Luc Besson : Attention, silence, actions

Publié le par Jacques SAMELA.

Réalisateur, scénariste, producteur, écrivain, entrepreneur, Luc Besson vient de crever le plafond avec près de 54 millions de spectateurs dans le monde pour son dernier film en tant que réalisateur, Lucy. Le précédent, n’avait recueilli que 48 millions de spectateurs, il s’agissait de Taken 2, et en plus, il n’en était que le scénariste et le producteur.

Mais, avant d’en arriver là où il est aujourd’hui, sa carrière débuta à l’âge de 17 ans comme machiniste, avant de devenir assistant réalisateur. Cependant, souhaitant passer par une école spécialisée, son manque de diplôme l’en empêcha, ce qui plus tard, lui donnera l’envie et l’occasion de créer sa propre école de cinéma, dont la particularité est justement d’accepter toute personne ayant peu de ressources, et n’ayant pas ou peu de diplômes. On en reparlera.

Donc, après plusieurs postes d’assistant réalisateur en France, mais aussi aux Etats-Unis, il tourna son premier long métrage en 1983 avec Pierre Jolivet comme co-scénariste et acteur, ainsi que Jean Reno dans un petit rôle, il s’appelle Le dernier combat, tourné en cinémascope et en noir et blanc, le sujet, la survie d’êtres humains dans un monde post-apocalyptique. Ce premier film fût distingué au festival d’Avoriaz, et lui permis de signer un contrat avec la Gaumont.

Fort de ce premier succès, il tourna deux ans plus tard Subway, avec comme acteurs principaux Isabelle Adjani et Christophe Lambert, et, obtenant trois Césars, il imposa sa griffe visuelle, soit un univers sophistiqué, proche de la bande dessinée et du vidéo-clip. Ensuite, c’est au tour du film Le grand bleu, devenu un phénomène générationnel avec près de 10 millions d’entrées, mais suscitant des reproches du monde de la critique. Certainement le début du contentieux toujours en œuvre aujourd’hui.

Mais, malgré ce problème, ces films suivants, Nikita en 1990, et Léon en 1994 furent des succès publics, assurant une notoriété de premier plan au réalisateur, mais aussi à ses acteurs, Anne Parillaud (le rôle de sa vie), Jean Reno, et la toute jeune Nathalie Portman. Seul Atlantis, tourné lui en 1991, n’obtint pas la notoriété promise à ce nouveau réalisateur en vogue.

Cependant, loin de l’arrêter, on le retrouve en 1997 avec cette fois-ci Le cinquième élément, avec Bruce Willis, Milla Jovovitch (sa future compagne) et Gary Oldman (déjà vu dans Léon) comme acteurs, ainsi que Moebius ou Giraud (le créateur de Blueberry pour les connaisseurs, et Mézières (créateur de Valérian et Laureline) pour les décors, et Jean-Paul Gaultier (voir son portrait français) pour les costumes, portant ce film à près de 36 millions de spectateurs dans le monde (une première pour un réalisateur français), lui permettant même d’obtenir le César du meilleur réalisateur.

Cette période, que l’on pourrait considérer comme celle qui contribua à assoir sa notoriété en tant que réalisateur, se termina avec le film Jeanne d’Arc, interprété par Milla Jovovitch, et accompagné par une pléiade d’acteurs comme Dustin Hoffman, Vincent Cassel, Tchéky Karyo, et encore Jean Reno. Il rassemblera près de 3 millions de spectateurs.

Et donc, c’est après cette période faste et intense que Luc Besson initia sa deuxième activité, soit celle de producteur en fondant Europacorp (www.europacorp.com) en 1999 avec Pierre-Ange Le Pogam, vu dans le film Subway comme garde du corps d’Isabelle Adjani. Il y produisit des films comme la série Taxi, Yamakasi, Le Transporteur ou encore Trois enterrements de Tommy Lee Jones. Il en sera même souvent le scénariste de ces films.

Aujourd’hui, Europacorp, qui s’appelait avant Leelo Production (1992), du nom de l’héroïne du Cinquième élément, ou encore avant, les Films du Dauphin (1990), affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires de 227 millions d’Euros, avec une augmentation de + 7 % en 2014, et avec un résultat net de 19,5 millions.

En bourse depuis 2007, avec une réorientation souhaitée vers les Etats-Unis et les séries (pour la récurrence de leurs revenus), les ventes internationales sont passées à 96 millions d’Euros, et les séries ont rapportées en 2014 près de 33 millions d’Euros. Pour information, son associé actuel n’est plus celui du début (voir plus haut), mais Christophe Lambert (pas l’acteur), un homonyme, qui vient lui du monde de la publicité.

Quant aux films, il y reviendra en 2005 avec Angel-A et Jamel Debbouze comme acteur, et le premier volet de son livre pour enfants, Arthur et les Minimoys.

En 2010, c’est au tour du film Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec avec Louise Bourgoin, et adapté de la bande dessinée de Jacques Tardi, suivi du film sur la femme politique birmane Aung San Suu Kyi, dont le titre est The Lady, et joué par L’actrice Michelle Yeoh, et Malavita avec Robert De Niro, Tommy Lee Jones, et Michelle Pfeiffer, tiré du livre éponyme de l’auteur français Tonino Benacquista. Et pour rester dans sa filmographie, on ne peut passer à côté de sa plus récente œuvre, en l’occurrence Lucy avec Scarlett Johansson, qui devient avec près de 54 millions de spectateurs dans le monde, son plus grand succès, mais aussi celui du cinéma français à l’étranger.

