicitement une clause d’« opt out » (désengagement) comme le Danemark.

Au-delà du cercle officiel de ses quelque 330 millions d’usagers équivalent à la population des États-Unis (340 millions) et incluant 4 micro-États officiellement autorisés à l’utiliser (Andorre, Monaco, Saint-Marin et Le Vatican), l’euro étend son influence à des pays ou régions qui en ont fait unilatéralement leur monnaie, comme le Monténégro ou le Kosovo, ou qui indexent volontairement leur devise sur la monnaie commune.

Succès planétaire, il est accepté comme moyen de paiement dans de nombreux territoires et même… par les taxis de Genève.

Prophéties erronées

Au sein même de la zone euro, les virulentes critiques des partis eurosceptiques qui estimaient que la monnaie était une forme d’abdication de la souveraineté nationale se sont progressivement estompées. La hausse régulière du taux d’adhésion de la population, qui se situe à près de 80 % aujourd’hui, les ont en effet progressivement contraints à abandonner une posture radicale car trop coûteuse électoralement.

Pour mesurer le succès de l’euro, il faut également se souvenir des pronostics apocalyptiques de nombre d’économistes monétaires anglo-saxons qui affirmaient que le projet ne verrait jamais le jour et que, dans l’hypothèse peu probable de son lancement, la monnaie exploserait à la première grande crise.

Au premier rang des sceptiques, l’économiste américain Milton Friedman expliquait en 1997, soit deux ans avant sa naissance, que, contrairement aux États-Unis, les fragmentations du droit du travail et des protections sociales nationales très disparates brideraient la libre circulation des hommes et des capitaux nécessaires au mécanisme d’ajustement d’une zone monétaire optimale.

Sur un territoire connaissant de fortes divergences de cycles économiques, par exemple entre pays industriels et touristiques, la politique monétaire de la future banque centrale s’apparenterait donc, comme l’expliquait alors Rudiger Dornbusch, professeur au MIT, à « tirer sur une cible mouvante dans le brouillard ».

Dernier argument de taille des eurosceptiques : en cas de crise grave localisée dans un seul pays, le carcan de la monnaie unique interdirait toute dévaluation de la monnaie, se traduisant nécessairement par un violent ajustement interne sous forme d’une chute brutale des revenus et du pouvoir d’achat insupportables pour la population.

La Grèce toujours dans le club
 

C’est exactement ce qui s’est produit en Grèce au cours de la longue crise financière de 2008-2015. Le pays a effectivement frôlé la sortie de l’euro lors du référendum national du 5 juillet 2015 par lequel les citoyens grecs ont refusé à une large majorité (60 %) les conditions du plan de sauvegarde imposé par la Banque centrale européenne (BCE), la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI).

Découvrant dès le lendemain l’impossibilité de retirer des billets aux distributeurs, les députés grecs ont finalement approuvé en catastrophe, le 13 juillet 2015, un plan de rigueur encore plus douloureux pour rester dans l’euro.

Depuis 2019 les drames de l’hyperinflation dans deux pays proches, au Liban qui a fait basculer 80 % du pays dans la grande pauvreté et dans une moindre mesure en Turquie, ont achevé de convaincre les Européens de la protection d’une monnaie forte.

Si les habitants de la zone euro ont très vite pris conscience des avantages pratiques de la monnaie unique avec la disparition des frais de transaction et du risque de change d’Helsinki à Lisbonne, les entreprises ont pu de leur côté comparer les prix et mettre en place rapidement des plans stratégiques servant un vaste marché unique. Quant aux marchés financiers, ils ont gagné en stabilité et en profondeur au fil de leur intégration, symbolisée par l’émergence de la bourse paneuropéenne Euronext en 2000.

Le rôle clé de la BCE

Si l’euro est une indéniable réussite, le mérite en revient d’abord à la Banque centrale européenne (BCE) qui a su gérer deux crises économiques d’une ampleur jamais vue depuis 1929. Face aux deux cataclysmes économiques de 2008 et 2020, elle a dû, comme les autres grandes banques centrales, réviser de fond en comble une doctrine multiséculaire depuis la création de la banque d’Angleterre en 1694 en appliquant pour la première fois de son histoire, une politique monétaire dite non conventionnelle.

Mêlant taux d’intérêt nuls, voire négatifs, et émission massive de monnaie qui a multiplié la taille de son bilan, cette politique audacieuse a permis d’éviter deux dépressions économiques durables.

