Les mousquetaires de l'hydrogène français

Publié le par Jacques SAMELA.

Les mousquetaires de l'hydrogène français
Les mousquetaires de l'hydrogène français

Si il y a un sujet d’actualité autre que celui de la crise sanitaire, c’est bien celui de l’hydrogène et de ses possibles applications, et donc de sa réponse à la problématique environnementale.

Mais justement, comme ce sujet est plus que relaté dans l’ensemble des médias, et ne souhaitant pas être redondant, je vais plutôt essayer d’être différent, en vous présentant plutôt ce qui semble être les précurseurs français, quatre en tout, PME, et n’ayant pas attendues l’engouement actuel pour cette technologie que tout le monde s’arrache,  pour s’y pencher.

Mais au fait, et avant de vous présenter la première entreprise, connaissez-vous les tenants et aboutissants de l’hydrogène, son origine, sa constitution, etc… ? Non, ou si peu ? Comme moi en fait. Donc je vous invite à suivre ce lien, assez explicite, voire un peu compliqué, mais nécessaire pour comprendre ce que cette technologie peut apporter : (https://www.cea.fr/comprendre/Pages/energies/renouvelables/essentiel-sur-hydrogene.aspx). Bonne lecture.

Et donc, sans pour autant faire de préférences entre les protagonistes de mon sujet, c’est par le plus ancien que je vais commencer, soit McPhy Energy ou McPhy (www.mcphy.com), créé en 2008.

Développant des stations de recharge d’hydrogène, ainsi que des électrolyseurs, son activité débuta après des recherches au CNRS (www.cnrs.fr) sur les technologies de l’hydrogène, pour se poursuivre en 2010 avec le Liten du CEA (www.liten.cea.fr) afin d’élaborer une solution de stockage d’hydrogène sous forme solide à l’échelle industrielle.

Depuis, l’entreprise se consacre à deux activités principales que sont l’installation de stations de recharge d’hydrogène, et la fabrication d’électrolyseurs, qui à partir de l’eau ou de l’électricité prise sur le réseau (énergies permanentes), ou au sortir de parcs éoliens et solaires (énergies renouvelables intermittentes), produit de l’hydrogène.

Et cela fonctionne, car après avoir levé la bagatelle de 180 millions d’Euros le mois dernier, elle va pouvoir tout en préparant son avenir, s’atteler  à réaliser ses missions actuelles que sont de fournir à temps ses électrolyseurs pour la plus grande station d’hydrogène zéro carbone en Europe (20 MW), qui est au Pays-Bas, ensuite de répondre, après avoir signé un protocole d’accord le 14 octobre dernier,  aux besoins énormes du leader mondial des services d’ingénierie et de construction, TechnipFMC (www.technipfmc.com), interpellé justement par l’utilisation, déjà, de sa technologie dans près de 300 usines dans le monde, et complétée par l’installation de 5 stations spécifiques dans la région Auvergne Rhône-Alpes (AURA), dans le cadre du projet régional appelé Zéro Emission Valley (https://www.auvergnerhonealpes.fr/278-pour-une-filiere-hydrogene-d-excellence.htm), un petit contrat de 11 millions d’Euros, équivalent à quelques Euros près à son chiffre d’affaires de 2019 (11,4 M€), qui on l’imagine, devrait encore augmenter cette année.

Vus et lus dans Challenges n° 674 du 12/11/20, et Les Echos du 08/07/20
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Vus et lus dans Challenges n° 674 du 12/11/20, et Les Echos du 08/07/20

On suivra cela comme l’on suivra également avec attention l’évolution du deuxième protagoniste de mon sujet, en l’occurrence Symbio (www.symbio.one), créé en 2010 par son président actuel, Fabio Ferrari, sous l’appellation Symbio FCell.

Sa particularité, c’est de produire des piles à hydrogène entre 5 et 400 Kilowatts pour tous types de transports utilisant l’énergie électrique (utilitaires, bus, poids lourds, bateaux), avec comme conséquence d’élargir leur autonomie de plusieurs centaines de km, tout en assurant un temps de recharge ne dépassant pas les dix minutes.

Ayant souhaité au début élaborer des véhicules tout en les vendant directement au client, Symbio est devenu désormais un vrai équipementier automobile, n’intervenant donc que dans la création et la mise en place de leurs systèmes de piles à hydrogène, laissant la vente aux constructeurs, comme par exemple pour le modèle du groupe Renault, la Kangoo ZE H2, utilisée par nombre de clients prestigieux comme La Poste, DHL, le groupe Colas, ou encore le Crédit Agricole, qui, à la fin 2017,  permirent à l’ensemble de ces véhicules de dépasser le million de km parcourus, et aujourd’hui trois millions.

