Inodesign, le « click & Collect » de l’électronique française

Publié le par Jacques SAMELA.

Inodesign, le « click & Collect » de l’électronique française
Inodesign, le « click & Collect » de l’électronique française

Elle vient à peine de gagner le prix « Impact » du concours 10 000 startups pour changer le monde (https://www.latribune.fr/technos-medias/innovation-et-start-up/prix-10-000-startups-2022-inodesign-la-pepite-qui-relocalise-l-industrie-electronique-en-france-910800.html), remis le 22 mars dernier par Frédéric Mazzella, le créateur de BlaBlaCar (http://competitiviteinfrance.overblog.com/2015/01/blablacar-en-voiture-tout-le-monde.html), qu’elle compte engager pour l’année en cours cinq millions d’euros, afin de doubler ses capacités de production, ainsi que son effectif, aujourd’hui autour d’une cinquantaine de salariés, car, l’air de rien, elle croule sous les commandes, ce qui pour un fabricant de cartes électroniques sur mesure, qui plus est français, est plus qu’étonnant, mais néanmoins valorisant.

Mais comment fait-elle, quel est son secret ?

Il faut juste chercher la réponse auprès de son fondateur, Mickaël Coronado, un passionné d’électronique, diplômé de Polytech Lille, qui commença sa carrière professionnelle comme ingénieur spécialisé FPGA* (Field Programmation Gate Arrays), une rareté en France, puisque seul une centaine d’experts répondaient à l’époque à ce profil.

Ensuite, prenant l’occasion du rachat de son entreprise pour voler de ses propres ailes, il y développera avec la création de son entreprise en 2012 ce qui semble être une obsession chez lui, fabriquer à nouveau des cartes électroniques et des câbles de différentes puissances en France, avec comme idée de chambouler le processus d’élaboration, son côté rock certainement, en choisissant très rapidement de se passer de sous-traitants, au profit au contraire d’une fabrication interne, lui permettant d’assurer, sur un même site, une production en moins de 4 heures, de la conception en passant par l’assemblage, et pour finir à l’emballage.

Il appelle cela « comprimer le temps », totalement à rebours de ce qu’il vécut auparavant, où le temps était selon lui particulièrement long entre la conception d’une carte et sa réception par le client final.

Vu et lu dans Les Echos du 15/11/21

Vu et lu dans Les Echos du 15/11/21

« Le client vient avec une idée, il repart avec un objet », tel est son crédo désormais, et cela marche plutôt bien, car au-delà du prix obtenu, mérité, avec un ratio de 10 000 et 20 000 harnais de câbles produits chaque semaine, et entre 10 et 15 000 cartes électroniques par mois, le chiffre d’affaires à fin juin 2021 était de 5,5 millions d’Euros, conséquence également d’une activité frétillante durant la crise du Covid, où en 2020, sa croissance elle, était supérieure à 30 %, à la différence de l’ensemble de ses confrères, qui eux patîrent de la baisse d’activité des secteurs aéronautiques, automobiles, et de l’industrie en général.

Ce qui fait qu’il peut dire avec le sourire, qu’il compte à son actif près de 120 clients, avec notamment un qui ressort plus particulièrement, son voisin qui plus est, dans la ville de Croix, près de Roubaix (Hauts de France), OVHcloud (http://competitiviteinfrance.overblog.com/l-entreprise-du-mois-ovh-une-r%C3%A9ussite-fran%C3%A7aise), qui lui permit de mettre le pied à l’étrier dans des conditions optimum, puisqu’au moment du démarrage de son activité, l’hébergeur de taille européenne, ayant besoin rapidement de câbles et de cartes de toutes sortes, put commander et recevoir en un temps record ce dont il avait besoin pour ses serveurs.

Challenge encore réitéré au sortir de l’incendie qui détruisit en mars 2021, l’un des datacenters du groupe, situé à Strasbourg, avec en un mois la fabrication de câblages électriques, afin d’alimenter les 15 000 serveurs construits pour remplacer ceux endommagés ou complètement détruits pendant ce dommage, ressenti à l’époque comme une catastrophe pour de nombreux clients.

