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Le rendez-vous de l'Europe : L'impératif d'une défense

Publié le par Jacques SAMELA.

Le rendez-vous de l'Europe : L'impératif d'une défense
Le rendez-vous de l'Europe : L'impératif d'une défense

Abandonnée en 1954 par le rejet de l’Assemblée Nationale française du traité instituant la Communauté Européenne de Défense (CED), censée remplacer alors l’Union occidentale, première organisation européenne consacrée à la défense, créée en 1948 dans le cadre du traité de Bruxelles, le sujet d’une défense européenne revient aujourd’hui sur le devant de la scène par l’entremise du président français Emmanuel Macron, soucieux d’apporter une réponse européenne à un monde qui bouge, qui évolue, redevenant dangereux, avec notamment des acteurs dont les buts ne sont pas très clairs, et une Amérique, celle de mister T en tous cas, qui envoie des messages peu rassurants quant à son rôle de garant d’une paix initiée depuis la fin de la deuxième guerre mondiale (1945).

Sera-t-il entendu ? En ce qui me concerne je l’espère, mais l’on voit depuis quelques temps un regain d’intérêt de certains pays, notamment de l’Allemagne, sur le sujet, aidé également en cela par le Brexit, empêchant à terme la Grande-Bretagne d’entraver ce souhait, car à l’origine rétive, privilégiant plutôt le rôle de l’Otan.

Mais, avant d’aller plus loin sur l’argument, un peu d’histoire.

Donc, après le refus français, ce n’est qu’en 1976 que le sujet revient vraiment sur le devant de la scène, avec au sein de l’Otan, la création du groupement européen indépendant de programme (GEIP), devenant en 1992, le groupe armement de l’Europe occidentale (GAEO), et, avec le traité de Maastricht en 1993, l’instauration de la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), dont l’instrument principal se nomme la politique européenne de sécurité et de défense (PESD).

Ensuite, en 1995 sera créé au sein du Conseil de l’UE, le groupe politique d’armement (POLARM), réunissant les ministres des Etats membres, et dont l’objectif sera de prendre les décisions relatives à la mise en œuvre de la PESC. Clair ?

Le traité européen d’Helsinki en décembre 1999 amorcera lui le renforcement des capacités militaires, avec comme objectif, de créer une force militaire de 60 000 hommes, capable d’accomplir diverses missions humanitaires, d’évacuation, de maintien ou de rétablissement de la paix, et celui de Nice en 2003, entérinera le passage de la PESD à la PSDC, soit la politique de sécurité et de défense commune.

Mais, c’est avec la déclaration franco-britannique de Saint Malo en 1998, et le sommet de l’Otan de 2002, que l’UE vit enfin monter en puissance la concrétisation d’une idée finalement jamais abandonnée, avec d’un côté, la prise en compte de la Grande Bretagne, moins rétive, ou plus pragmatique, c’est selon, de tenir compte de l’importance d’une défense européenne fiable, et de l’autre, la possibilité pour l’UE de bénéficier des moyens militaires de l’Otan, dans le cadre de sa défense, ou d’opérations extérieures, c’est ce que l’on a appelé l’accord de Berlin.

Et au final, suite à ces changements, ce sont près d’une vingtaine d’opérations, tant civiles que militaires, qui ont été misent en œuvre, avec la 1ère en 2003 au Congo, dans le cadre de la mission Artemis, et certaines encore en cours aujourd’hui, comme celle menée en Méditerranée, lancée en 2015, afin de lutter contre le trafic de migrants (EUNAVFOR Med), ou celle menée au Mali, suite à l’action primordiale de l’armée française au Mali, connue sous l’appellation « Opération Serval », consistant à former l’armée malienne (EUTM).

Alors, pourquoi aujourd’hui plus qu’hier me direz-vous ?

Plusieurs facteurs en fait, tout d’abord les actes terroristes perpétrés en Europe, révélateurs d’un manque criant de coordinations et de  coopérations européennes dans cette lutte difficile et complexe, la crise des réfugiés et le retour à une certaine forme de guerre froide qui ne dit pas encore son nom, avec la Russie (Ukraine, Crimée, Syrie), synonyme d’une redécouverte des frontières européennes, le Brexit, avec de facto la disparition du frein britannique quant à la création d’une défense européenne, et, déjà dit plus haut, le retour (également) à un certain isolationnisme américain, avec l’élection de mister T, donnant des signes tangibles d’un désir d’amoindrir sa présence en Europe, ce que l’on appelle encore aujourd’hui le parapluie américain, garant depuis la fin de la 2ème guerre mondiale d’une protection du continent européen non démentie à ce jour.

Et donc, afin d’accompagner au mieux cette nouvelle donne, il a été décidé en juin 2017 de lancer le Fonds européen de la défense (FED), afin d’encourager la coopération en matière de défense, l’amélioration de l’interopérabilité des équipements militaires des Etats membres, et de renforcer justement l’autonomie stratégique de l’UE, dont la concrétisation devrait être effective à partir de 2021, avec dans le cadre financier pluriannuel de l’UE pour la période allant de 2021 à 2027, une enveloppe de 13 milliards d’Euros.

