Thierry Breton & Nicolas Dufourcq, en mission
Après vous avoir fait découvrir Louis Gallois (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2021/01/louis-gallois-l-homme-de-la-competitivite-francaise.html) et Christine Lagarde (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2016/03/christine-lagarde-une-femme-francaise-d-influence.html), soit le précurseur de la nouvelle compétitivité française, et la présidente actuelle de la Banque centrale européenne, voici donc cette fois-ci, pas un, mais deux autres portraits français (déjà fait ultérieurement), que je présenterai comme les « activistes » de la réindustrialisation, française et européenne, soit Nicolas Dufourcq, nouvellement reconduit dans ses fonctions de directeur général de Bpifrance (http://competitiviteinfrance.overblog.com/bpi-france-la-banque-de-la-reconqu%C3%AAte), et Thierry Breton, actuel commissaire européen au Marché intérieur.
Alors, comme d’habitude, et sans faire acte de préférence, ma première présentation concernera donc Thierry Breton, eu égard seulement à la première lettre de son prénom.
Donc, aujourd’hui commissaire européen au Marché intérieur, qui intègre également la politique industrielle, la défense et l’espace, soit une première dans le fonctionnement de l’UE en englobant enfin ces sujets, devenus aujourd’hui primordiaux pour qu’elle prenne sa place dans le monde de demain, et pèse de tout son poids face à la Chine et aux Etats-Unis.
Et ce poste, il permet également à la France de se retrouver à nouveau sur le devant de la scène des institutions européennes, avec comme souhait d’y défendre des idées pas toujours bien perçues, voire considérées arrogantes, mais malgré tout primordiales (https://www.vie-publique.fr/en-bref/285577-bilan-de-la-presidence-francaise-du-conseil-de-lunion-europeenne). Je rappelle juste que la France est un des pays fondateurs de l’UE.
Sinon, pour en revenir au personnage, et notamment à son parcours, on peut dire qu’il est plutôt chargé ou complet, c’est selon.
En effet, après une scolarité à l’Ecole alsacienne de Paris, suivie d’une prépa aux grandes écoles au Lycée Louis le Grand, il obtient en 1979 un diplôme d’ingénieur à Supélec, et dans le cadre de son service national, au titre de la coopération, il devient professeur d’informatique et de mathématiques au lycée français de New York.
Ensuite, après cette expérience certainement enrichissante, il crée en 1981 une société d’analyse de systèmes et d’ingénierie informatique appelée Forma Systems, qu’il dirigera pendant cinq ans, avant cette fois-ci de se consacrer au projet du Futuroscope à Poitiers, suite à une rencontre avec son instigateur René Monory (1923-2009), plusieurs fois ministre, et dont son principal fait sur cette idée, sera d’en imaginer la création de la Technopôle (https://www.lavienne86.fr/au-quotidien/attractivite/outils-damenagement/la-technopole-du-futuroscope/site-internet-de-la-technopole).
Lieu où il embrassera également une carrière politique, tout d’abord en intégrant en 1986 le cabinet de celui qui deviendra son mentor (voir ci-dessus), comme conseiller pour l’informatique et les technologies nouvelles au ministère de l’éducation, ensuite, en devenant conseiller régional de Poitou-Charentes, et finalement ministre de l’économie, des finances et de l’industrie dans le gouvernement Raffarin, alors 1er ministre du président Chirac (2005), où il sera l’un des artisans de la privatisation des autoroutes et de France Télécom.
Entreprise qu’il connait par ailleurs très bien, puisqu’il en fut le dirigeant pendant plusieurs années à partir de 2002, contribuant à relever celle qui est surnommée à l’époque « l’entreprise la plus endettée au monde », à hauteur de 70 milliards d’Euros, à premier opérateur historique à avoir élaboré et mis en œuvre le concept d’ »opérateur intégré », et ramenant en moins de trois ans la dette en dessous des 40 millions d’Euros.
Mais avant cela, il fut le directeur général de la société CGI de 1990 à 1993, suivi de directeur de la stratégie et du développement de la société Bull, avant d’en devenir directeur général adjoint, et au final vice-président à l’âge de 40 ans.
En 1997, il est nommé à la tête du groupe Thomson, alors valorisé un franc symbolique, qu’il réussira à valoriser jusqu’à 100 milliards de francs en 2002, lui valant au passage d’être nommé « stratège de l’année » par le quotidien économique La Tribune.
Ensuite, et après son passage à la tête de France Télécom (voir plus haut), il sera nommé en 2008 président du directoire de l’entreprise Atos Origin (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2019/05/atos-le-mousquetaire-du-numerique.html), puis PDG un an plus tard, avec quelques faits marquants à son actif, comme le rachat du groupe allemand Siemens IT Solutions & Services, permettant à Atos de se hisser au 2ème rang européen derrière IBM, tout en devenant « l’Airbus » des services informatiques, l’acquisition des sociétés Bull, qu’il connait bien (voir plus haut), et Xerox ITO, ou encore l’entrée du groupe au CAC 40,avec une capitalisation de 7,29 milliards d’Euros.
Et cette fonction, il la quittera en 2019 pour son poste actuel, que je ne vous présente plus.
Par-contre, saviez-vous qu’il est aussi un écrivain à succès ?
En effet, et ce depuis l’âge de 29 ans, où il publiera en 1984 son premier ouvrage, coécrit avec Denis Beneich, intitulé Softwar, considéré comme l’un des premiers à se saisir du sujet des virus informatiques, traduit en une dizaine de langues, vendu à 1,5 millions d’exemplaires, et adapté à la télévision en 1992.