Et aujourd’hui encore, leur partenariat étant toujours aussi fort, avec un chiffre d’affaires au deux-tiers de ses activités pour Inodesign (www.inodesign-group.com), le souhait est malgré tout de passer à environ 50 % en 2023, synonyme d’une relative indépendance vis à vis de ce client historique, sachant qu’avec son succès grandissant dans un secteur, l’électronique, dont le marché mondial est en croissance annuelle de 8 %, mais aussi avec la crise du Covid et la guerre en Ukraine en cours, poussant le souhait des autorités françaises et européennes de privilégier les sources du cru, déjà son idée également, afin d’éviter des ruptures critiques dans des secteurs redevenus stratégiques, ou en croissance exponentielle comme la robotique l’électroménager, la green tech, l’IA, les datacenters, et même la cybercriminalité, sujet d’un partenariat actuel avec l’Université Gustave-Eiffel (www.univ-gustave-eiffel.fr) sur la sécurisation des données, pourrait lui assurer un matelas suffisamment épais pour voir encore plus loin.

Et de ce fait, afin de répondre au mieux, et donc rapidement à ces demandes de plus en plus croissantes, il compte dans les prochains mois embaucher une trentaine de personnes, ingénieurs, techniciens de production, qualiticiens, rejoindre de nouveaux locaux, plus grands, à même de recevoir des machines importées d’Asie, mais « up-grader** » à la française, lui permettant de réaliser la 1ère partie de son rêve qui consiste à rapatrier ¼ de la production de la filière électronique en France, sans pour autant oublier la seconde partie, qui est de créer autour de lui, dans sa région, un village technologique hardware & software.

Et comme le dit l’adage, du rêve à la réalité il n’y a qu’un pas, on peut escompter qu’il va mettre tout son allant pour y arriver, aidé notamment par une partie de sa famille (frère à la direction, et mère en home office pour l’assemblage), ainsi que par son ancien patron, embauché au début de l’aventure, mais aussi par le fait que ses projets d’avenir sont labellisés France Relance (https://www.gouvernement.fr/les-priorites/france-relance), soutenus par l’Ademe (www.ademe.fr), et qu’ils devraient bénéficier également du plan France 2030 (https://www.gouvernement.fr/actualite/france-2030-un-plan-d-investissement-pour-la-france-de-demain).

Sans oublier également OVHcloud, qui devrait rester et certainement pour longtemps, un partenaire privilégié.

Donc, avec tous ces moyens à sa disposition, le succès semble ne pas être loin, et devrait être au rendez-vous, ce qui finalement pourrait servir d’exemple pour d’autres, qui comme lui, souhaitent aujourd’hui rapatrier des moyens de production en France, partis il y  a de cela quelques années dans des pays à moindre coûts. Gardons un œil sur lui.

*https://www.futura-sciences.com/tech/definitions/technologie-fpga-8700/

**Le terme upgrader est issu d'un anglicismeLe terme anglais "upgradea le sens de "mettre à jour", et le terme français a la même signification. Upgrader signifie mettre à jourpasser à la version la plus récente d'un logiciel. (L’internaute)

Jacques Samela

 

Sources :

. https://www.latribune.fr/regions/hauts-de-france/inodesign-la-pepite-de-l-electronique-et-des-cables-made-in-hauts-de-france-895133.html

. https://www.gazettenpdc.fr/article/croix-inodesign-une-pepite-de-l-electronique-de-pointe

. https://www.usinenouvelle.com/article/le-sous-traitant-electronique-inodesign-investit-5-millions-d-euros-pour-doubler-de-taille-d-ici-a-2023.N1151852

. https://starpartners.eu/article/170-crise-sanitaire-et-penurie-de-materiaux-la-reponse-du-lillois-inodesign-a-la-concurrence-chinoise

. http://www.industrie-mag.com/article32159.html

. https://www.latribune.fr/technos-medias/innovation-et-start-up/prix-10-000-startups-2022-inodesign-la-pepite-qui-relocalise-l-industrie-electronique-en-france-910800.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=LinkedIn#Echobox=1649146915

 

A noter :

. La Journée Technique de l'Electronique (JTE) 2022 (La JTE 2022 - Acsiel)

Publié dans L'entreprise du mois

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