Vuitton, une saga française
A quelques jours de la clôture de l’exposition consacrée à la maison Louis Vuitton au Grand Palais, intitulée « Volez, Voguez, Voyagez », je voulais tenter de retracer en quelques mots l’épopée de cette marque, devenue l’un des fleurons du savoir-faire à la française, reconnu de par le monde, appartenant aujourd’hui au groupe de luxe LVMH (www.lvmh.fr), dont les ventes en 2015 ont atteint 35,67 milliards d’Euros, en hausse de 16 %, et propriété de Bernard Arnault.
L’histoire commence donc en 1821, date de naissance de Louis Vuitton, à Anchay, petit village de Franche-Comté. D’extraction modeste, son père est meunier-menuisier, il quitte son village en 1835 à l’âge de 14 ans, à pied, pour rejoindre Paris. Il mettra deux ans pour parcourir les 400 km, travaillant de-ci de-là pour subsister.
Arrivé à Paris, il est embauché comme apprenti chez un layetier-emballeur, métier qui consistait à emballer les nombreuses affaires de riches clients partants en voyage, avant de créer quelques années plus tard, et après s’être fait une clientèle, notamment l’impératrice Eugénie, femme de Napoléon III, sa propre maison à l’âge de 33 ans, en 1854.
Quatre ans plus tard, il s’installe à Asnières avec armes et bagages, car, proche de la Seine, cela facilite l’acheminement du bois de peuplier, nécessaire à la fabrication des malles, mais aussi parce qu’elle est également desservie par le tout premier chemin de fer en France. Aujourd’hui encore, le site tient toujours une place prépondérante, étant toujours l’un de ses quinze ateliers de fabrication, mais aussi le musée Louis Vuitton, situé dans la rue du même nom.
Après l’ouverture de sa première boutique à paris, proche de la place Vendôme, et après l’invention de la malle plate, accueillant pour l’occasion des couverts également plats, une idée révolutionnaire pour l'époque, Louis Vuitton, rejoint par son fils Georges, à l’origine de son intérêt pour un développement à l’étranger, ouvre avec succès une première boutique à Londres sur Oxford Street, suivie de deux autres à New York et Philadelphie aux Etats-Unis.
Et justement, le fils Georges, on le retrouve à la tête de la maison familiale en 1892, à la mort du fondateur, épaulé par la famille, donnant l’occasion à la marque, désormais connue et reconnue, de graver dans le temps une œuvre non démentie encore aujourd’hui, en créant la toile appelée « Gris Trianon », révolutionnaire pour l’époque, parfaitement imperméable, et où apparaît pour la première fois le monogramme « LV », devenant par la suite et au fil du temps l’emblème incontournable de la marque, induisant une contrefaçon exceptionnelle, combattue farouchement, mais pas seulement aujourd’hui, car dès la fin des année 1800, le fondateur dut déposer le nom de sa marque, adoptant également un imprimé de damier beige, avec apposé dessus l’inscription « Marque Louis Vuitton déposée ». Déjà la rançon du succès.
Ensuite, c’est au tour des descendants de continuer l’œuvre de leur aïeul, suivie notamment par des actrices de légende comme Katharine Hepburn, Lauren Bacall ou encore Elizabeth Taylor, avec l’avènement en 1987, d’un groupe aux ramifications internationales, devenant le premier groupe de luxe au monde sous l’appellation LVMH-Moët Hennessy Louis Vuitton.
Et c’est en 1989 qu’apparaît Bernard Arnault, en devenant actionnaire majoritaire du groupe avec 42 %, et y impulse la diversification du groupe en lui ouvrant les mondes du prêt à porter, de l’horlogerie, des parfums, lui permettant de devenir encore aujourd’hui le plus important groupe de luxe au monde. En 2015, le magazine Forbes l’a classé 14ème dans sa liste des marques les plus influentes au monde.
Et depuis, effectivement, l’engouement autour de cette marque devenue mythique ne se tarit toujours pas, au contraire même, car à chaque ouverture d’un magasin, à chaque fois unique, car faisant appel à des architectes renommés, comme pour celui de paris sur les Champs Elysées, signé par l’architecte américain Eric Carlson, c’est la cohue, et il faut souvent attendre pour pouvoir rentrer dans l’un de ces temples du luxe, juste pour voir et rêver pour certains, et acheter pour d’autres.
Alors oui, Catherine Deneuve, Jennifer Lopez, Scarlett Johansson, Madonna et même Mikhaïl Gorbatchev, l’instigateur de la Perestroika, ont représentés un moment ou un autre l’image de la marque, mais, il ne faudrait pas oublier le vrai métier de cette maison plus que centenaire, celui de la malle, toujours en activité et à l’origine de sa création, avec des modèles comme les malles-auto, aéro, pique-nique, secrétaire, bibliothèque, tableau, coiffeuse, ainsi que les mallettes appui-pied ou à glacière, sans oublier les dernières en date, servant à habiller les trophées de la prochaine coupe du monde de football de 2018 en Russie, de la coupe du monde de rugby, ainsi que de l’América’s Cup, et créées à l’atelier historique d’Asnières.
L’histoire n’est donc pas près de s’arrêter, et allez, allons voir cette exposition, gratuite, au Grand Palais, le voyage est parait-il assuré.
Jacques Samela
Sources :
. Wikipedia
. Libération du 22 décembre 2015