Christian Lacroix, en perpétuel mouvement

Publié le par Jacques SAMELA.

Christian Lacroix, en perpétuel mouvement
Christian Lacroix, en perpétuel mouvement

Il y a de cela 71 ans, presque jour pour jour, naissait dans la ville d’Arles, mon nouveau portrait français, qui comme vous devez le savoir, fût un des plus grands couturier de sa génération.

Et pourtant, jeune, son souhait était loin de se porter vers le milieu de la mode. En effet, passionné d’art, il entreprendra des études d’histoire de l’art à Montpellier, avant celles qui le menèrent à Paris, à l’Ecole du Louvre, afin de devenir conservateur de musée.

Mais, une rencontre viendra chambouler cette idée, c’est celle qui contribuera à lui faire rencontrer Jean-Jacques Picart, alors attaché de presse dans les milieux de la mode et du luxe, et qui lui ouvrira les portes de prestigieux noms que furent Hermès, Guy Paulin ou encore Jean Patou, l’amenant finalement à embrasser ce monde où la représentation de l’art, plus dans l’apparence, est quelque peu différente de celle qui se trouve dans les musées.

Et c’est avec son pygmalion et par la suite associé qu’en 1987 il créera sa maison de couture, avec le soutien de Bernard Arnault, par le biais de sa société La Financière Agache, qui à la différence d’autres, néanmoins prestigieux, n’attendra que très peu de temps pour attirer l’œil et l’intérêt, de ceux que nous n’appelions pas encore les influenceurs, mais néanmoins à même d’asseoir rapidement une réputation, dans un sens comme dans l’autre.

Vu et lu dans Grazia 2016
Vu et lu dans Grazia 2016

Vu et lu dans Grazia 2016

Pour Christian Lacroix, ce fût dès son premier défilé que sa notoriété pris son envol, en présentant à rebours de la tendance du moment, plutôt axée vers le minimalisme japonais, une collection Haute-Couture, aux dires des experts, ensoleillée, opulente, virtuose, baroque, ce qui finalement correspondait à ce qu’il connaissait et appréciait le plus, le sud, la Provence, sa ville.

Et cela durera des années, présentant à chaque saison, des créations toujours plus colorées, exubérantes, inspirées du folklore de la tauromachie, des traditions gitanes, ainsi que des costumes d’arlésiennes, asseyant au fil des défilés sa place de digne successeur de grands créateurs que furent Christian Dior, Pierre Cardin, Balenciaga, pour ne citer que ceux-ci, la liste est longue, recevant même aux Etats-Unis l’Award du créateur étranger le plus influent..

Et pour faire un parallèle avec un de ses contemporains, en l’occurrence Jean-Paul Gaultier (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2014/10/jean-paul-gaultier-l-enfant-terrible-de-la-mode.html), il était certainement moins transgressif, moins rock, mais pas moins inventif.

Quant à son succès, il l’accompagnera pendant de nombreuses années encore, lui assurant notamment la une des plus prestigieux magazines de mode au monde, même indirectement, où en 1988, Anna Wintour, la papesse de la mode, porta avec un simple jean, une de ses vestes, sur la couverture du Vogue US, l’occasion de dessiner la robe de mariée de l’actrice Catherine Zeta-Jones,  sans pour autant négliger d’autres horizons, sa marque de fabrique finalement, en créant sa première collection homme, des uniformes pour le personnel de vol du groupe Air France, ou encore du linge de maison et des objets de la table.

Vus et lus dans Gala n° 1381 du 28/11/19, Cosmopolitan 2016, et VSD n° 2045
Vus et lus dans Gala n° 1381 du 28/11/19, Cosmopolitan 2016, et VSD n° 2045

Vus et lus dans Gala n° 1381 du 28/11/19, Cosmopolitan 2016, et VSD n° 2045

Et je ne serai pas complet en oubliant son intervention dans l’habillage des voitures du TGV Méditerranée, la création d’illustrations du Petit Larousse, le décor de plusieurs hôtels, de cinémas, ou la création du dessin du timbre de la St Valentin émis par La Poste en 2001.

