Philippe Starck, le touche à tout du design français

Publié le par Jacques SAMELA.

Chaises, fauteuils, presse agrumes, brosses à dents, motos, vélos, pâtes, cafés, hôtels, maisons, la freebox. Voici une petite idée, très petite même de l’œuvre prolifique de Philippe Starck (www.starck.com), le designer français le plus connu au monde.

Né en 1949, fils de l’ingénieur-inventeur-dessinateur d’avions, André Starck, il étudia à l’école à l’école Nissim de Camondo (www.lesartsdecoratifs.fr) à Paris, avant de devenir directeur artistique de la maison d’édition chez Pierre Cardin. Ensuite, il fonda sa 1ère école de design industriel, Starck Product, appelée par la suite Ubik, en hommage au roman de l’auteur de science-fiction, Philip K Dick, et commença à collaborer avec des éditeurs internationaux comme l’italien Alessi (www.alessi.com).

Mais, c’est au début des années 80 que Philippe Starck se fit remarquer du grand public, avec notamment la décoration des appartements privés du président François Mitterrand à l’Elysée, et avec le succès du Café Costes (voir photo), situé dans le quartier des halles près de la fontaine des Innocents. Il n’existe plus aujourd’hui, mais j’y suis allé plusieurs fois.

Depuis, c’est un nombre incalculable de réalisations que le designer a pu mettre en œuvre.

En effet, dès 1989, Philippe Starck conçoit un premier immeuble appelé Nani Nani àTokyo, suivi d’un autre un an plus tard appelé lui l’Asahi Beer Hall. Ensuite, et toujours au Japon, c’est un ensemble de bureaux qui voit le jour à Osaka, appelé le Baron Vert. En France, il s’attelle l’extension de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD).

Entre-temps, il s’est consacré à la conception de nombreux hôtels dans le monde, avec notamment l’obtention du prix du meilleur hôtel de l’année en 2005 pour l’hôtel Faena de Buenos Aires en Argentine (voir photo). Et, dès 2010, il développe en partenariat une nouvelle chaine d’hôtels de luxe, les SLS, mais avec cette idée permanente chez lui, casser les codes du secteur.

Ensuite, gastronome revendiqué, il ne pouvait pas ignorer ce monde qui est celui de la bonne chair, avec l’ouverture à Paris des restaurants Bon en 2000, du Mori Venice en 2006, du Paradis du fruit en 2009, sans oublier la décoration du restaurant Ma Cocotte aux Puces de St Ouen en 2012 (voir photo).

Mais, au de-là de ces réalisations, reconnues de par le monde, et donc de sa notoriété, il ne faut pas occulter le Philippe Starck qui, dès le début de sa carrière, adopta une charte éthique en s’interdisant de travailler pour des secteurs comme celui des armes, de l’alcool, du tabac, du pétrole ou encore de la religion, car susceptibles de rogner sur son intégrité, en raison notamment de leur puissance, le Philippe Starck écologiste, avant l’heure, avec sa maison en kit créée pour les 3 Suisses (son seul échec), ou encore la maison préfabriquée en bois, appelée Path (voir photo), ou encore le Philippe Starck, soucieux du monde qui l’entoure et qui souffre, avec l’élaboration de l’Ideas Box (voir photo) pour les camps de réfugiés de l’ONU, à la demande de Bibliothèques Sans Frontières (www.bibliosansfrontieres.org), équipé de tablettes avec connexion 3G, Moocs, liseuses, e-books, et même d’une caméra HD pour faire du reportage collaboratif.

Sans oublier également, ce qui est je crois son crédo, et ce depuis de nombreuses années, si ce n’est depuis le début de sa carrière, démocratiser le design, afin justement de le rendre accessible à tous. Et en effet, n’a-t-il pas dessiné gracieusement la carte Navigo en 2013, et ses œuvres, des plus connues comme le presse citron Juicy Salif de Alessi (voir photo), les couteaux Laguiole, ou encore la chaise Louis Ghost de Kartell, vendu à plus d’un millions d’exemplaires, au moins connues comme la flamme olympique des jeux d’hiver de 1992 à Albertville, des brosses à dents pour la marque Fluocaril, ou encore les enceintes Zikmu et le casque Zik de Parrot (voir article du 23 février 2015) ne s’adressent elles pas à la vie de tous les jours ? Moins pour la flamme olympique il est vrai.

Et tout ça, avec humour. Autre caractéristique de ce personnage hors norme. Car, que dire de ces objets dont il affuble de noms toujours plus amusants comme la lampe Marie Coquine de Baccarat (voir photo), le tabouret Bubu, la chaise Boom, ou encore les fauteuils Ploof, Eros ou Mr Impossible.

Et aujourd’hui, alors que beaucoup attendent avec impatience ce moment que l’on nomme la retraite, lui, à 66 ans, il en profite pour créer une agence d’architecture appelée S++B, mais surtout pour collaborer avec sa fille prénommée Ara, sur le projet de l’hôtel Meurice, ou la création d’une collection de flute à champagne pour Baccarat.

Comme quoi, les chiens ne font pas des chats, car sa fille, née en 1978, artiste peintre au talent prometteur, a de qui tenir. Et il est fort à parier que de nombreuses collaborations seront à venir.

L’avenir est donc assuré, mais, on peut compter sur lui pour continuer son œuvre, sans pour autant se prendre la tête, car depuis longtemps, il s’ingénie à choisir ses projets, apanage d’un artiste accompli, n’ayant plus rien à prouver, si ce n’est à lui-même.

Alors, Philippe, je me permets, continue comme ça, et comme tu le dis si bien, « le populaire est élégant, le rare est vulgaire », et que le design soit toujours à la portée de chacun de nous.

Jacques Samela

Sources :

. Wikipedia.

. Le journal de la MAISON.

. Les Echos du 18 juillet 2014.

A lire :

. Starck / Taschen (www.taschen.com).

. Impressions d’ailleurs / L’Aube.

. Le cas Philippe Starck ou de la construction de la notoriété de Christine Bauer.

Philippe Starck, le touche à tout du design français
Philippe Starck, le touche à tout du design français
Philippe Starck, le touche à tout du design français
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Publié dans Portrait français.

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