De Sophia Antipolis à EuraTechnologies

Publié le par Jacques SAMELA.

De Sophia Antipolis à EuraTechnologies
De Sophia Antipolis à EuraTechnologies

Il y a de cela presque cinquante ans, on ne parlait pas encore de Fab lab, d’incubateurs, de pépinières d’entreprises, et encore moins de technopole.

Et pourtant, du côté de Nice, était créée ce qui semble être encore aujourd’hui la plus importante technopole de l’hexagone, Sophia Antipolis (www.sophia-antipolis.org).

A l’initiative de Monsieur Pierre Laffitte, qui voulait créer une « Florence du XXIème siècle », et dont l’idée de départ résidait dans le croisement entre les entreprises, la recherche et l’enseignement, appelant cela la « fertilisation croisée », la première pierre fut déposé en 1969 en présence de Pablo Picasso (1881-1973), passant d’une simple zone d’activité à un technopole*, et devenant au fil du temps une technopole**.

Quant à son appellation, il serait dû au prénom de son épouse, Sophie, et au nom latin de la ville d’Antibes, Antipolis. Elle ne sera déposée qu’en 1985.

Aujourd’hui, elle rassemble sur 2 500 hectares plus de 2 000 entreprises, dont près de 200 à capitaux étrangers, représentant plus de 35 000 emplois, avec un chiffre d’affaires de plus de 5 milliards d’Euros, soit 8,5 % des emplois de tout le département des Alpes-Maritimes, et 8,5 % du chiffre d’affaires du secteur privé.

Alors, même si certains estiment qu’elle n’est plus ce qu’elle était, dû certainement à son positionnement dans le domaine des TIC, malmenés notamment par le crack des années 2 000, elle représente toujours un îlot d’innovations, recherché, notamment à l’étranger, avec en plus de sa spécialité phare, la présence d’acteurs dans les domaines de la santé, de la chimie, des sciences de la vie et de l’environnement, s’y rajoutant plus récemment des acteurs de l’internet des objets, dans le domaine du véhicule autonome, de la réalité virtuelle, sans oublier non plus la part non négligeable consacré à l’éducation avec près de 5 000 étudiants et près de 1 000 enseignants, installés notamment  sur le SophiaTech, où l’on trouve de grandes écoles comme Polytech’Nice, la SKEMABusiness School, ou encore l’Institut Eurecom, ainsi que celle consacré à la recherche, avec près de 4 000 chercheurs, installés eux au Business Pôle Sophia Antipolis, où l’on retrouve l’INRIA, le CNRS, l’INRA, accueillant également les pôles de compétitivité que sont SCS ou Safe Cluster, mais aussi les incubateurs Telecom Paris, Paca-Est, ou encore l’Agence Régionale d’Innovation et d’Internationalisation (ARII).

Donc, malgré tout, au vu de ce dynamisme toujours au zénith, il faut savoir que près de 800 emplois sont encore créés en moyenne chaque année, et que de nombreux acteurs prestigieux s’y installent encore, comme Renault qui y installe son centre de recherche dédié au véhicule du futur, reprenant en cela les activités dédiées au logiciel embarque du groupe Intel, qui lui, y créait son plus grand centre de recherche en France, comme le groupe Accenture, ou encore l’équipementier automobile Bosch, qui installe également son centre de R&D consacré aux véhicules autonomes.

Comme possible déclin, on y reviendra donc, même si justement la concurrence pointe son nez, mais peut-on vraiment parler de concurrence, avec, et cela sera mon deuxième sujet, l’avènement, plus récent donc, d’EuraTechnologies (www.euratechnologies.com), situé donc lui dans la région des Hauts de France à Lille.

Imaginé pendant la réhabilitation de l’ex-filature Le Blan-Lafond, ayant déposé le bilan en 1989, durant la crise générale de l’industrie cotonnière, et ce malgré son importance avec près de 2 500 employés, la Communauté Urbaine de Lille décida de se lancer à corps perdu dans un projet de reconversion du site, en mettant l’accent sur un domaine en devenir, celui des TIC.

Connu d’abord sous l’appellation Digiport (2006), le site actuel est inauguré en 2009 avec déjà à l’époque près de 60 entreprises dont Cap Gemini, représentant 800 salariés, et une dizaine de projets en incubation.

Par la suite, et très rapidement, le nombre d’entreprises accompagnés augmente très significativement, passant de plus d’une centaine en 2014, pour approcher voire dépasser aujourd’hui les 150, représentant plus de 4 000 salariés, 50 partenariats, dont de nombreux à l’étranger (San Francisco, Dubaï, Shanghai, New York), plus de 170 Millions d’Euros de levées de fonds depuis sa création, avec plus de 300 projets accompagnés, près de 500 évènements organisés chaque année, et 60 000 visiteurs bon mal an chaque année.

Ce qui fait qu’aujourd’hui, EuraTechnologies est considéré comme le 1er incubateur et accélérateur en France, dans le top dix en Europe d’après Fundacity, s’imposant de fait  comme le précurseur et le fer de lance de l’économie numérique en France, connu désormais sous l’appellation French Tech, et dont il est un des représentant lillois phare du label du même nom.

Avec comme conséquence directe, l’installation d’acteurs de renom, comme IBM en décembre dernier qui y inaugura son nouveau centre de services informatiques, sans oublier Microsoft, Cap Gemini (déjà vu plus haut), Cisco, le CEA Tech, l’Inria, l’HEI, sans omettre bien sur l’ensemble des sociétés, qui pour beaucoup sont à leurs premiers mois d’existence, avant de s’envoler définitivement, et que vous retrouverez aisément sur le site internet.

Donc, que ce soit au sud de la France avec Sophia-Antipolis, ou au nord avec EuraTechnologies, et je reviens là sur la question de la concurrence, ces deux exemples démontrent plutôt une certaine complémentarité entre deux précurseurs, l’un par sa précocité en tant que technopole, et toujours à même de s’imposer comme place innovante, l’autre par son flair, soit d’avoir cru aux nouvelles technologies de l’information dans une région malmenée par la fermeture des mines et la déchéance du secteur du textile, concurrencée fortement par la montée en puissance de la Chine, et qui aujourd’hui intègre complètement cette idée de troisième révolution industrielle, chère à l’économiste américain Jeremy Rifkin, dont la région des Hauts de France s’est totalement imprégnée depuis près de cinq ans.

Depuis, de nombreuses entités similaires se sont créés dans toute la France, comme Station F, qui fêtera dans quelques jours son 1er anniversaire, donnant à notre pays une image autre que certains aiment à dépeindre négativement, quoique de moins en moins il est vrai, synonyme d’un changement de paradigme, qui vous le savez me satisfait amplement.

*Le technopole : Zone d’activité qui rassemble des entreprises de fabrication ou de services dans le secteur des hautes technologies. Ils se sont développés à partir des années 80.

**La technopole : De plus grande envergure, il s’agit d’une ville entière dédiée aux hautes technologies, développant une politique d’accueil des cadres, chercheurs, techniciens, le modèle le plus connu étant la Silicon Valley aux Etats Unis.

Jacques Samela

 

Sources :

. Wikipedia

. L’Usine Nouvelle du 17/09/15 et du 19/10/17

. www.lillemetropole.fr

. www.investcotedazur.com

. La tribune du 21/07/17

. Les Echos du 14/05/18

 

 

Vu et lu dans L'Usine Nouvelle n° 3534 du 19/10/17

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