Repetto, 70 ans de nuances de grâce

Publié le par Jacques SAMELA.

Repetto, 70 ans de nuances de grâce
Repetto, 70 ans de nuances de grâce

A toutes celles qui (mes lectrices ?) petites filles les ont chaussés, et continuent d’en porter, à tous ceux qui (mes lecteurs) ne savent pas de quoi je parle, et auront à priori peu de chances d’en porter, quoique, on le verra plus loin, voici donc pour changer un peu des sujets finissant en tech, un sujet ou la légèreté et la féminité seront de mise, représentés par les célèbres chaussons de danse de la marque Repetto (www.repetto.fr).

Et ces chaussons, c’est sur les conseils avisés de son fils, Roland Petit (1924-2011), célèbre danseur et chorégraphe, que sa mère Rose Repetto, chef-costumière à l’Opéra de Paris, créa en 1947 ce qui allait devenir une référence dans ce monde si délicat de la danse classique.

Mais c’est en 1956 que l’histoire débuta vraiment, avec la demande particulière de Brigitte Bardot concernant la confection de petites chaussures confortables, car, danseuse au Conservatoire de Paris, elle souhaitait certainement retrouver le confort de ses chaussons de danse.

Seront ainsi créées les non moins célèbres ballerines Cendrillon, immortalisées dans « Et Dieu créa la femme », le film culte de Roger Vadim (1928-2000), grâce auquel l’actrice lança sa carrière, et donc leur notoriété, car par la suite, des milliers de jeunes femmes imiteront le style de celle qui deviendra pour tout le monde le mythe BB.

En parallèle de ce succès, et certainement grâce à celui-ci, Madame Repetto ouvrit sa première boutique au 22 rue de la Paix à Paris en 1959, où de nombreux grands noms du 6ème art comme Rudolf Noureev ou Maurice Béjart venaient se fournir en chaussons de danse, mais où aussi Serge Gainsbourg trouva chaussure à son pied et son bonheur avec le modèle lacé en agneau blanc appelé Zizi, en hommage à la danseuse et chanteuse Zizi Jeanmaire, belle-fille de la créatrice, et notamment connue pour avoir interprété la chanson intitulée « Mon truc en plumes », issu du spectacle de music-hall du même nom.

Et c’est donc porté par cette double notoriété que la maison Repetto a pu devenir cette institution française, de la danse bien sûr, mais aussi de la mode, en inventant notamment la notion de « décolleté sur le pied », summum de l’érotisme chez certains, et largement utilisé aujourd’hui dans le monde de la chaussure pour femme.

Seulement voilà, cela n’empêcha pas la quasi-faillite de la maison, sauvé in extremis par son actuel dirigeant, Jean-Marc Gaucher, ex patron de Reebok.

Et depuis, tout en gardant son positionnement incontournable dans l’univers de la danse, son incursion dans le monde de la mode et du luxe n’en devint que plus important avec en 2011, une entrée remarquée dans la maroquinerie, et en 2014, dans celui du parfum, dont on peut voir en ce moment la publicité de la nouvelle fragrance intitulé « Dance with Repetto ».

Cependant, connaissant ses limites face aux grands de la mode et du luxe, le dirigeant actuel avoue plutôt s’en inspirer que chercher à les concurrencer en direct, en s'entourant notamment de personnes ayant fait leurs gammes dans les plus grandes maisons, ou en entamant des collaborations de choix avec des personnalités comme Issey Miyake (2000), Comme des Garçons (2004), ou encore Karl Lagerfeld (2009).

Et n’ayant justement pas l’assise financière suffisante pour passer à un cran supérieur, Jean-Marc Gaucher, principal actionnaire, se pose des questions légitimes quant à l’avenir de sa maison, sachant par exemple que le prêt à porter plafonne à 3 % des ventes, que les évènements récents que sont les attentats, les intempéries, peu propices à l’achat des ballerines, ou encore les mouvements sociaux, ont pesés sur les ventes et donc sur le chiffre d’affaires, sans pour autant heureusement l’avoir ralenti dans son désir d’atteindre un seuil plus rentable encore, en élargissant notamment ses collections de chaussures, en augmentant sa ligne de maroquinerie, représentant déjà 10 % de ses ventes, sans oublier la mode féminine, qui aujourd’hui représente un vestiaire on ne peut plus complet, avec l’apport d’une ancienne directrice artistique de la créatrice de mode anglaise Vivienne Westwood.

Donc, ce n’est pas encore pour demain qu’il raccrochera les chaussons, même si son souhait est d’être un jour racheté par une maison prestigieuse française, préférant éviter un fonds d’investissement, car il compte s’appuyer encore un bon moment sur le savoir-faire de ses employés (près de 400), produisant près de 500 000 paires de ballerines par an, sur  son école de formation, créée en 2012, et dont la particularité est de faire perdurer la technique si particulière du cousu retourné pour la création des chaussons, et sur ses boutiques à l’étranger, au Japon (17), en Chine (9), ou encore aux Etats-Unis, représentant près de 60 % de son chiffre d’affaires (près de 50 millions d’Euros), tout en considérant sa marque comme une empreinte de francité développant des produits de luxe.

Et si après ce sujet, vous voulez vous acheter une paire de chaussons ou de chaussures, sachez que vous pouvez vous rendre à l’Atelier Repetto, et élaborer votre propre modèle, unique, grâce à un éventail de 252 nuances de cuir, mais aussi vous rendre à la boutique historique (voir plus haut), où sur 245 m2, vous trouverez l’ensemble des trésors de la marque.

Jacques Samela

 

Sources :

. L’usine Nouvelle n° 3548 du 13/03/17

. Les Echos du 12/07/17

. Le Parisien Weekend du 03/02/17

. Mag in France (www.maginfrance.fr)

. http://cheekmagazine.fr/mode/saint-medard-dexcideuil-comment-fabrique-t-on-une-ballerine-repetto/

 

 

 

Vus et lus dans Le Parisien Weekend du 03/02/18, et Mag'in France
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