Et demain, avec son acquisition en novembre 2019 par l’alliance Michelin-Faurecia, son souhait de devenir le leader mondial de la mobilité hydrogène pourra certainement se réaliser plus rapidement que prévu, grâce notamment à la construction de son usine en Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), où il pourra y produire en nombre sa gamme appelée « Stackpak », devenant en cela la plus grande usine de production en Europe, avec une capacité de 200 000 unités par an prévue en 2030.

Mais avant cela, ne chômant pas, il participe lui aussi au projet Zero Emission Valley (voir plus haut), ainsi qu’à celui de la région Normandie, appelé lui EasHyMob (https://eashymob.normandie.fr/), sans oublier l’élaboration d’un petit camion appelé Maxity, d’un bateau traversier à Nantes, le Navibus H2, et d’un prototype de voiture de course commercialisé par la société italienne de design automobile, Pininfarina (www.pininfarina.it), appelée elle la H2 Speed, avant l’arrivée d’une benne à ordure ménagère électrique, prévue pour le fin de l’année. Que de projets en perspective.

Vus et lus dans L'Express du 14/06/17, et Challenges n° 674 du 12/11/20
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Ce que ne manque pas d’avoir notre troisième acteur, Lhyfe (www.lhyfe.com) dont la particularité, mais surtout son souhait le plus cher, est de produire et de distribuer de l’hydrogène fabriqué sans énergie fossile (95 % de la production mondiale actuelle, soit 830 millions de tonnes de CO2 émis chaque année), ni électricité nucléaire, que l’on appelle déjà communément hydrogène vert (gaz propre obtenu par le procédé de l’électrolyse de l’eau, et sans dioxyde de carbone), afin de le différencier de l’hydrogène gris (extrait à partir d’énergies fossiles comme le charbon, le pétrole), ou de l’hydrogène bas carbone (produit par électrolyse à partir du réseau électrique, donc du nucléaire).

Et comme son jeune âge (2017) n’est en rien un frein pour son développement, une première usine est déjà en construction en Vendée (Bouin), avec comme idée de produire de l’hydrogène issu d’un parc éolien proche. Son inauguration est prévue pour l'année prochaine, et son objectif premier sera de le distribuer à des stations-services équipées pour accueillir les 300 kg d’hydrogène journalier, pouvant alimenter près de 700 voitures, bus, ou camions.

Ensuite, il est prévu de développer une vingtaine d’unités similaires en Europe dans les 4 ans à venir, aidé en cela par le leader mondial dans la fabrication d’électrolyseurs depuis les années 1920, le norvégien Nel (www.nelhydrogen.com), avec qui il vient de signer un accord cadre. L’ensemble devrait totaliser une puissance de 60 mégawatts, et produire de 6 000 à 10 000 tonnes d’hydrogène par an.

Seulement, qui dit force du vent, dit aussi rendements inégaux et baisse de production, d’où l’obligation  de compenser ces manques par l’utilisation des autres sources  d’énergies non fossiles que sont l’électricité photovoltaïque, hydraulique, ou issue de la biomasse solide, et avec comme idée à moyen terme, de s’installer à proximité des champs d’éoliennes offshore, car les vents y sont plus réguliers et puissants.

Mais avant cela, la société assure aujourd’hui avoir mis au point un outil prédictif, capable d’anticiper les jours de faible vent, lui permettant d’ajuster sa production, et de répondre aux besoins de ses clients actuels sans pour autant être trop dépendant des aléas climatiques. Bon vent donc.

Vu et lu dans Les Echos du 09/06/20

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Ce dont aura besoin également notre quatrième comparse, en l’occurrence, Atawey (www.atawey.com), créé en 2012, et dont l’activité principale consiste à élaborer des solutions décentralisées d’hydrogène, sous forme de stations-services.

A l’origine, l’idée première des fondateurs, étaient de répondre aux enjeux du stockage de l’énergie sur des sites isolés sans réseau électrique, mais, certainement pas encore mur, ils décidèrent de ralentir sur ce sujet, afin de se concentrer sur ce qui fait donc aujourd’hui leur succès, des petites stations où le stockage de l’électricité est à hydrogène, à fin de recharge de véhicules divers et variés (vélos, engins de manutention, engins spéciaux), au moyen d’une brique à électrolyse, pouvant être alimenté par des panneaux solaires, des éoliennes, ou tout simplement par le réseau électrique. La Blockchain pourrait même y apporter sa contribution.