 Vu les points de tension dans le monde aujourd’hui, il y a de fortes chances que cela aboutisse. Les prochains députés européens sont donc prévenus, car ils auront entre leurs mains l’avenir de la défense européenne.

Et si vous voulez en savoir encore plus, je vous invite à vous rendre aux « Entretiens Européens d’Enghien » (http://www.iris-france.org/evenements/les-entretiens-europeens-denghien-union-europeenne-lheure-des-choix/) du samedi 30 mars 2019, dont l’un des sujets, tous consacrés à l’Europe, posera justement la question. Son titre : Vers une armée européenne ?

Jacques Samela

 

Sources :

. https://www.defense.gouv.fr/dga/international2/historique-de-la-construction-europeenne-de-la-defense

. https://www.cvce.eu/education/unit-content/-/unit/1c8aa583-8ec5-41c4-9ad8-73674ea7f4a7/bd191c42-0f53-4ec0-a60a-c53c72c747c2

. https://www.touteleurope.eu/actualite/la-politique-de-securite-et-de-defense-commune-psdc.html

. https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/06/07/defense-europeenne-la-fin-d-un-tabou_5139983_3232.html

 

 

 

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Vus et lus dans Les Echos du 25/05/18 et du 20/03/19
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525 millions d’euros pour l’Eurodrone et d’autres projets européens de défense communs 

VIPress.net / 20/03/19

La Commission européenne a adopté mardi des programmes de travail pour cofinancer des projets industriels de défense communs durant la période 2019-2020, pour une enveloppe de 500 millions d’euros. Un montant supplémentaire de 25 millions d’euros a été affecté à l’appui aux projets de recherche collaboratifs dans le domaine de la défense en 2019, avec le lancement d’appels à propositions.

Le premier programme de travail du programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense (EDIDP) convenu avec les États membres prévoit un cofinancement de 500 millions d’euros pour le développement commun de capacités de défense au cours de la période 2019-2020. Dans les prochains jours, la Commission publiera neuf appels à propositions pour 2019 et douze autres appels à propositions suivront pour 2020. Ces appels couvriront des thématiques prioritaires dans tous les domaines — l’air, la terre, la mer, le cyberespace et l’espace :

  • Faciliter les opérations, la protection et la mobilité des forces militaires : 80 millions d’euros sont disponibles pour contribuer au développement de capacités de détection des menaces NRBC ou de systèmes anti-drones ;
  • Renseignements, communications sécurisées et cyberespace : 182 millions d’euros seront consacrés à la conscience situationnelle de la cybersécurité et à la cyberdéfense, à la surveillance de l’espace et aux capacités d’alerte rapide ou aux capacités de surveillance maritime ;
  • Capacité à mener des opérations de pointe : 71 millions d’euros soutiendront la mise à niveau ou le développement de la prochaine génération de capacités de frappe de précision au sol, de capacités de combat au sol, de capacités de lutte aérienne et de futurs systèmes navals ;
  • Technologies de la défense innovantes et PME : un montant de 27 millions d’euros soutiendra des solutions dans le domaine de l’intelligence artificielle, de la réalité virtuelle et des cybertechnologies, ainsi qu’une aide aux PME.
  • En outre, deux projets ont été proposés pour une attribution directe : 100 millions d’euros pour appuyer le développement de l’Eurodrone, une capacité essentielle pour l’autonomie stratégique de l’Europe, et 37 millions d’euros pour soutenir des communications militaires ESSOR interopérables et sécurisées.

Financer l’innovation dans la recherche en matière de défense

La Commission publie aujourd’hui des appels à propositions dans le cadre de l’action préparatoire concernant la recherche en matière de défense (PADR), la troisième et dernière tranche du budget de la Commission Juncker. Le programme de travail 2019 consacrera 25 millions d’euros à la recherche portant sur la domination du spectre électromagnétique et les futures technologies de rupture dans le domaine de la défense — deux domaines jugés essentiels pour maintenir l’avance et l’indépendance technologiques de l’Europe à long terme.

Les appels à propositions sur les futures technologies de rupture dans le domaine de la défense se pencheront sur la manière dont l’UE peut soutenir des technologies de rupture dans le domaine de la défense qui soient susceptibles d’entraîner des transformations dans le domaine militaire. Cela contribuera à préparer le terrain pour le Fonds européen de la défense, qui pourrait affecter jusqu’à 8% de son budget aux technologies de rupture.

La Commission a déjà financé cinq projets de recherche en matière de défense, dont le projet Ocean 2020 d’un montant de 35 millions d’euros destiné à soutenir des missions de surveillance maritime. Des contrats pour le financement de trois autres projets sont en cours de préparation.

Les consortiums éligibles peuvent répondre aux appels à propositions pour 2019 jusqu’à la fin du mois d’août. La sélection des premiers projets se fera avant la fin de 2019, suivie par la signature officielle des conventions de subvention.

 

Fiche d’information : Le Fonds européen de la défense (mars 2019) / https://ec.europa.eu/docsroom/documents/34509

Fiche d’information : Programmes européens de travail dans le domaine de la défense (mars 2019) / https://ec.europa.eu/docsroom/documents/34510

Vus et lus dans Les Echos du 19/06/18, du 24/01/19 et du 06/02/19, et Electroniques n° 101 de février 2019
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