Suivront en 1985 un livre intitulé Vatican III, imaginant cette fois-ci la propagande de l’image par le biais de satellites géostationnaires, et obtenant le prix du meilleur roman de science-fiction de l’année à l’occasion des Gutenberg du livre, en 1987, et Netwar, distingué lui par le prix Mannesman-Tally, récompensant le meilleur roman lié au secteur informatique, complétés par six essais de 1991 à 2007.
Comme quoi, rien ne l’arrête, ce qui finalement semble être un des traits forts de sa personnalité, car aujourd’hui, dans le cadre de sa fonction plus que stratégique, il impose ses vues et ses décisions au moyen d’une méthode jugée par certains trop directe, voire agaçante, certainement acquise tout au long de son parcours, notamment industriel. Cependant, malgré quelques réticences, elle a l’air de fonctionner, ce qui pour l’UE est une chance, selon moi.
Et maintenant, place donc au second portrait français, Nicolas Dufourcq, dont l’ambition est de relever l’industrie française, faisant l’objet même d’un livre écrit de ses mains, intitulé « La désindustrialisation de la France », paru en juin dernier chez Odile Jacob.
Et c’est bien comme directeur général de Bpifrance qu’il compte favoriser ce retour, car rappelons-le quand même, la France est le pays de l’UE le plus désindustrialisé, à l’exception de la Grèce, avec en 2021, une représentation de 16,8 % dans notre PIB, alors que l’Allemagne en était à 26,6 %, l’Italie à 22 %, et la Suède à 20,5 %.
C’était certainement les conséquences de ce que l’on a appelé à l’époque, le concept du « fabless » (https://www.lepoint.fr/economie/le-fabless-passion-francaise-13-10-2011-1387565_28.php#11), et qui durant la crise du Covid s’est révélé problématique, avec la difficulté de trouver sur place des masques, des médicaments, et encore moins la possibilité de produire des vaccins.
Mais bon, avant de devenir le pourfendeur, non masqué, de la désindustrialisation française, il fut étudiant au lycée Henri IV de Paris, obtint les diplômes de Paris HEC, où il prit le temps de créer 5 startups, et de l’ENA, avec comme idée qu’une voie était toute tracée pour ce fils d’ambassadeur, et d’une mère secrétaire d’état à la Recherche au sein du gouvernement Juppé en 1995.
Et ce fut effectivement le cas, en embrassant la fonction d’inspecteur des finances pendant plusieurs années, avant de bifurquer vers la politique, en devenant le directeur adjoint du cabinet de René Teulade, alors ministre des affaires sociales et de l’intégration au sein du gouvernement Bérégovoy (1992)
Il y reviendra un an plus tard, avant cette fois-ci de découvrir l’industrie, en devenant chargé de mission auprès du directeur général de France Télécom, conseiller du président, directeur de différentes branches du groupe, y développant, avant d’en devenir le PDG, le fournisseur d’accès à internet Wanadoo, pour finir comme directeur exécutif de la branche téléphonie et internet du groupe.
Quand on y regarde bien, quelques similitudes existent entre ces deux messieurs, l’incursion dans le monde politique, mais aussi leur passage au sein du groupe France Télécom. Mais vous l’aviez peut-être déjà vu ?
Ensuite, il intégrera le groupe Capgemini au poste de directeur délégué de la France et d’une partie de l’Europe, avant de prendre celui de directeur général adjoint chargé des finances, de la gestion des risques et j’en passe (voir le reste sur Wikipedia), et au final, de directeur du suivi des grands comptes, où il entreprendra avec succès au redressement du groupe.
Et donc, pour se retrouver aujourd’hui au poste que vous connaissez, depuis 2013, avec à son actif la mise en place d’une structure désormais incontournable dans l’investissement de l’innovation en France, devenant au fil des ans le pourvoyeur de l’écosystème français des start-up, par le biais de systèmes de prêts, de prises de participation directe ou via des fonds, ou encore le développement de plans consacrés à la « Deeptech », ainsi que celui intitulé « French Fab », contribuant justement à la réindustrialisation de l’Hexagone, affaire qu’il compte mener en amateur avisé d’alpinisme, soit avec difficulté, mais avec persévérance.
Ce que sont finalement nos deux défenseurs de l’industrie, française et européenne, naviguant à contre-courant de ce qui a été la norme pendant de nombreuses années, et qu’ils remettent au gout du jour pour le bien de nos nations, faisant que le mot souveraineté ne soit pas juste un état d’esprit de repli sur soi, voire de protectionnisme ravageur, mais plutôt de reconquête.
Jacques Samela
Sources :
1/ Thierry Breton
. Wikipedia
. https://www.decideurs-magazine.com/finance/37055-thierry-breton-le-super-commissaire.html
. https://www.contexte.com/article/pouvoirs/thierry-breton-corsaire-europeen-a-lindustrie_163501.html
. https://www.economie.gouv.fr/saef/thierry-breton
. https://ec.europa.eu/commission/commissioners/2019-2024/breton_fr
A lire :
2/ Nicolas Dufourcq
. https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Dufourcq
. https://www.la-croix.com/Nicolas-Dufourcq-financier-service-start-innovation-2023-01-24-1301252183
. https://www.frenchweb.fr/nicolas-dufourcq-financier-au-service-des-start-up-et-de-linnovation/439411