Et aujourd’hui, ce sont près d’une vingtaine de stations qui sont déployées en France, avec notamment l’appui du groupe ENGIE Cofely (https://www.engie-cofely.fr/solutions-innovantes-engie-cofely/nouvelles-energies/hydrogene-renouvelable/), qui en assure de son côté la maintenance d’une dizaine de stations appelées HyStart (https://www.engie-cofely.fr/solutions-innovantes-engie-cofely/offres-globales/hystart/), une solution dite locative d’avitaillement hydrogène destinée aux collectivités, et qui utilise ce savoir-faire.

Savoir-faire que les dirigeants ne comptent pas limiter au seul hexagone, mais bien évidemment le proposer à l’export, avec une destination phare que représente notamment la Californie, premier marché mondial pour la mobilité hydrogène aujourd’hui, d’où leur présence l’année dernière au CES de Las Vegas avec l’accélérateur européen InnoEnergy (www.innoenergy.com), avec j’imagine l’idée de proposer également leurs solutions de stockage d’énergie pour les sites isolés, qui, dans le cadre de ce vaste territoire que représente les Etars-Unis, pourraient répondre à des besoins actuels et  futurs dans le cadre du projet du nouveau président américain censé apporter 2 000 milliards de dollars pour verdir son pays.

Vu et lu dans Eco savoie Mont Blanc n° 28 du 10/07/20

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Ce qui devrait être également le cas en Europe, où l’hydrogène y aura plus que sa place, les nombreux projets l’attestent, et donc en France, où le gouvernement, dans le cadre de son plan de relance, mais pas seulement, a décidé d’y consacrer plus de 7 milliards d’Euros d’ici 2030.

Il y a donc des chances que ces quatre sociétés en bénéficieront, et que par leur anticipation, elles deviendront même les leaders de ce marché en devenir, donnant l’envie à d’autres (il y en a déjà) de proposer de nouvelles solutions toujours plus innovantes, à même de répondre aux challenges de demain dans le cadre de la transition énergétique en cours.

Jacques Samela

 

Sources :

. Wikipedia

. Challenges

. La tribune

. Les Echos

. 20 minutes

. Le Figaro

. www.automobile-entreprise.com

. https://www.echosciences-grenoble.fr/articles/symbio-fcell-l-expertise-des-piles-a-hydrogene-pour-les-transports

. https://www.ledauphine.com/isere-sud/2018/04/10/symbio-embauche-et-veut-demenager-qmtj

 

A lire :

. http://www.jeccomposites.com/knowledge/french-composites-news/apr%c3%a8s-18-mois-de-tests-une-nouvelle-phase-commence-pour-les-trains?utm_source=SalesForceMarketingCloud&utm_medium=email&utm_campaign=JEC+Composites+Informations+N.+358

. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/la-france-vise-une-production-d-hydrogene-propre-a-partir-du-nucleaire-et-avec-l-aide-de-l-allemagne-851567.html?xtor=EPR-2-[l-actu-du-jour]-20200701&_ope=eyJndWlkIjoiODg0MzIyNjY3OWUxNzQwOGMwNTk3YWFlZTFiNGIxODYifQ%3D%3D

. http://www.jeccomposites.com/knowledge/french-composites-news/7-milliards-d%E2%80%99euros-sur-dix-ans-pour-le-d%C3%A9veloppement-de-l?Composites_Informations_N__365

. https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/hydrogene-la-france-detaille-a-son-plan-a-7-milliards-deuros-1240547

. https://www.lesechos.fr/monde/europe/le-plan-de-bruxelles-pour-faire-decoller-lhydrogene-en-europe-1222344

. http://www.jeccomposites.com/knowledge/french-composites-news/programmation-pluriannuelle-de-l%e2%80%99%c3%a9nergie-2020-2028-les-objectifs-de?utm_source=SalesForceMarketingCloud&utm_medium=email&utm_campaign=JEC+Composites+Informations+N.+357

. https://www.brefeco.com/actualite/plasturgie-caoutchouc-composites/plastic-omnium-remporte-un-nouveau-contrat-pour-le?sk=5621f64f08fa02eab1cffd7639e53f1e

 

A ne pas manquer :

. Webinaire du 08 décembre 2020 : Projets de stockage d’énergie (batteries, hydrogène) / https://mb.france-innovation.fr/emailing/52445/2875/r16jyahpbefzuusgsohzbvygioveoyphjvb/emailing.aspx

. https://www.hyvolution-event.com/fr

 

 

 

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Publié dans L'entreprise du mois

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