La suite est déjà prévue, mais avant, annoncé sur son compte Twitter, son prochain film aura pour héros Valérian et Laureline, d’après la bande dessinée de Pierre Christin et Jean-Claude Mezières, dont la participation au « Cinquième élément » fut remarquée. La sortie est prévue en 2017, et, est déjà annoncé comme une « Guerre des étoiles » à la française.

Donc, réalisateur, producteur, scénariste, écrivain, acteur ou dirigeant d’entreprise, Luc besson a depuis l’inauguration de la Cité du Cinéma (www.citeducinema.org) en 2012, une autre casquette, soit celle de promoteur du cinéma français et de son savoir-faire technique.

Présentée à la presse en 2008, ce projet fou, mais certainement bien pensé, se situe donc à Saint-Denis (93) sur le site d’une ancienne centrale électrique, mettant à disposition de l’ensemble de la profession dix plateaux de tournage, de bureaux, Jamel Debbouze y a installé les locaux de sa société, de restaurants et d’une classe préparatoire à l’Ecole Louis Lumière, l’Ecole de la Cité, où, 95 % des diplômés trouvent un emploi directement à leur sortie.

Et, trois ans après, « Hollywood sur Seine », son surnom, n’est pas encore le studio de cinéma européen incontournable, pouvant rivaliser, voire dépasser ses concurrents principaux que sont les studios de Pinewood à Londres, ceux de Babelsberg à Berlin, ou encore ceux de Barrandov à Prague.

Mais, malgré ce contretemps, dû certainement à sa jeunesse, elle bouillonne d’activités avec notamment le tournage des films Lucy, Taken ou encore Le Transporteur sur l’unique plateau de 2 000 m2 en France, le tournage de publicités (Dior, Channel), de clips (Rolling Stones), de séries et d’émissions de tv, l’organisation d’expositions comme celles consacrées à Star Wars et Harry Potter (500 000 visiteurs), mais aussi la location de locaux aux entreprises du Cac 40, garantes d’une manne financière récurrente et importante, quand on sait que le loyer annuel coûte près de 7 millions d’Euros, et ce pendant douze ans.

Cependant, pour ne pas rester essentiellement sur cet aspect financier, il faut savoir aussi qu’à travers son association, Luc Besson a mené un certains nombres d’actions liées de près ou de loin au cinéma, comme par exemple l’organisation d’un festival en partenariat avec celui de Cannes, où furent projetés gratuitement les films sélectionnés, ou encore la distribution de cadeaux ou de livres, la visite de tournages, des sessions d’initiation aux métiers du cinéma, voir des collaborations de travail avec des jeunes des quartiers dits sensibles, attirés par le monde du cinéma, et apportant une dynamique nouvelle.

Et en termes de dynamique aujourd’hui, elle est actuellement internationale, avec notamment la signature d’un contrat avec la société américaine Relativity Media (www.relativitymedia.com), huitième distributeur du pays, et assurant elle le plus grand marché au monde de la spécialité, et avec la société chinoise Fundamental Films (www.fundamentalfilms.com), lui assurant la distribution de ses films en Chine, en échange d’une coproduction sur plusieurs longs métrages. Quand on sait que le cinéma français y est très apprécié, passant de 5 à 17 millions de spectateurs entre 2014 et 2015, on peut comprendre aisément l’importance que peut représenter l’empire du milieu pour l’avenir de son groupe, et à travers lui le cinéma français.

Donc, c’est bien à un personnage multi facettes à laquelle nous avons à faire, et même si certains ne l’apprécient pas, il demeure malgré tout la locomotive du cinéma français* dans le monde, car même si ces derniers films furent pour la plupart tournés en anglais, leur élaboration y fut à majorité française, grâce justement à l’utilisation de techniciens français et de lieux de tournage majoritairement français.

Une condition pour réussir ?

En tout cas, Luc Besson et son associé y croient dur comme faire, et pour l’instant les chiffres parlent pour eux.

* En 2014, le cinéma français a réalisé une excellente année avec 111 millions d’entrées, soit 119 % d’augmentation par rapport à 2 013, et a rapporté 640 millions d’Euros, soit + 114 %.

Jacques Samela

Sources :

. Wikipedia

. Télérama n° 3368 du 30/07/14

. Télérama n° 3401 du 18/03/14

. Les Echos du 13/05/15

. Paris Worldwilde de mai/juin 2015

. Les Echos du 26/06/15

. Les Echos du 07/09/15

Photos : Télérama n° 3368 du 30/07/15, et Paris Worldwide mai / juin 2015
Photos : Télérama n° 3368 du 30/07/15, et Paris Worldwide mai / juin 2015
Photos : Télérama n° 3368 du 30/07/15, et Paris Worldwide mai / juin 2015
Photos : Télérama n° 3368 du 30/07/15, et Paris Worldwide mai / juin 2015

Photos : Télérama n° 3368 du 30/07/15, et Paris Worldwide mai / juin 2015

Publié dans Portrait français.

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