Vu et lu dans Le Journal de la Maison
Vu et lu dans Le Journal de la Maison

Vu et lu dans Le Journal de la Maison

Vu et lu dans Le Journal de la Maison
Vu et lu dans Le Journal de la Maison

Vu et lu dans Le Journal de la Maison

Ce qui au final lui permettra de rebondir rapidement, car malgré son talent plus que reconnu, le succès phénoménal de ses collections, sa maison de couture se retrouvera en proie à de profondes difficultés financières, déjà à l’œuvre en 2005, où suite à des désaccords avec Bernard Arnault sur la stratégie à mettre en oeuvre pour remédier à des résultats jugés insuffisants, la maison sera vendue à Falic Fashion Group, avec en 2008, une aggravation de la situation, dû à la crise financière dite des Subprimes, et qui l’amènera à la déclarer en cessation de paiement, la suppression d’une centaine de poste, et l’arrêt de l’activité haute couture.

Par la suite, Christian Lacroix quittera de lui-même sa maison, laissant aux nouveaux propriétaires le soin de continuer l’aventure, axant notamment les collections de prêt à porter masculin, les lignes d’accessoires homme femme, les tissus d’ameublement, de papiers peints, de papeteries et d’accessoires pour la maison, mais sans pour autant disparaître complètement derrière ses interventions, car depuis 2010, c’est sur le nom de sa société en propre, CXL by Christian Lacroix (www.cxlbylacroix.com), qu’il continue de marquer de son empreinte tous les domaines qui l’interpellent, et qui l’apprécie particulièrement.

Carrefour

Carrefour

Et s’il est un endroit où il se trouve vraiment à son aise, c’est bien celui du théâtre, de l’opéra, une vraie passion même, et de longue date, à la différence de la mode, où il ne considère encore aujourd’hui que comme un costumier, plutôt qu’un couturier, et où depuis de nombreuses années, en parallèle finalement de son activité phare, il apporta sa pâte si reconnaissable à des œuvres de renoms, signées Musset, Feydeau, Debussy, et, cerise sur le gâteau, la possibilité carrément, de passer à la mise en scène de « La Vie parisienne » de Jacques Offenbach, après que les directeurs du Palazzeto Bru Zane à Venise, et du théâtre des Champs-Elysées  à Paris, lui firent comprendre qu’ils souhaitaient qu’il prenne en charge la réalisation de cette œuvre phare de cet auteur, ne voyant que lui aujourd’hui, capable de restituer l’ambiance et le décorum de l’époque.

Vu et lu dans Télérama n° 3592 du 14/11/18
Vu et lu dans Télérama n° 3592 du 14/11/18

Vu et lu dans Télérama n° 3592 du 14/11/18

Finalement une belle reconnaissance pour cet amateur éclairé, qui en 1996, reçut le Molière du meilleur créateur de costumes pour Phèdre à la Comédie-Française, mais qui surtout, enfant, découvrit justement grâce à ses grands-parents, amateurs d’opéras, ce monde très moitié du XIXème siècle, où justement les airs d’Offenbach étaient plus que la norme en famille.

Vu et lu dans Télérama n° 3753 du 15/12/21
Vu et lu dans Télérama n° 3753 du 15/12/21

Vu et lu dans Télérama n° 3753 du 15/12/21

Alors, je ne sais si un jour il récupérera sa maison de couture, mais le veux-il vraiment, en tout cas il est clair que nous aurons l’occasion d’apprécier ses œuvres, et notamment dès le mois prochain, assumant la création des costumes et des décors du ballet intitulé « Le Songe d’une nuit d’été, chorégraphié par George Balanchine (https://www.operadeparis.fr/saison-21-22/ballet/le-songe-dune-nuit-dete) à l’Opéra Bastille.

Et donc, même si je suis en retard, excellent anniversaire Monsieur Lacroix. C’était effectivement le 16 mai dernier.

Jacques Samela

 

Sources :

. https://www.christian-lacroix.com/histoire

. https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Lacroix

. https://fashionunited.fr/actualite/mode/desigual-x-christian-lacroix-dix-ans-de-collaboration/2021031026447

 

A lire :

. https://www.francetvinfo.fr/culture/mode/fashion-week/le-retour-tres-discret-de-christian-lacroix-sur-les-podiums-de-la-paris-fashion-week_3632967.html

. https://www.lesechos.fr/weekend/spectacles-musique/la-vie-parisienne-christian-lacroix-en-habits-de-metteur-en-scene-1367166

Vu et lu dans Le Figaro du 15/05/14
Vu et lu dans Le Figaro du 15/05/14

Vu et lu dans Le Figaro du 15/05/14

Publié dans Portrait français.

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