Saint-Gobain, l’innovation, toujours l’innovation.
Après les 70 ans du CEA (voir le dossier du 22 avril 2016), et avant, peut-être, les 100 ans du groupe Dassault, voici les 350 ans du groupe Saint-Gobain (www.saint-gobain.com).
En effet, créé en 1665 sur une idée du ministre du roi Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), pour concurrencer le monopole de Venise dans la fabrication de miroirs, la Manufacture Royale des Glaces de Miroirs, car tel fut son nom d’origine, sut très rapidement prendre sa place en participant notamment à la construction de la galerie des glaces du château de Versailles, mais surtout par l’invention du procédé de coulage sur table, toujours utilisé aujourd’hui, et dont le secret est toujours jalousement bien gardé.
En 1693, elle s’installe à Saint-Gobain en Picardie, sur le site de l’ancien château médiéval, afin notamment de préserver son secret de fabrication, mais aussi en raison de son besoin en bois (près de 30 000 stères par an) pour faire fonctionner les machines. Par-contre, c’est seulement au moment de la révolution française qu’elle optera définitivement pour son nom actuel.
Elle devient par la suite une société anonyme en 1830, et en 1848, avec l’avènement de l’âge d’or de l’industrie des glaces, elle devient un des acteurs phares de cette ère nouvelle en habillant les serres du jardin des plantes, les halles de Baltard, la gare de Milan, ou les réalisations verrières des expositions universelles de l’époque.
Aujourd’hui, après maintes vicissitudes, fusions, rapprochements, rachats, le groupe Saint-Gobain est présent dans près de 70 pays (66), et vend ses produits dans le monde entier tout en devenant le leader mondial de l’habitat dans la production, la transformation et la distribution de matériaux avec des marques connues par tous comme Isover, Placo, Sécurit, Point P ou encore Lapeyre.
Et le groupe, fort de ses 170 000 employés dans le monde entier, il peut se targuer d’un bilan on ne plus positif, avec en 2015 un chiffre d’affaires de 39,6 Md€, en hausse de 3 % environ, et un résultat net de 1,3 Md€, dont la majeure partie est réalisé à l’international (75 %).
La raison ? L’innovation.
En effet, l’innovation est une des marques de fabrique du groupe, et ce depuis le début de son existence.
Et aujourd’hui, avec plus de 400 M€ par an consacré à la R&D, 3 700 chercheurs répartis dans les 7 centres multimétiers en France, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Chine, en Inde, et très récemment au Brésil, travaillant sur un modèle appelé « globallocal », permettant de servir au mieux les marchés nationaux en question, et ses 350 et plus brevets déposés chaque année, avec depuis cinq ans un positionnement de choix dans le classement annuel des 100 entreprises les plus innovantes au monde de Thomson Reuters, il est clair que ce groupe, de par ses actions, fait perdurer un savoir-faire ancestral sans cesse renouvelé, avec par exemple le lancement d’une nouvelle génération de plaques de plâtre pouvant supporter facilement des objets lourds, la mise en place d’une transformation digitale primordiale pour renforcer les liens avec une clientèle toujours plus large (artisans, architectes, consommateurs), et en point de mire, conforter son marché principal qu’est l’habitat durable, en proposant non seulement des produits, mais aussi des solutions de confort thermique (isolation), de confort acoustique (vitrages et cloisons), sans oublier les économies d’énergies et la défense de l’environnement, avec l’apport de matériaux adéquats et conformes aux nouvelles réglementations.
Et, s’il est une autre particularité importante de ce groupe, c’est bien la longévité des patrons à sa tête, plus que la moyenne, on se rapproche là des entreprises familiales (voir le dossier du 12 octobre 2015), avec pour la plupart l’essentiel de leur carrière réalisée en son sein, comme son président actuel, Pierre-André de Chalendar, à ce poste depuis 2007.
Donc, en gardant ces principes, qui ont forgés ce groupe tout au long de ces années, il est fort à parier qu’il continuera à se développer, à se réinventer, à s’adapter au temps qui passe, avec à la clé le même positionnement qui est le sien aujourd’hui, soit la plus ancienne entreprise du CAC 40.
Mais attention, la concurrence est malgré tout présente, car avec l’arsenal de Brest créé par Richelieu en 1631, et maintenant connu sous le nom de DCNS (www.dcnsgroup.com), dont l’actualité est riche d’opportunités avec notamment ce méga-contrat de 34 milliards d’Euros pour la construction de 12 sous-marins pour la marine australienne, la maison de joaillerie Mellerio (www.mellerio.fr), créée en 1613, ou encore cette entreprise que je connais bien car située dans ma ville de naissance, Chantilly, l’établissement Jacobee (www.jacobee-atelier.fr), créé lui en 1666, rien n’est joué, même si sa taille joue pour lui.
Suite au prochains anniversaires.
Jacques Samela
Sources :
. Wikipedia
. Les Echos du 12 juin 2016
. Alliancy Le Mag de juin-juillet 2015
. Le Parisien Economie du 11 avril 2016
. Les Echos du 21 avril 2016