Tout au plus peut-on reprocher à l’actuelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, et ses collègues de Francfort d’avoir tardé, contrairement à la Réserve fédérale américaine (Fed), beaucoup plus réactive, à remonter les taux quand l’inflation a resurgi brutalement en 2021. La BCE, alors soucieuse d’éviter une rechute de l’économie, avait sous-estimé la composante monétaire de l’inflation pour l’attribuer essentiellement aux chocs externes et aux goulets d’étranglement logistiques liés au Covid-19 et à la guerre en Ukraine.

Loin de l’affaiblir, les crises de sa jeunesse ont donc renforcé le pouvoir de la BCE, car après la crise des subprimes de 2008, il est apparu clairement que la stabilité financière impliquait une meilleure supervision des mastodontes de la finance qu’étaient devenues les grandes banques. Les États membres de l’Union européenne ont ainsi confié en 2014 à la BCE la supervision des 130 plus grandes banques européennes dites systémiques (qui risquaient d’ébranler la stabilité financière de la zone) maintenant le reste des quelque 8 300 banques de la zone euro sous le contrôle du superviseur national (l’ Autorité de contrôle prudentiel et de résolution en France).

Construction inachevée

Si l’Europe a évité les conséquences des faillites de la Silicon Valley Bank aux États-Unis et du Credit Suisse en 2023, il reste encore à parfaire l’union bancaire par un véritable système européen d’assurance des dépôts, aujourd’hui bloqué par l’Allemagne qui refuse toujours une solidarité financière avec les pays du Sud du continent.

Mais le point noir de la zone euro reste incontestablement le renforcement du pilier budgétaire de l’union monétaire. Pour faire partie du club de l’euro, chaque pays devait satisfaire à 5 critères de convergence : un déficit public inférieur à 3 % du PIB, une dette publique inférieure à 60 % du PIB, une inflation faible, des taux d’intérêt à long terme modérés et une stabilité de son taux de change par rapport aux autres devises européennes.

Une fois dans le club, le Pacte de stabilité et de croissance mis en place en 1997 était censé discipliner les États membres en assurant un minimum de discipline budgétaire pour éviter qu’un pays trop dépensier n’emprunte excessivement, entraînant une hausse des taux d’intérêt à long terme préjudiciable aux autres pays membres ou générant une méfiance vis-à-vis de la monnaie.

Or, les grandes crises de 2008 et de 2020 ont nécessité des politiques de soutien à l’activité via une hausse spectaculaire des déficits et de la dette. Ces politiques contra-cycliques ont conduit à une divergence entre les pays dits « frugaux » du Nord et les cigales – parmi lesquelles on peut classer la France. Cette divergence s’est en effet accentuée à partir de mars 2020 quand la Commission européenne a invoqué les circonstances exceptionnelles prévues par le traité pour suspendre les effets du Pacte jusqu’à la fin 2023.

Néanmoins, l’euro dispose aujourd’hui d’une assise suffisante pour envisager ses futures évolutions comme la mise en place d’un e-euro ou euro numérique. Ce nouveau moyen de paiement, instantané et gratuit pour les particuliers et les entreprises, rapide et sécurisé, serait directement émis par le Système européen de banques centrales de la zone euro, mais géré par des fournisseurs de services de paiement rémunérés par les commerçants via des commissions très faibles. Il devrait voir le jour à l’horizon 2026-2027.


Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence creative commons. Lire larticle original.

https://theconversation.com/en-25-ans-dexistence-leuro-a-balaye-les-critiques-222788

 

 

Vus et lus dans Les Echos du 15/02/24 et La tribune du dimanche du 07/04/24
Vus et lus dans Les Echos du 15/02/24 et La tribune du dimanche du 07/04/24
Vus et lus dans Les Echos du 15/02/24 et La tribune du dimanche du 07/04/24

Vus et lus dans Les Echos du 15/02/24 et La tribune du dimanche du 07/04/24

Vus et lus dans Les Echos du 28/03/24
Vus et lus dans Les Echos du 28/03/24

Vus et lus dans Les Echos du 28/03/24

Vu et lu dans Les Echos du 27/03/24
Vu et lu dans Les Echos du 27/03/24

Vu et lu dans Les Echos du 27/03/24

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article