Xavier Niel, l'oncle d'Amérique de la French Tech

Publié le par Jacques SAMELA.

Photo J.S.
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L’année de ses quinze ans, à noël, il reçoit de son père un ordinateur Sinclair ZX81, qui restera dans sa légende, comme le premier contact de Xavier Niel avec l’informatique naissante, et certainement le déclencheur de ce qu’il est aujourd’hui.

En effet, lycéen, il teste en 1983 le potentiel du désormais célèbre Minitel, en proposant des services pour sa partie la plus coquine, les messageries roses, dont les plus connues se nommaient 3615 Ulla, Sarah, Mytilène, ou encore Cum. Les plus anciens s’en souviendront certainement.

Pressentant le potentiel de ces nouveaux usages, il abandonne sa classe préparatoire, afin de se lancer à plein temps dans une entreprise de services érotiques avec un certain Fernand Develter, ancien de la Société générale, reconverti dans les serveurs érotiques et les sex-shops.

Cette nouvelle activité lui rapporta suffisamment pour lui permettre de racheter en 1990 les parts de son associé dans la société éditrice de Minitel rose appelée Fermic multimédia, qu’il rebaptisera rapidement Iliad (www.iliad.fr), aujourd’hui connue pour être le nom de sa holding.

Ses premiers produits furent « 3617 Annu », lancé en 1996, et « sociéte.com ».

Entre temps, en 1995, il investit dans Worldnet, premier fournisseur d’accès à Internet grand public en France, qu’il revend cinq ans plus tard.

En 1999, commence alors le développement d’une offre d’accès à Internet, connue sous le nom de Free. Elle sera lancée en 2002, devenant au passage l’initiateur des offres triple pay et du concept de box en France.

Depuis, et après avoir largement chamboulé le secteur des télécoms, son groupe affiche toujours des résultats positifs, améliorant sa rentabilité globale, gagnant même au passage sur les six premiers mois de l’année en cours, 440 000 nouveaux abonnés dans le mobile, soit 45 000 de plus que sur la même période l’année dernière, et sur la partie fixe, 83 000 nouveaux abonnés.

Cependant, afin de contrecarrer une concurrence toujours plus vive et requinquée, une nouvelle box est en cours d’élaboration, considéré par son instigateur comme disruptive, très avancée, haut de gamme, et ne correspondant à rien sur le marché d’aujourd’hui.

Quant à lui, désigné en 2015 comme la septième personnalité mondiale la plus influente du numérique par le magazine américain Wired, il serait à la tête aujourd’hui d’une fortune estimée à 9,7 milliards de dollars, occupant le poste de septième fortune de France (Forbes), et la 132ème dans le monde.

Belle réussite que la sienne, qui, tout en gardant son esprit rebelle, son côté « geek » (piratage à 20 ans du réseau PTT de l’Elysée, bricolage de faux décodeurs Canal+), lui permet aujourd’hui d’être à l’origine d’un certains nombres d’initiatives plus ou moins connues comme très récemment l’ouverture de la désormais renommée Station F (www.stationf.co), inaugurée cet été en présence d’Emmanuel Macron, et censée devenir le plus grand campus de startups au monde, l’école d’informatique 42*, créée en 2013, totalement gratuite, dupliquée aux Etats-Unis au sein de la Silicon Valley, avec comme souhait d’y accueillir 10 000 étudiants d’ici cinq ans, attendue à Lyon cette année, et déclinée sous forme de partenariat en Afrique du Sud, Roumanie, ou en Ukraine, mais aussi ses nombreux investissements dans plusieurs start-ups comme Deezer, Ateme, ou encore Mediapart et Bakchich, créant au passage un fonds d’investissement du nom de Kima Ventures (www.kimaventures.com), dont l’objectif est d’investir dans une ou deux start-ups à travers le monde chaque semaine (plus de 300 dans 30 pays), sans pour autant oublier également le rachat avec Mathieu Pigasse, propriétaire du journal Libération, et du magazine Les Inrocks, et Pierre Bergé, récemment décédé, du quotidien prestigieux Le Monde, son apport financier à l’hebdomadaire L’Obs, et tant d’autres choses qui n’ont rien à voir avec la FrenchTech et les nouvelles technologies, mais qui lui permettent aujourd’hui de côtoyer les grands pontes de l’industrie et de la finance française, ce qui pour lui n’était pas garanti au début de son aventure.

Donc oui belle réussite, je me répète, mais avec quand même au final, un positionnement devenu presque incontournable dans le financement des nouvelles pépites françaises, au même titre que ses compères que sont Marc Simoncini (fondateur de Meetic) et Jacques-Antoine Granjon (fondateur de Vente privée), avec qui justement il s’associe souvent, rendant possible l’émergence de jeunes pousses innovantes, à la recherche de fonds importants pour se développer et grandir.

Alors il est vrai qu’il ne fait pas cela juste pour aider, il ne faut pas se leurrer non plus, son but est aussi de gagner de l’argent en retour, mais quand même, il pourrait garder tout ce qu’il gagne pour son groupe ou pour lui, sans en faire profiter les autres, mais se rappelant certainement son parcours atypique, et afin d’éviter que ces sociétés prometteuses se perdent dans les méandres de la recherche de subsides, au détriment souvent de ce qui fait l’innovation , il intervient rapidement (après étude j’imagine), afin qu’elles puissent se développer rapidement, dans de bonnes conditions, garant de ce qui fera demain leur réussite, mais aussi celle de la France, une autre de ses marottes.

Donc, que dire de plus, si ce n’est qu’il est devenu un investisseur incontournable pour la nouvelle génération d’entrepreneurs, qu’il est également un défricheur incontournable du monde numérique, participant il y a quelques années (2012) à l’écriture d’un livre intitulé « Les 100 mots de l’internet » dans la collection « Que sais-je ? », mais qu’il est peut-être aussi pour tous ceux qui comme lui n’ont pas fait de grandes écoles, ou ne sont pas nés avec une cuillère d’argent dans la bouche, un exemple à suivre, notamment quand on veut créer son entreprise, sans justement avoir au départ les éléments nécessaires pour réussir, mais par-contre avec une volonté permettant d’éviter tous les écueils de ce genre d’aventure, avec pourquoi pas en plus, si l’innovation est démontré, une intervention de sa part en finançant justement ces projets d'avenir.

*Pourquoi 42 ? Cela serait un clin d’œil au « Guide du voyageur galactique », une référence dans le monde des « geeks », avec une place prépondérante de ce chiffre dans l’ouvrage, apparaissant comme la réponse à toutes les questions que l’être humain se pose sur l’univers et sur la vie en général.

Jacques Samela

 

Sources :

. Wikipedia

. Europe 1 du 26 mars 2013

. Enjeux Les Echos de décembre 2014 – janvier 2015

. Le Journal du net du 05 avril 2016

. La Tribune du 03 novembre 2016

. Capital Hors-Série de novembre – décembre 2016

. Frenchweb.fr du 31 janvier 2017

. LSA-conso.fr du 27 avril 2017

. Capital n° 312 de septembre 2017

. Les Echos du 04 septembre 2017

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Publié dans Portrait français.

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