Roger Tallon, en voiture Simone*

Publié le par Jacques SAMELA.

Roger Tallon, en voiture Simone*
Roger Tallon, en voiture Simone*

Pour ceux qui comme moi apprécient la bande dessinée, ce patronyme vous dira certainement quelque chose, sauf que là, il ne s’agit donc pas du héros du dessinateur Greg (1931/1999), Achille Talon (www.achilletalon.fr), mais bien de Roger Tallon (avec deux l), considéré lui comme le pape du design industriel français.

Né en 1929, et mort en 2011, nous avons, sans le connaître vraiment, plus ou moins bénéficié de ses œuvres comme par exemple des brosses à dents pour Fluocaril ou des chaussures de ski pour Salomon, mais c’est surtout dans le domaine du transport qu’il va vraiment assoir sa notoriété, avec l’élaboration des voitures ferroviaires Corail (contraction de « confort sur rail »), la conception de la livrée (la décoration extérieure) et l’aménagement intérieur du TGV Atlantique, le TGV Duplex, l’Eurostar, la ligne 14 à Paris, ou encore la création en 1976 de la signalétique du futur RER.

Mais avant cela, tout jeune ingénieur, il commence sa carrière professionnelle chez Caterpillar et Dupont de Nemours, avant d’intégrer en 1953 le bureau d’études techniques et d’esthétique (Technès) fondé par Jacques Viénot (1893-1959), considéré comme l’une des grandes figures du mouvement de l’esthétique industrielle.

A la mort de celui-ci, Roger Tallon prend sa suite, et fait découvrir cette nouvelle discipline qu’est le design industriel en 1957, en donnant le 1er cours de design de France à l’école des arts appliquées de Paris. Il créera par la suite le département design de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, qu’il animera jusqu’en 1994.

Il fut également consultant de la filiale du groupe General Motors, Frigidaire, où il y dessine des réfrigérateurs et des machines à laver tout en y créant son département design.

Quant au début de sa notoriété, on peut considérer qu’elle commença en 1966 avec la mise sur le marché, contre l’avis de la direction de l’entreprise, du téléviseur portable Téléavia P111, considéré par tous comme un bouleversement de l’architecture du téléviseur, devenant au passage un objet culte, mais surtout un énorme succès commercial.

Suivront par la suite la création de machines à écrire de la marque Japy, des projecteurs et des caméras Pathé, dont la première caméra sans viseur apparent appelée Veronic, et bien sur d’autres objets déjà relatés plus haut.

Ensuite, il crée sa propre agence en 1973 appelée Design Programmes, avec comme première œuvre, le métro de Mexico, des motos, des projets d’automobiles, le tramway de la ville de Tour avec l’appui de l’artiste Daniel Buren, le créateur des colonnes du même nom au Palais Royal à Paris, et bien sur l’ensemble de ses œuvres ferroviaires, dont j’ai déjà parlé plus haut.

Et justement, cette collaboration avec l’artiste Buren, nous fait apparaître un autre aspect de sa personnalité, en l’occurrence le fait d’être amateur d’art contemporain, plutôt inhabituel dans son milieu plutôt industriel, ami d’artistes de renom comme Yves Klein, Arman, ou encore César (celui des trophées de la cérémonie du même nom, et donc du cinéma français), avec qui il réalisa en 1966 pour la crèche de l’aéroport de Paris des sièges portraits de célébrités de l’époque (Mireille Mathieu, Léon Zitrone, Brigitte Bardot, le général de Gaulle). Aspect que vous pourrez découvrir durant l’exposition au musée des Arts décoratifs de Paris jusqu’au 08 janvier 2017, et dont le titre est Roger Tallon, le design en mouvement.

Mais c’est quand même dans le monde de l’industrie qu’il recevra les honneurs dues à ses créations, en étant élu notamment Royal Designer for Industry à titre Honoris Causa par la Royal Society of Arts, en reconnaissance de l’ensemble du programme dédié aux voitures Corail, en recevant en 1985 le Grand Prix national de la création industrielle, remis  par le Ministère de la culture, ou alors en recevant en 1992 des mains du président de la SNCF, les insignes de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres.

Et comme son œuvre à l’époque fut considéré comme novatrice, la SNCF continue aujourd’hui à s’inspirer de son héritage pour concevoir ses projets futurs, et même si le design industriel en France n’a pas encore pris la place qu’il peut avoir en Italie par exemple, des héritiers de ce précurseur comme Philippe Starck (voir le Portrait Français du 31 mars 2015), ou encore Ora Ïto (www.ora-ito.com), qui lui collabore avec le groupe Alstom pour les tramway de la gamme Citadis, sont malgré tout de formidables ambassadeurs français de ce savoir-faire en perpétuel mouvement, alliant l’utile à l’agréable.

Jacques Samela

* www.sncf.com/fr/identite/simone-voix-sncf   

Sources :

. Wikipedia

. Groupe SNCF / http://www.sncf.com/fr/identite/roger-tallon-design-sncf

. Le Monde du 07/09/16 / http://www.lemonde.fr/m-design-deco/article/2016/09/07/roger-tallon-designer-a-grande-vitesse_4994044_4497702.html

. http://opac.lesartsdecoratifs.fr/fiche/la-donation-roger-tallon-aux-arts-decoratifs

 

Vus et lus dans Télérama n° 3477 du 31 août 2016, n° 3479 du 14 septembre 2016, et ElleDeco de septembre 2016

Vus et lus dans Télérama n° 3477 du 31 août 2016, n° 3479 du 14 septembre 2016, et ElleDeco de septembre 2016

Publié dans Portrait français.

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