Gemalto, leader mondial et français.

Publié le par Jacques SAMELA.

A l’origine, un inventeur appelé Roland Moreno (photo), qui en 1974 inventa la carte à puce, sans savoir qu’elle deviendrait un succès mondial, tellement peu, que tous ces brevets tombèrent dans le domaine public dès les années 90. Il est décédé en 2013.

Ensuite, en 1988, six ingénieurs, tous issus de Thomson CSF, pressentant le filon, tentèrent l’aventure de la carte à puce en créant une société connue sous le nom de Gemplus dans la banlieue marseillaise, plus précisément dans le parc d’activités de Gémenos, d’où les trois premières lettres du nom. Le succès fût immédiat, avec une croissance avoisinant les 40 % par an, grâce notamment au développement en 1996 du premier lecteur portable de cartes.

Tellement immédiat, que les services de renseignements américains, à l’affut de technologies sensibles, s’y intéressèrent au plus haut point, cherchant même à entrer dans le capital de la société. Et, après deux essais infructueux, c’est par le biais du fonds d’investissement Texas Pacific Group (TPC) qu’ils y arrivèrent, en prenant 26 % du capital. Mais, peu apprécié par les fondateurs, certains quittèrent l’entreprise, laissant la place à une nouvelle équipe, avec pour conséquence, un changement de nom, Gemplus International, et le transfert du siège social au Luxembourg.

Après cette intrusion inamicale, notamment de la part de la CIA par le biais du fonds de capital-risque In-Q-tel, le groupe, devenu leader mondial des cartes à puce et des cartes SIM pour le GSM, fusionna en 2006 avec son dauphin néerlandais, Axalto, pour donner naissance cette fois-ci à Gemalto (www.gemalto.com).

Entre-temps, ne souhaitant pas laisser libre champs aux américains, qui soit dit en passant ont quand même obtenus les technologies de cryptologie de la carte à puce, l’Etat français rachète en 2009, 8 % du capital via le fonds stratégique d’investissement, lui permettant de devenir l’actionnaire principal du groupe.

Aujourd’hui, dirigé par Olivier Piou, le groupe est toujours le leader mondial de la carte à puce, avec un bénéfice net pour 2013 de 257,9 millions d’Euros, et un chiffre d’affaires de 2,384 milliards, en progression de 7 %. Présent dans 44 pays, il emploie près de 10 000 salariés dont 1 800 chercheurs, il détient près de 4 300 brevets, et en dépose près d’une centaine chaque année, avec la possibilité pour chaque employé de présenter des idées, qui si elles sont retenues, trois ou quatre par an, sont ensuite testées par la cellule d’incubation, avec, pour les lauréats, une durée de six mois pour prouver la viabilité de son projet. Une manière intéressante d’impliquer l’ensemble des salariés dans la vie de l’entreprise. Une idée à creuser.

Et pour demain, qui est déjà aujourd’hui pour Gemalto, les activités du groupe sont en nette progression. Tout d’abord de 15 % à 20 % dans le secteur bancaire, ensuite dans les logiciels, intégrés dans une carte à puce, un passeport électronique ou dans les grands serveurs informatiques, mais aussi dans l’apport de l’installation de la 4G, les débouchés prometteurs du M2M (machine to machine), avec la concrétisation récente d’un contrat avec le groupe Audi pour équiper ses véhicules A3 de puces 4G, et surtout le paiement sans contact NFC( concurrente de la norme HCE, fonctionnant sous Android), considéré par son dirigeant comme une étape technologique incontournable pour son groupe dans les 3 à 5 ans à venir.

Et, récemment, afin d’assoir encore plus son leadership dans le domaine de la sécurité informatique, le groupe a effectué la plus grosse acquisition de son histoire en s’offrant pour 890 millions de dollars l’entreprise américaine SafeNet (www.safenet-inc.com), sans pour autant négliger l’Asie, autre continent visé, avec notamment la fourniture à l’opérateur China Mobile, premier opérateur de téléphone mobile dans le monde avec 800 millions d’abonnés, d’un service de cartes sans contact pour les transports publics de Pékin.

Donc, à partir d’une spécificité purement française (la carte à puce), le groupe a su depuis sa création devenir un leader mondial, avec comme particularité d’être l’entreprise la plus mondialisée du CAC 40, la France représentant à peine 5 % de ses ventes, mais aussi devenir un exemple pour toutes ces pépites françaises dans le domaine notamment des nouvelles technologies, dont le terrain de jeu est mondial, et dont l’ambition est d’en devenir les futurs champions.

Jacques Samela

Sources :

. Wikipedia.

. Capital / Juin 2013.

. Management / Avril 2013.

. Capital / Février 2014.

Gemalto, leader mondial et français.
Gemalto, leader mondial et français.

Publié dans L'entreprise du mois

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